Mots-clé : coréen

« Les âmes des enfants endormis » de Mia Yun

L'âme de son enfants endormisPour le partenariat d’avril Denoël, il ne me restait plus grands choix… j’ai donc choisi ce roman par dépit. En le recevant, mon copain habitué à me voir avec de la SF, de la Fantasy, ou au pire des romans policiers, me demande « mais c’est quoi ce bouquin » ? Bonne question ! Après sa lecture, je peux affirmer qu’il s’agit d’un voyage plein de poésie et de nostalgie en Corée du Sud… l’Asie mystérieuse des fantômes et des tigres qui fument la pipe, mais surtout l’Asie qui a connue des siècles de guerre et d’occupation.

Kyung-A est une petite fille qui vit près de Séoul avec sa mère, son grand frère et sa grande sœur, dans une petite maison au portail bleu. Elle passe ses journées entre suivre son frère, jouer dans la rue ou dans son jardin, se faire peigner par sa mère ou par son étrange voisine…. En revanche son père est aux abonnés absents. C’est à peine si elle le reconnaît le jour où il revient au foyer, la bouche pleine de belles histoires et de promesses de fortune.
Au fil des années, loin de s’améliorer la situation de la famille va de mal en pis… et en grandissant Kyung-A prend conscience des dysfonctionnements de sa famille, mais aussi de la société. Les mariages arrangés, les femmes considérés comme des objets , le peu de liberté des classes laborieuses,… tout en apprenant le passé de son pays au travers des récits de sa grand-mère, des ses voisins. Des histoires qui peuvent autant tenir de la fable que de la cruelle réalité.

Aussi surprenant que ce soit, j’ai été emballée par ce livre, qui est fin et délicat, et m’a emmené dans un voyage en Corée.
Pas de violence gratuite, ni de situations sordides pour parler des horreurs de la guerre, de la honte d’être pauvre, et des difficultés de la vie. La mère de Kyung-A est une femme fière, qun rêve d’un avenir meilleurs pour ses enfants, et plus particulièrement pour ses filles. Si l’époque semble dure à vivre, il en ressort tout de même une sorte de nostalgie liée aux souvenirs d’enfance, qui finalement n’ont pas de frontières. On se demande chapitre après chapitre quand ce père va revenir, s’il va prendre conscience de ses échecs chroniques… et on est soulagé quand il repart du foyer.

Une très jolie lecture qui m’a apporté une pause bien méritée après mes journée de travail. De plus, il me permet de plus de valider la lettre Y du challenge ABC, pas la plus évidente il faut l’avouer 😉

abclogoshadow

L’âme des enfants endormis de Mia Yun
Traduit par Lucie Modde
Éditions Denoël & d’ailleurs – 288 pages
Paru le 13 avril 2017

 

« Le nouvel Angyo Onshi » de In-Wan Youn & Kyung-il Yang

Le nouvel Angyo OnshiJ’ai profité de la dernière Masse Critique de Babelio pour me faire un petit plaisir et relire un manga que j’ai découvert et dévoré il y a 2 ou 3 ans : Le nouvel Angyo Onshi du duo sud-coréen In-Wan Youn et Kyung-il Yang. Et bien qu’il soit créé par des coréens, il ne s’agit pas d’un manhwa, mais bien d’un manga seinen : cette série de BD à été d’abord publiée au Japon dans un magazine spécialisé, Sunday GX.
Un ami me les avaient prêté dans leur édition française originale… épuisée depuis un petit moment. Heureusement Pika Edition les réédite en version « 2 tomes en 1 ». L’idéal pour commencer cette collection perso, moi qui ai toujours hésité à me les acheter d’un bloc sur le marché d’occasion.

Le nouvel Angyo Onshi nous emmène dans un monde en proie au chaos : l’empire Jushin a sombré avec la mort de son Empereur. Mun-Su, un homme seul et déterminé à faire respecter la justice parcourt ces contrées à la recherche de gouverneur corrompus.
Grâce à ses pouvoirs d’Angyo Onshi et son mahai à trois chevaux (une sorte de médaille enchantée), il peut invoquer une armée composée des soldats morts de Jushin, qui l’aident à combattre ses ennemis.
Au cour d’une de ses aventures, il rencontre son Sando (son garde du corps) en la personne de la jeune, jolie et très dangereuse Chun-Hyang… Qui va apprendre en même temps que nous à connaître et faire confiance à Mun-Su.

Le pouvoir du mahai

Les thèmes de ce manga oscillent entre légendes coréenne dont les auteurs se sont inspirés pour leurs personnages et situations, les mondes fantastiques orientaux et occidentaux, teinté d’un brin de steam-punk… Le tout dans un univers assez sombre et oppressant, où vivent esprits, démons, maