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« L’héritage impossible » de Anne B. Ragde

L'héritage impossibleMieux vaut tard que jamais… La Chèvre Grise va enfin pouvoir récupérer le troisième tome de la série de « La terre des mensonges » qu’elle m’a prêté il y a bien deux ans. Ça n’est pas que je ne voulais pas découvrir la suite et fin de la saga familiale des Neshov, mais le temps passe tellement vite entre deux sessions de challenges littéraires, de partenariats…

Après le suicide de Tor, son père, Torrun se retrouve seule à la ferme des Neshov dont elle hérite, dans un coin près de Trondheim. Elle doit non seulement s’occuper de l’élevage de porcs, mais aussi de son grand-père et de la maison. Harassée de fatigue et se sentant coupable de la mort de son géniteur, elle glisse peu à peu dans une dépression.
Est-ce que les projets de ses oncles vont lui redonner la joie de vivre ? Entre Margido qui veut créer un hangar de stockage de cercueils auprès de la ferme, ou Erlend qui souhaite bâtir une maison de vacances dans les silos à grains ? A moins que son aide à la ferme, le beau Kai Roger, finisse par la faire succomber ?

Si les deux précédents tomes n’étaient pas super gais, celui-là est encore plus plombant
Mais où est le bonheur dans ce coin de la campagne norvégienne ? Tout est terne et pesant à la ferme des Neshov… On a commencé avec les secrets de famille dans le premier roman, puis un suicide dans le second. Et là une dépression pour couronner le tout.
On comprend pourtant le ras-le-bol de Torrun, laissée seule aux rênes de l’entreprise agricole à la mort de son père, pour le plus grand soulagement de ses oncles… mais j’ai tout de même eu du mal avec le personnage dans ce tome. Déprime, alcoolisme, auto-destruction, repli sur soi… Pfff… A ne pas savoir si elle veut garder la ferme et les porcs, ou faire autre chose de la propriété… Et à se rabacher que Kai Roger essaye de la séduire que parce qu’il en veut à son héritage. Bref, lourde… On a envie de la prendre et de la secouer !
Heureusement, la vie d’Erlend l’oncle homo est là pour nous faire un peu sourire. Lui qui va bientôt être papa avec son conjoint Krumme, avec l’aide d’un couple de lesbiennes. Même Margido devient presque fun dans ce tome, alors que son métier de pompe-funèbre nous laisserait penser le contraire.

Enfin malgré cette frustration de passer à côté du happy end tant souhaité, on doit bien avouer que nous sommes face à un roman réaliste : la famille c’est bien, c’est tout ce qu’il reste quand on n’a plus rien… mais c’est aussi la source de beaucoup de déceptions.
En une année à Neshov, finalement la situation n’a pas beaucoup évoluée en terme relationnel : chacun de leur côté avant, chacun de leur côté après…

Objectivement, ce triptyque est vraiment à découvrir. Les personnages et leurs relations sont bien brossées, et les paysages donnent qu’une envie : visiter la Norvège. Quant à rencontrer ses habitants… je ne sais pas vraiment 😉

« Chroniques du Pays des Mères » d’Elizabeth Vonarburg

Chroniques du pays des mèresPour un morceau, c’était un sacré morceau que les Chroniques du Pays des Mères… et son titre de lui est pas volé ! On rentre avec ce roman dans un univers très fouillé et complet, où tous les pans de la société ont été réfléchis et brillamment imaginés par leur auteure québécoise d’origine française (cocorico !) en 1992.
J’ai débuté la lecture de ce livre pour le challenge ABC, et je me retrouve maintenant avec un vrai coup de cœur !

La jeune Lisbeï vit dans la Garderie de Béthély avec Tula, où elles sont élevées avec d’autres enfants de leurs âges… presque que des filles. Les garçons sont rares, et sont pointés du doigts comme des êtres ayant reçu la punition de la déesse Ellie, qui leur a retiré le privilège d’être des filles.
Devenue adolescente, Lisbeï quitte la Garderie pour apprendre à devenir « Mère » de la cité auprès de sa génitrice, Selva. Elle va tout apprendre sur l’histoire, la géographie, la politique du Pays des Mères… auprès d’Antoné la médecin, Mooreï la Mémoire de Béthély ou encore Kélys l’exploratrice. Mais pour elle rien n’a de sens si elle ne peut pas le partager avec Tula, trop jeune et restée enfermée à la Garderie…
Elle va aussi apprendre à trouver sa place dans cette fourmilière qu’est la cité, où les femmes sont divisées en groupes : les Rouges, celles qui peuvent avoir des enfants, les Bleues celle qui sont stériles ou sont trop vieilles pour enfanter, et les Vertes, celles qui sont trop jeunes pour être dans une catégorie ou une autre. Un univers de femmes, où les hommes n’ont pas d’autre choix que d’être des reproducteurs ou des Bleues comme les autres…
Ce roman va nous apprendre ce qu’il arriva à Lisbeï, ses relations avec sa Famille, et plus généralement ses pensées et ses voyages au sein du Pays des Mères…

Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Herland quand j’ai débuté ce roman : un pays de femme, dirigé par des femmes. Mais finalement la ressemblance s’arrête là. Chroniques du Pays des Mères ne cherche pas à présenter un monde idéal sans homme. Les hommes existent, mais la génétique fait qu’ils ne naissent plus en assez grand nombre… 3% à peine ! L’enjeu du roman repose sur cette contrainte, cette malédiction en quelque somme : pour éviter la consanguinité les enfants ont de tatoué sur l’épaule leurs lignées ; la Mère est la seule à avoir le privilège d’avoir des rapports sexuels avec un homme, son « Mâle », qui change régulièrement pour diversifier les gènes de la Famille ; les autres femmes doivent passer par l’insémination artificielle… et forcément les hommes ne sont que des donneurs de sperme… Pas d’amour entre hommes et femmes, mais de toutes façon les filles et femmes de Béthély ne penseraient jamais à s’accoupler avec un homme !
Bref, on est loin d’une utopie ! Surtout si on rajoute à cela une mystérieuse Maladie qui emporte une bonne partie des enfants…

Si le début du roman sonne très fantasy, rapidement on s’aperçoit qu’il s’agit bien de science-fiction, voir d’anticipation sociale ! Le monde que nous connaissons, notre société, a été anéantie par le Déclin il y a mille ans de cela… Il reste de ce monde quelques traces, que les archéologues du Pays des Mère tentent de découvrir et d’interpréter. Et il reste surtout de l’époque du Déclin les terres polluées, inhabitables et interdites : les Mauterres, où les aberrations génétiques seraient légion.

Le gros avantage de ce roman par rapport à de la fantasy américaine ou anglaise, c’est qu’il a été pensé et écrit en français. Et vu les subtilités de langage autour des mythes et des contes, de la géographie, de l’étymologie et de la sémantiques, des références aux anciennes langues… cela n’est pas anecdotique ! La langue et la fiction s’entremêlent, pour donner un tout très cohérent, comme la fameuse « tapisserie d’Ellie dont il est beaucoup question pour expliquer les destinés des personnages du roman.

coup de coeurUn coup de cœur, qui me donne furieusement envie de lire le premier roman de cet auteur, qui introduit ces magnifiques chroniques : Le Silence de la Cité.

challenge ABC

 

« Kitchen » de Banana Yoshimoto

kitchenPour le Y du challenge ABC je m’étais creusé la tête, mais je n’avais pas d’auteur dans ma PAL dont le nom commençait par cette lettre… Un petit tour sur Internet et je suis tombée je ne sais comment sur cette auteur, décrite comme une référence pour la génération des 80’s japonaise… Il fallait que je vois ça ! Kitchen est le premier roman publié de Banana Yoshimoto, sorti en 1988 au Japon. Dans mon édition, cette histoire est accompagnée de la nouvelle Moonlight Shadow.

Kichen raconte l’histoire de Mikage Sakurai, jeune étudiante qui vient de perdre sa grand-mère, la dernière famille qui lui restait. Alors qu’elle sombre peu à peu, ne pouvant plus dormir que dans sa cuisine(son lieu fétiche), elle est recueillie par Yuichi. Ce dernier est aussi étudiant et travaille comme aide-fleuriste. Il propose à Mikage de venir loger chez lui et sa mère, Eriko… qui est en fait son père, qui a choisi de changer de sexe.
Les semaines passant, au milieu de cette famille peu conventionnelle, elle va se reconstruire et choisir sa voie : la cuisine.

L’histoire de Moonlight Shadow tourne aussi autour de la mort, du deuil et de la reconstruction après la perte d’un être cher : Satsuki perd son petit ami Hitoshi dans un accident de voiture. Plutôt que de se laisser totalement aller à la dépression, elle décide de se mettre au jogging et va courir tous les matin jusqu’au pont où elle l’a vu pour la dernière fois… C’est ici qu’elle va rencontrer une jeune femme étrange, Urara, qui à sa manière va l’aider à remonter la pente.

Voici deux histoires très bien écrites, sensibles sans tomber dans la sensiblerie, poétiques sans m’être ennuyeuses, avec une pointe d’humour et de fantaisie… Et on sent bien la touche japonaise ! L’extrême modernité avec Eriko le père-mère qui travaille dans un bar de nuit, les traditions quand on voyage dans les monastères et auberges avec Yuichi et Mikage, les légendes qui semblent prendre corps dans Moonlight Shadow où les morts reviennent faire leurs adieux aux vivants… Et surtout l’omniprésence de la cuisine et de la nourriture ! Tempura, sashimi, katsu-don, ten-don, bouilli de riz et tofu, thés de toutes sortes… et des équivalents plus junk-food comme les sandwichs KFC ! Kitchen le bien nommé en somme, où amour et cuisine s’entremêlent !

Une découverte sympathique assez loin de mes lectures SF du moment, qui a en plus l’avantage d’être court ! Pas le temps de se lasser en somme ! Je ne dis pas que j’en lirai des tonnes mais là ça m’a été 🙂
Les amateurs de littérature japonaise devraient se régaler en tous cas, la version française me parait bien traduite et est un vrai plaisir à parcourir !

challenge ABC

« Les tribulations d’un lapin en Laponie » de Tuomas Kyrö

Les tribulation d'un lapin en LaponieEntre deux livres de SF, je me suis offert une petite pause « OVNI » avec ce roman que je dois à mon partenariat avec les éditions Folio. « OVNI », car cette histoire est vraiment pleine de surprises… Je l’avais un peu choisi par défaut, car rien ne me branchait vraiment sur la sélection estivale. Une histoire de roumains qui font la manche, c’est pas vraiment mon dada le social-realism… Mais le titre m’avait fait sourireLes tribulations d’un lapin en Laponie. Lapin-lapon, il n’en faut pas plus pour me décider ! Et grand bien m’en a pris (comme souvent en matière de lecture) ! Entre humour et absurde, envolées lyriques et slang, réalisme et fantasy, ce roman joue les grands écarts et n’est vraiment pas désagréable à lire 🙂

Vatanescu quitte sa Roumanie natale pour travailler à la solde de la mafia russe et celui qui dirige sa branche finlandaise, Iegor Kugar. Son nouveau métier ? Mendiant dans les rues d’Helsinki, pour un salaire de quelques centimes journaliers. Pas lourd pour s’offrir son rêve : une paire de chaussures de foot pour son fils resté au pays, Miklos.
Mais bientôt les circonstances vont amener Vatanescu dans un périple loufoque : meneur du putsch anti-Iegor, cueilleur de baies, ouvrier du bâtiment et j’en passe… Mais tout cela n’aurait pas été possible sans son nouvel ami, un lapin à la patte cassée, trouvé dans un parc.
Vatanescu arrivera-t-il à acheter une paire de chaussures à crampons ? Qu’adviendra-t-il du lapin ? Comment Iegor vivra-t-il son passage à tabac par un groupe d’indigents ?

Au tout début j’ai eu un peu peur donc… Le Roumain qui se vend à la mafia, la manche dans la rue, la misère des mendiants qui doivent reverser leurs bénéfices à un trafiquant… et tout cela pour une paire de chaussure de foot. Ça sentait le pathos à plein nez. Mais heureusement, au bout d’une dizaine de page tout change, comme si l’univers du roman se retrouvait retourné comme une chaussette !
J’ai eu l’impression de me retrouver dans un conte de fée, ou Vatanescu vit des aventures pas croyables dans le monde magique qu’est la Finlande, symbole ici d’une démocratie utopique où tout est possible, pour peu qu’on reste droit dans ses bottes et qu’on ait le cœur pur.

Une lecture sympa, qui nous fait réfléchir forcément sur la société occidentale, sous ces airs de fantaisie burlesque. Bref, je vous le conseille si vous avez envie de « voyager » autrement… 😉
Merci à Folio pour cette découverte !

 

« L’hôtel hanté » de William Wilkie Collins

L'hôtel hanté

Pour la lecture de ce roman dans le cadre du challenge ABC, j’ai surmonté ma première mauvaise impression avec W. Wilkie Collins, qui m’avait un peu déçue avec Profondeurs glacées il y a un an… Mais bon, j’entends tellement de bien de cet auteur de la période victorienne, que j’ai décidé de retenter le coup avec L’hôtel hanté paru en 1878… Ce livre étant tombé dans le domaine public, on peut se le procurer gratuitement légalement et facilement sur Internet ! Une bonne occasion de lire un auteur classique 🙂

Lord Montbarry étonne le tout Londres, et plus particulièrement sa famille, en choisissant d’épouser la comtesse Narona, rencontrée lors d’un voyage… Celle-ci jouit d’une réputation sulfureuse dans toute l’Europe. Pire encore, il a rompu ses fiançailles avec Agnès Lockwood,  jolie et vertueuse jeune femme, pour s’unir à la comtesse. Mais un pressentiment étreint cette dernière : elle sent qu’Agnès la conduira à sa perte, malgré sa bonté et gentillesse naturelle.
Quelques mois plus tard, la famille Montbarry apprend que le lord à trouvé la mort à Venise, dans le palais qu’il louait avec sa nouvelle épouse et son beau-frère le baron Rivar, bien connu dans le monde du jeu pour ses dettes… Si sa mort est due à une pneumonie, la disparition de son laquais et la prime touchée par l’assurance vie du lord par la comtesse laisse soupçonner que sa mort n’était peut-être pas si naturelle

On mélange ici un peu les genres : une histoire d’amours déçues, où une jeune femme se retrouve bafouée et aveuglée par le chagrin ; une enquête sur la mort du lord et toutes les bizarreries l’entourant de la part d’Henry, le frère du lord, éperdument amoureux d’Agnès ; et aussi une touche de fantastique lorsqu’on s’aperçoit que le palais où est mort le lord est en fait hanté par un esprit !
Un mélange qui passe plutôt pas mal : j’ai lu rapidement ce livre, tant je voulait savoir comment la comtesse avait fait passer de vie à trépas son époux ! Car là pas de surprise, même en essayant de prendre du recul, au vu de son caractère détestable et de la prime d’assurance vie qu’elle touche à la mort du lord : tout l’accuse ! Du coup on ne cherche pas à savoir ni pourquoi ni qui, mais plutôt comment ! Et là j’ai été bien surprise 🙂

Un roman court, agréable, qui me réconcilie avec Wilkie Collins… Que demander de plus ?

challenge ABC

« L’hôtel New Hampshire » de John Irving (Etat du New Hampshire)

Il a fallut que je prenne mon courage à deux mains pour me réattaquer à ce roman que j’avais très rapidement abandonné il y a 4 ans, lorsqu’on me l’avait offert. Mais challenge « 50 états, 50 billets » et New Hampshire oblige, il a bien fallu que je me lance… Surtout qu’il ne me restait plus rien à me mettre sous la dent pour le challenge !!! Bref, ce livre je l’ai vraiment gardé pour la fin, ou presque 😀
Avant de le lire, je ne sais pas pourquoi, je pensais que j’aurai à faire à un livre assez drôle et cynique, « un conte de fée loufoque » (dixit la quatrième de couv’), un peu comme La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole. Autant vous le dire tout de suite, ça n’est pas le cas. On est bien face à un conte de fée, mais qui tient moins du rêve que d’une analyse freudienne de celui-ci… et là…

Ambiance familiale dans ce roman ! Le narrateur, John, nous raconte sa vie et celle de sa famille depuis la rencontre de ses parents dans un hôtel du Maine. C’est ici que ces jeunes adultes Winslow Berry et Mary Bates tombent amoureux l’un de l’autre, et rencontrent Freud, un dresseur d’ours itinérant. Il va vendre son vieil ours à Winslow… et c’est là que les aventures commencent pour la famille Berry ! Tour à tour montreur d’ours, militaire, étudiant, professeur, propriétaire d’hôtel… Winslow va avoir 5 enfants avec Mary : Frank, Franny, John, Lilly et Eggs. Et comme on peut le soupçonner, leur vie sera pleine de fantaisies, mais aussi de parts plus sombres.

Difficile de résumer ce livre, car il part un peu dans tous les sens, comme tout bon conte de fée qui se mérite ! Mais en gros on est entre l’univers de Big Fish (en moins poétique) et celui du roman de Gunter Grass Le Tambour (en moins cynique). 
Autant le dire tout de suite, je n’ai vraiment pas apprécié cette lecture… On n’arrête pas de me dire du bien de cet auteur, mais franchement je n’accroche pas du tout.
Le côté onirique ne m’a pas trop gêné. Que ce soit dans la structure du récit ou dans les thèmes traité, on a vraiment l’impression d’être dans le rêve du narrateur… d’ailleurs il en est toujours question, du rêve. Ce qui m’a plus gêné, c’est le côté analyse freudienne des rêves. Je ne suis pas une freudienne… sans être une spécialiste, je suis du genre à penser que ce monsieur, pape de la psychanalyse, a raconté plus d’ânerie en projetant ses propres névroses et fantasmes sur ses patients que vraiment décrypter le fond de leurs problèmes… Bref… Donc le symbolisme à tout va qui transpire ligne après ligne, quel calvaire ! L’ours qui est un symbole sexuel non dissimulé, le labrador empaillé qui représente la douleur et la mort… Au bout de 571 pages, pitié !

Les thèmes traité font bien référence au domaine du conte de fée, loin des versions édulcorées de Disney : la mort, le viol, la différence, la violence, le sexe… On retrouve schémas récurrents des contes, dont le plus percutant pour moi est celui du Petit Chaperon Rouge, ses bois obscurs et le grand méchant loup, qui prennent l’aspect d’un viol collectif derrière le lycée pour Franny… C’est d’ailleurs là le centre du drame familial qui va se jouer ! Mais là encore, tout est fantasmes misogynes ou freudiens (j’hésite ;)), comme son histoire d’amour incestueuse avec son frère John… Encore un truc qui m’a laissée pantoise…

Bref, je l’ai trouvé très très moyen ce roman… Même s’il y a de réelles pépites de réflexion cachées dans quelques pages, sur des thématiques comme celle du viol et de son traitement subjectif, ou encore sur le terrorisme qui s’attache en réalité plus au moyen qu’à la finalité de ses actes. Pour ces quelques pistes de réflexion, ce livre a trouvé quelques grâces à mes yeux

Pour le meilleur ou pour le pire, j’ai promis à Petite Fleur une lecture commune du premier roman de John Irving, Le monde selon Garp (L’hôtel New Hampshire est le second, écrit en 1981). Donc oui, je vais m’y recoller, mais pas vraiment par plaisir…

 

Dans ce roman, vaste sujet que le New Hampshire, puisque c’est l’état où les parents du narrateur naissent et fondent une famille, puis le nom de leurs trois hôtels successifs aux Etats-Unis puis à Vienne en Autriche.

Le New Hampshire est situé en Nouvelle-Angleterre, entre le Maine et le Vermont, et sous le Québec. C’est comme la plupart des états de cette région un tout petit état (tout est relatif bien entendu, aux Etats Unis rien n’est vraiment petit !).

C’est en 1623 que les britanniques posent le pied dans ce futur état et y fonde une première colonie… D’autres les suivront en 1638 pour fonder Exeter, dont les colons donneront naissance à l' »Exeter Compact« , charte qui leur donne une constitution indépendante de celle de la Grande-Bretagne… La première du genre dans le Nouveau Monde ! En 1679 le New Hampshire quitte le giron du Massachusetts pour devenir une province royale, puis devient le premier état à se déclarer indépendant de la Grande-Bretagne en 1774 ! Par conséquent il fait parti des Treize états fondateurs des USA !
Vers les années 1850, l’industrialisation attire de nombreux migrants pour travailler dans les usines de textiles : Canadiens francophones, Irlandais… Après les années 1960, se sont les services et les nouvelles technologies qui permettent à l’état de rester compétitif.

Malgré sa longue histoire avec l’Empire Britannique, se sont des descendants de français que l’ont trouve majoritairement au New Hampshire ! En effet, le Québec n’est pas loin, et les habitants ayant une origine française ou québécoise représentent plus de 25% de la population. 16% de la population parle encore français, ce qui fait de la langue de Molière la seconde langue du New Hampshire !
Peut-être est-ce pour cela que des sondages désignaient cet état comme endroit où il faisait le plus bon vivre ? 🙂
Peut-être aussi parce que cet état est assez modéré au niveau religieux, ou alors parce qu’il n’y a pas de taxes et d’impôt ?!
Ou alors est-ce le climat et le paysage qui rend ses habitants si heureux ? Entre l’océan Atlantique, les montagnes et leurs stations de ski, les forêts, ses nombreux spots de randonnée ou d’escalade…  D’ailleurs les touristes ne s’y trompent pas depuis des années : Cette activité est une des plus importantes de l’état.

La ville de Dairy où se trouve le premier Hôtel New Hampshire dans le roman est une ancienne ville industrielle, en désuétude. Située dans la région de Squamscott, elle n’est pas proche de la mer comme Hampton, ni proche des montagnes et de ses pistes de ski. Bref, un endroit plutôt terne qui semble un peu ennuyeux pour les ados qu’étais ceux de la famille Berry !

« L’Histoire d’Edgar Sawtelle » de David Wroblewski (Etat du Wisconsin)

Me revoilà avec une nouvelle étape dans le challenge « 50 états, 50 billets » ! Cette fois nous partons dans le Wisconsin, un des états où je n’avais pas vraiment le choix de la lecture, puisque je n’avais trouvé qu’un seul roman à lire ! Je me suis donc lancée dans la lecture de ce petit pavé, sans savoir du tout de quoi il en retournait… Heureusement peut-être, le prix « Oprah’s Book Club 2008 » m’aurait peut-être rebuté 🙂

Depuis que le grand-père a acheté cette ferme dans la campagne, près de Mellen au Wisconsin, les Sawtelle élèvent des chiens… et pas n’importe quels chiens : ils créent leur propre race, emmenés par le rêve familial de produire le chien de compagnie idéal, à la fois beau et intelligent.
Lorsque qu’Edgar née dans les années 50, son père Gar et sa mère Trudy sont plus que proche du but : leurs chiens sont réputés dans la région tant ils sont exceptionnels. Et comme pour le prouver, Almondine, la chienne de la famille, va se révéler être une véritable mère pour le bébé Edgar qui se révèle être muet.

Loin d’être un handicap, le mutisme d’Edgar va lui permettre au fur et à mesure des années de créer une relation spéciale avec les chiens Sawtelle… Le chenil est le coeur du foyer, où chacun a sa place : Gar élève les chiots, Trudy les éduque, Edgar leur trouve des noms… La vie est douce chez les Sawtelle, jusqu’au jour où le frère de Gar, Claude, revient de l’armée et va bouleverser la vie familiale

Un petit mélange du Livre de la jungle et de Demain, les chiens de Simak: l’enfant-sauvage qui ne communique plus avec les hommes mais avec ses chiens, et les chiens qui doué d’une intelligence et sensibilité hors du commun semble devenir un véritable peuple à la recherche de son royaume… Il faut avouer que ces chiens si spéciaux ont tout du canidé qu’on a toujours rêvé d’avoir, fans des boules de poil ou non ! Malins, élégants, énergiques, curieux, ils comprennent un ordre d’un seul regard ! Ils ont tout d’un animal mythique !

En revanche j’ai moins accroché sur plusieurs aspects. Déjà les longueurs… Ok on est bercé dans l’univers de l’élevage canin et celui de la nature, où l’homme apprend la patience avant toute chose, mais quand même… Par moment ça se traîne sévère.
Ensuite le coeur du roman, le meurtre qui va tout précipiter… (désolée pour la surprise). Si dès les première pages on sait qu’un poison sera utilisé pour faire du mal à quelqu’un, il tarde à apparaître, et l’affaire tarde aussi à se voire résolue, si je puis dire. Très frustrant. En plus on comprend mal pourquoi l’assassin passe à l’acte. Moi je n’aime pas les actes gratuits, surtout s’ils ne sont même pas complètement amoraux !
D’ailleurs les relations entre les personnages ne sont pas claires… Par exemple la relation Trudy – Claude : elle le déteste les trois quarts du temps mais fini avec lui… Mouais… De même la relation mère – fils après une phase intense devient très évasive, juste quand cela sert la narration. Je veux bien que ce soit de la fiction, mais changer la psychologie des personnages à ce point…
Autre flop, le côté fantastique avec les apparitions fantomatiques qu’Edgar voit de temps en temps. Je veux bien que son mutisme lui a permis d’affiner d’autres sens ou moyens de communication, à moins que ce soit le travail quotidien avec les chien… Mais voir des fantômes, et cela de manière si anecdotique !!! Nul, on dirait du mauvais Stephen King ! C’est tellement mal amené que je me suis demandé si Edgar n’était pas schizophrène finalement, et avait inventé toute une partie de l’histoire. Ce n’est malheureusement pas le cas… ce qui aurait pu être une bonne excuse à cette arrivée inopinée des spectres dans le roman.

A part ça il faut quand même avouer que ça n’est pas si mal construit, avec des passages en passant par les points de vue d’Edgar, Trudy, Claude, Almondine… En plus il y a plein de bons sentiments et d’amour canin, ce qui est assez positif et remonte un peu le moral quand l’histoire devient un peu plus glauque 🙂

Le voyage initiatique d’Edgar, sa fugue, est au final la partie qui m’a le plus plu (même si elle n’arrive qu’au second tier du livre), quand il part avec trois de ses chiens vers la frontière Canadienne, apprend à se débrouiller, voler, trouver à manger, dormir dehors, pour finalement rencontrer Henry l’homme « banal » qui devient son ami… et lui redonne confiance dans le genre humain. Un apprentissage assez touchant, sans être larmoyant 🙂

Voilà donc un livre qui aurait été pour moi un objet de culte lorsque j’étais jeune adolescente, et que les chiens représentaient pour moi le meilleur de ce bas monde (oui, j’étais déjà un peu misanthrope :p). Aujourd’hui je ne peux pas dire que j’ai détesté, mais je n’ai pas vraiment adhéré non plus… Bof bof, si ce n’est quelques passages qui auraient mérités d’être plus développés !

J’ai du mal à comprendre l’engouement pour ce livre, ou du moins le teaser sur mon édition du livre : « Le roman qui a fait pleurer toute l’Amérique ». Mouais… faut pas charrier non plus hein 😀

De par sa position sur la carte des Etats-Unis, on peut aisément imaginer que cet état est un véritable paradis de nature sauvage, entre les Grands Lacs et le Canada pas très loin… Et en lisant ce roman on est transporté dans ces paysages de forêts, marais, lacs, … sous un ciel tantôt clair et clément, et d’autre fois orageux, tempétueux…

La région n’est pas très montagneuse contrairement à ce que je pensais : le mont le plus haut culmine à 603m… On est vraiment dans une région de plaines et de plateaux ! Et même si on est encore dans la « Corn Belt« , le sol du Wisconsin est assez pauvre, surtout quand on remonte vers le nord. L’état est à presque à moitié recouvert de forêts d’érables, chênes, pin, bouleau… ce qui est forcément une manne financière non négligeable pour l’économie locale : c’est le premier producteur de bois des USA !
Malgré tout cet espace boisé, les agriculteurs ont trouvé la place pour installer des élevages bovins, porcins, et même de visons ! Et là aussi le Wisconsin se distingue, en étant le premier producteur laitier de l’état ! On retrouve aussi des productions de céréales : maïs, soja, pommes de terre, fruits et légumes… et tabac. Petite anecdote amusante, le Wisconsin doit son nom à l’indien Chippewa « Ouisconsin » : « lieu où il y a de l’herbe à fumer« . Tout un programme 🙂
Enfin même dans la culture, le Wisconsin est numéro un : premier pour les cranberries, ginseng,…. !

Par sa proximité avec les Grands Lacs, l’industrie est assez bien développées, surtout près de Milwaukee et Madison, sa capitale : papier et bois, produits laitiers, chimie, automobile…  Le tourisme et la culture ne sont pas en reste avec plusieurs musées, parcs, l’Université du Wisconsin… Mais l’état a une réputation qui lui colle dur à la peau, celle d’un état rural ! Mais avec des rendements tels dans le domaine, on comprend pourquoi…

Au niveau historique, le Wisconsin fait partie des états découverts par la France. En 1634, Jean Nicolet est le premier Blanc à explorer la région, venant de la région de Québec. Il croit alors se diriger vers la Chine…  Il y fonde la première colonie de la région, Baie Verte, au profit de la Nouvelle-France. Malgré cela, ce sont surtout des allemands, scandinaves et suisses qui peupleront ce qui deviendra la Wisconsin.
En 1763, les Britanniques obtiennent la région de la France, puis la cède aux Etats-Unis tout justes formés en 1783… Mais elle restera sous gouvernance britannique jusqu’en 1812. En 1848, le Wisconsin devient le 30ème état de l’Union.

Quelques fait intéressant de la culture du Wisconsin : c’est l’état le plus « alcoolisé », où la consommation par habitant est la plus élevée… ce qu’on peut peut-être mettre sur le compte de la germanisation du territoire ?
C’est aussi au Wisconsin qu’est né et a fait jouer sa créativité le grand architecte Frank Loyd Wright, connu pour son architecture organique du début du 20ème siècle… Ses maisons sont réputées pour son ergonomie, et son attachement au mélange entre l’espace construit et l’espace naturel.

« L’Arbre aux haricots » de Barbara Kingsolver (Etat du Kentucky)

Opération challenge « 50 états, 50 billets » une fois de plus… Je tiens le bon bout, et je pense être dans les temps pour lire ou voir tout ce qu’il faut pour terminer ce challenge avant la fin de l’année ! Pour traiter le cas du Kentucky,  j’ai décidé de lire ce roman qui m’étais inconnu mais dont j’ai entendu beaucoup de bien sur les forums et blogs : L’arbre aux haricots, premier roman de Barbara Kingsolver paru en 1988 aux Etats-Unis et en 1996 chez nous. Un beau voyage en perspective entre le Kentucky, l’Oklahoma et l’Arizona ! 🙂

A la fin du lycée, dans les années 1980, Taylor n’a qu’une envie : quitter son Kentucky natal, où son horizon est bouché par la pauvreté dans tous les sens du terme : pas d’avenir, pas de challenge, pas d’attrait… Elle prend sa voiture, dit au revoir à sa mère et prend la route vers l’Ouest avec ses économies en poche ! En Oklahoma, dans un bar où elle s’arrête boire un café, elle se retrouve face à une situation peu banale qui va bouleverser sa vie : une femme Cherokee lui donne un bébé, celui de sa soeur disparue, et s’enfuie ! Sans avoir le temps de dire quoique ce soit, Taylor se retrouve avec cette petite fille… Et ne peut se résoudre à abandonner cet enfant maltraité, et va l’emmener avec elle jusqu’à Tucson en Arizona où sa voiture rend l’âme… Comment vont s’en sortir Taylor et la petite fille qu’elle a nommé Turtle ?

Nous voilà face à une situation d‘abandon peu banal, et voyage initiatique qui ne l’est pas moins ! Taylor va rencontrer une quantité de personnages très intéressants, et tous très « humains » : Matty la réparatrice de pneus qui aide les sans-papiers d’Amérique du Sud à passer la frontière, Estevan le professeur d’anglais guatémaltèque, … et Lou Ann, chez qui elle s’installe en colocation, qui deviendra son amie et sa famille en Arizona, avec son fils. Des personnages pleins de blessures, mais qui savent s’entraider dans cette ville au milieu du désert !
Mais attention, on n’est pas dans un monde idéal : tout le discours du livre est basé sur le fait que le monde est injuste, aride comme un désert, mais qu’il suffit d’un peu d’espoir et d’amour pour faire ressortir le meilleur des gens, comme il faut juste un peu de pluie pour que le désert fleurisse et se remplisse de vie

La relation entre Taylor et la petite Turtle est assez atypique : Taylor a quitté le Kentucky où, elle le répète, les ados tombent enceinte comme un rien, et se retrouvent enchaînées à leurs obligations et à cette région qu’elle déteste tant… Et pourtant elle aussi se retrouve mère sans vraiment le souhaiter, mais se sera en position de choisir si elle veut garder Turtle ou non. Bref, on est dans un roman sur le destin et le choix, les choix qu’on fait pour soi

Un beau roman qui à une suite, Les cochons au paradis, que je lirai je pense à l’occasion : on est face à une histoire bien écrite et agréable à lire, une fable assez philosophique, où le monde n’est pas tout blanc ou tout noir… En plus les descriptions de la nature, des plantes, des paysages sont sublimes et me replonge dans les images de mon voyage en Arizona… et me redonne envie d’y aller 🙂

Ce roman débute au Kentucky, où Taylor et sa colocataire de Tucson Lou Ann ont vécu toute leur enfance… Il en sera fait référence très souvent ensuite, parfois pour le mettre en opposition avec l’Arizona.
Dès les premières pages, le climat social est posé : une région d’agriculteurs et d’employés, où les filles tombent enceinte avant la fin du collège, où finir ses études secondaires tiens du miracle et où les drames familiaux sont légion… Bref, ça n’est vraiment pas l’endroit rêvé pour vivre !

Ce contexte s’explique assez bien par la position du Kentucky sur la carte des Etats-Unis : entre le Sud assez pauvre et conservateur et le Mid-West très agricole. Mais sa physionomie est plus complexe.
De part sa position entre les Appalaches, le Mississippi et les Grandes Plaines, et de son climat subtropical humide, le Kentucky bénéficie d’une pluralité de ressources : agriculture certes, mais aussi et surtout une spécialité d’élevage de chevaux. Les montagnes de l’est lui fournissent des mines de charbon, et les fleuves des moyens de communication et de transport qui ont poussé la croissance de villes et d’industries, telle celle de l’automobile.

Si le Kentucky est connu chez nous, il ne faut pas se le cacher, c’est aussi grâce à la franchise KFC – Kentucky Fried Chicken ! Harland Sanders, son créateur, est né dans l’Indiana, mais ouvrira son premier restaurant / station service dans le Kentucky où il servira ses propres recettes. Après cela, il ouvrira le tout premier restaurant sous le label KFC en 1952 à Salt Lake City dans l’Utah. Depuis 1991, la chaîne connait en France une réussite fulgurante grâce à ses menus à base de poulet.

Au niveau culturel, le Kentucky est connu pour son style de country, le bluegrass, immortalisé dans le film O’Brother des frère Cohen.
C’est aussi ici que le bourbon aurait été créé, par des colons irlandais ou écossais qui cherchaient à créer un whisky… Ce nom « bourbon » est en fait le nom du comté Bourbon au Kentucky, baptisé ainsi en hommage à la France (les rois de la lignée des Bourbon) qui a joué un grand rôle dans l’indépendance des USA. La différence entre le bourbon et le whisky se situe principalement dans le vieillissement de l’alcool : dans des fûts de bois toujours neufs pour le bourbon, et anciens pour le whisky… Cela permet au bourbon d’obtenir un goût de bois plus rapidement, ce qui suppose un vieillissement moins long.

Intéressons nous maintenant à l’histoire de cet état, réserve de chasse historique des indiens Cherokee, Shawnee et Iroquois. Après l’arrivée des premiers européens sur le territoire américain, les britanniques prennent possession de cette région qu’ils rattachent à la Virginie… Dans les faits, ce qui deviendra le Kentucky ne sera pas exploré de si tôt ! A partir de 1750, la colonisation va commencer progressivement… surtout pour ouvrir des route vers les territoires de l’Ouest. Les Cherokee et Shawnee acceptent assez mal cette intrusion sur leurs territoire, et déclareront la guerre aux envahisseurs. Par jeux politiques, ces amérindiens se lieront aux anglais lorsque la guerre d’Indépendance éclatera, afin de faire bloc contre les américains. La population du Kentucky souffrira de cette guerre, au point de demander la scission avec la Virginie à laquelle elle est encore rattaché : le Kentucky et la Virginie sont séparés par les Appalaches, difficilement franchissable, ce qui a isolé la région pendant la guerre. En 1792, le Kentucky devient un état à part entière, le premier de l’Ouest (ouest des Appalaches), et choisis la ville de Frankfort comme capitale. A noter que c’est aussi un des trois Commonwealth des Etats-Unis.
Durant la guerre de Sécession, le Kentucky ne prendra pas position, et reste neutre… mais sera tout de même le théâtre de nombreux combats.

Un état plein d’histoire et de références culturelles, qui montre bien que malgré l’image qu’en a l’héroïne du roman, il y a bien des choses à garder dans cet région 🙂

Edit du 15 octobre : je n’avais pas fait attention, mais ce livre avec ses haricots fait une fabuleuse entrée pour le challenge des fruits et légumes littéraires !

« Berceuse » de Chuck Palahniuk (Etat du Nebraska)

Au départ, je m’étais intéressée à ce livre pour parler de l’Idaho pour le challenge « 50 états, 50 billets ». Un livre relativement court, un dimanche seule à la maison avec rien d’autres à faire… bref, le plan idéal pour une journée cocooning. Sauf que ce roman ne se passe pas du tout dans cet état ! Nouveau-Mexique, Washington, Oregon… au fur et à mesure de ma lecture, je déchante un peu. Mais heureusement pour mon avancée dans le challenge, les protagonistes de cette histoire font escale dans le Nebraska ! Donc, pas d’Idaho pour aujourd’hui, mais une balade dans le Middle-West 🙂

Carl Streator, la quarantaine, est journaliste dans une grande ville. Pour une série de reportages pour un magazine, il enquête sur les morts subites du nourrisson… en tentant de révéler une schéma commun à tout ces décès. La vérité va rapidement lui sauter au yeux : avant de mourir, tous les parents ou nounous ont lu aux enfants une berceuse, extraite du même recueil de comptines. Ce texte aurait-il le pouvoir d’ôter la vie ?
Afin de tester sa théorie, Carl va réciter cette berceuse à son rédacteur en chef avant que celui-ci rentre chez lui : sans grande surprise, Carl ne le revoit pas revenir le lendemain matin au bureau… Doté d’un pouvoir de vie et de mort sur autrui, Carl va bientôt perdre les pédales : même avec la meilleure volonté du monde, il est difficile de maîtriser ce don. Et surtout il s’interroge : combien de livres contenant cette berceuse sont en circulation, et combien de victimes vont-ils encore faire ?

Auteur de Fight Club oblige, on oscille à chaque page entre la paranoïa hyper-lucide et un monde excentrique et absurde : on plonge dans l’univers de la sorcellerie, où la berceuse est en fait un sort provenant d’un grand livre démoniaque. Rapidement, Carl va rencontrer Helen, riche agente immobilière initiée à la berceuse assassine, sa secrétaire Mona et son petit copain Oyster, bercés dans les cercles de la sorcellerie. Ensemble, ils vont littéralement sillonner les Etats-Unis à la recherche des derniers volume du livre de comptine, afin de cesser la propagation du chant d’élimination.
Entre ces quatre personnages principaux qui formeront la folle équipée, les luttes de pouvoir naissent et croissent pour obtenir le contrôle du monde au travers des sortilèges ! Rien que ça !

Le fond de l’histoire est assez original, et je pense que je vais y repenser assez souvent, à la même manière que The funniest joke in the world des Monty Python : la blague qui fait mourir littéralement de rire ceux qui l’entendent (dans un autre registre, certes… lien ici)  !
Donc, que ferait-on si quelques mots pouvaient tuer n’importe qui ? On peut aisément imaginer qu’on sortirait tous avec des bouchons d’oreilles pour ne pas être agressés par des sons non souhaités, qu’on empêcherait ses voisins de faire du bruit par peur d’entendre une chanson létale, que toute information sonore à la TV, à la radio, dans les salles de classe… seraient passées au crible des gouvernement pour les certifier sans danger. Bref, une dictature de la pensée en puissance verrait le jour, par crainte de mourir à cause de quelques mots ! Le silence serait la règle, on pourrait perdre l’usage de la parole, et on pourrait même imaginer des autodafé pour empêcher la propagation de textes potentiellement dangereux ! Plus aucune idée neuve ne verrai le jour, l’humanité stagnerait, le progrès ne serait plus qu’un lointain souvenir…
C’est donc pour empêcher ce cauchemar que le narrateur et héros de ce roman, Carl, va partir à la recherche des berceuses tueuses et de la source de ce texte.

Côté style, je dois avouer que j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire, qui est assez décousue sur ses premiers chapitres (fort heureusement courts). Si c’est écrit de manière rythmé et assez dynamique, je n’ai pas spécialement accroché… J’avais bien aimé Fight Club il y a 10 ans, et là j’ai eu l’impression de retrouver le même type de livre, mais pas d’un point vu si positif. Il faut dire que Berceuse est sorti en 2002, 6 ans après Fight Club, son premier roman primé par la critique.  En fait ce que j’aimais à l’époque, le côté anti-capitaliste américain, irrévérencieux, bizarre, névrosé, répétitif, bourré de leitmotiv… m’a un peu saoulé par moment. De même, le côté sorcière et compagnie m’a pas trop emballé… Bon, je l’excuse parce que l’histoire est quand même sympa 😉

Bref, pas la lecture du siècle, mais quand même un bon moment au final… et surtout pas mal d’axe de réflexion sur le sujet pour les semaines à venir 😉

Dans leur tour des USA pour enquêter sur des « miracles », Carl et le Sarge arrivent au Nebraska, dans la ville de Stone River (fictive), spécialisée dans l’abattage bovin… mais qui depuis le passage d’une vache qui parle est transformée en paradis pour les animaux.
Bizarrement, c’est un peu comme un réservoir bovin que j’imaginais le Nebraska : de grandes plaines, un climat qui permet de faire pousser de quoi les nourrir… Et finalement c’est bien ça ! Boeufs, porcs, volailles… Il y a de quoi faire dans cet état plutôt plat et pauvre en forêts où l’agriculture est la principale source de revenu.

Et du plat, il lui doit aussi son nom : Nebraska vient de l’amérindien « Ni Bthaska », pour la rivière Platte qui y coule. De nombreuses tribus indiennes vivaient dans le Nebraska : Sioux, Iowa, Omaha, Poncas… Ils devront attendre le milieu du 18ème siècle pour voir les premiers européens visiter leurs terres. Si le Nebraska fait parti alors de la Louisiane Française, elle est peu explorée et sert juste de point de passage pour Santa Fe. La région n’a été réellement colonisée qu’à partir de 1794. C’est cette année que le premier comptoir y est battit, pour le commerce des fourrures… et par conséquent ses premiers forts pour protéger les commerçant et habitant de la province.
En 1854, le Nebraska devient une région indépendante, mais sa forme sera définitive en 1867. Durant les années 1860, comme dans beaucoup d’autres états du Grand Ouest, la loi du « homestead act » permet au fermiers d’acquérir gratuitement des terres dans l’états, pour peu qu’il la travaille et y résident depuis 5 ans ! C’est la pleine période de la Conquête de l’Ouest ! Bien entendu, se sont les amérindiens qui vont pâtir de cette colonisation, leurs terres leur ayant été achetées une bouchée de pain, quand elles ne leurs ont pas été volées…
Après la guerre d’Indépendance, en 1867, le Nebraska devient un état à par entière, et prend Lincoln comme capitale.

Le moins qu’on puisse dire en voyant la physionomie de cet état, assez bas (le plus haut sommet culmine à 1600 m environ), c’est que ça n’est pas la destination touristique rêvée pour des randonnées ! Peu de parcs et monuments nationaux, peu de forêts, peu de montagnes, peu de cours d’eau, des dunes de sable… c’est le territoire des Grandes Plaines dédiées à l’agriculture et aux ranchs. Et Tornado Alley oblige, l’état est souvent victime de tornade très violente et d’orages !
Malgré tout cet espace, le Nebraska est assez peu peuplé : 1,8 millions d’habitants… et vu l’aridité de certaines zone, on comprendra que les zones les plus peuplées se trouve dans les grandes villes, situées au bord du fleuve Missouri ou de la rivière Platte.

Bref, un état typique pour moi de l‘immensité des Etats-Unis… mais qui malgré tout ne me tente pas plus que ça !

 

« Un enfant de Dieu » de Cormac McCarthy (Etat du Tennessee)

Pour parler du Tennessee dans le cadre du challenge « 50 états, 50 billets », on a l’embarras du choix dans la bibliographie de Cormac McCarthy, qui a vécu toute son enfance dans cet état. J’ai choisi Un enfant de Dieu un peu pour le titre, un peu parce qu’il est relativement court, et aussi parce qu’il a une sale note (4/10) sur Livraddict… Je me demandais ce qui déplaisait autant dans ce livre, et je me pose encore cette question après sa lecture !

Le récit se déroule dans le comté de Sevier au Tennessee, dans les années 60. Lester Ballard est marginal, squattant des granges ou fermes abandonnées, des grottes… Il vit en parallèle de la société et de la ville la plus proche. S’il a quelques « amis », la police locale le tient à l’oeil… et il y a de quoi, il a une mauvaise réputation, qu’il tient autant de légendes sur ses aïeux, que de ses fréquentations, ses actes répréhensibles, ou son côté bizarre. C’est un être sombre, dont on ne sait pas trop s’il sait différencier le bien du mal… et ce livre-portrait de cet « enfant de Dieu » va peut être nous amener à douter du bon sens de son Créateur, lorsque Ballard se trouve confronté à son premier cadavre

Si on a bien une histoire, ce livre dresse le portrait de Ballard, sombre et glauque, une sorte d’image de certains « monstres » sortis de films d’horreurs se déroulant dans les coins les plus pommés des USA. Ce livre, écrit en 1973, n’est pas sans me rappeler Le démon de Hubert Selby paru en 1976 : deux récit qui parlent de la manière dont deux hommes deviennent des assassins, juste pour leur plaisir, laissant émerger la Bête en eux. Si Ballard est un bouseux, le héros de Selby est un business-man new-yorkais… mais leur passion est la même. Entre Dieu et le Démon, les titres des romans se répondent même, comme des miroirs déformants.

Bref, j’ai du mal à voir en quoi ce roman serait si mauvais d’après les critiques de lecteurs : on retrouve vraiment le style d’écriture de La route, pessimiste, dans un monde en noir et blanc où juste des nuances de rouge viennent étoffer le tableau, comme des coups de couteau. Une histoire dure, une écriture lapidaire… Perso j’aime 🙂

Le Tennessee est à l’origine un territoire amérindien où vivaient des Creeks et Cherokee. Ce territoire leur doit son nom tirée du village Cherokee de Tanasi.
Au 16ème siècle les Espagnols explorent la région, puis les Français au 17ème siècle… Mais se sont les Anglais qui coloniseront le Tennessee après l’avoir gagné lors du Traité de Paris en 1763. Après la guerre d’Indépendance, les tous jeunes Etats-Unis offrent une partie des terres du Tennessee à la Caroline du Nord, afin de combler ses dettes suite à la guerre.
La partie restante du territoire deviendra indépendant en 1784 : l’état de Franklin. Dans la mouvance des révolutions américaines, cet état subsistera 4 ans, avec à sa tête John Sevier. En 1785, l’état de Franklin demande même à faire parti de l’Union des Etats-Unis… chose qui échouera de très peu de voix ! Sans l’aide de l’armée fédérale, ni une économie suffisamment stable, la Caroline du Nord eu très peu de difficulté à reprendre ces terres, et n’eu presque pas eu à se battre. Les tribus indiennes en revanche profitèrent de l’instabilité pour attaquer quelques fermes et colons de Franklin ! En 1788, la Caroline du Nord récupère donc les terres de l’état de Franklin.
En 1796, la Caroline du Nord rend ses terres au Tennessee, qui deviendra alors le 16ème état des Etats-Unis  !
En 1843 Nashville devient la capitale de l’état, et rassemble autour d’elle de grandes zones dédiées à la culture du coton et du tabac… des plantations qui demandent beaucoup de main d’oeuvre d’esclaves. Par conséquent, le Tennessee se tourne du côté des états du sud Confédérés lors de la guerre de Sécession. De violents combats auront alors lieu sur ces terres. Dernier état à rejoindre les Confédérés, il sera le premier à réintégrer l’Union en 1866. Mais malgré cela, c’est au Tennessee que le Ku Klux Klan, tristement célèbre, verra le jour en 1865.

Quand on entend parler du Tennessee plusieurs images me viennent en tête, petite française élevée au sein de la culture populaire : David Crockett le fameux trappeur né dans cet état selon la chanson ; Elvis Presley qui à vécu et est mort à Memphis, et a enregistré dans les studios de Nashville comme bien d’autres : de Bob Dylan aux White Stripes ; la musique country qui à vu le jour dans ces contrées ; la fabrication du whiskey Jack Daniel’s… Bref, l’image de l’Amérique rêvée !

De quoi rendre fiers ces 6 millions d’habitants qui vivent certes de l‘industrie musicale, mais aussi et surtout de ses ressources minières : charbon, fer… Le Tennessee est ainsi dans la moyenne économique du pays.

De plus, comme on le soupçonne dans le roman, l’état bénéficie de territoires sauvages : montagnes, parcs, forêts…  dont la région de Big Frog Mountain, dont il est question dans le livre, et qui se situe dans le sud du Tennessee.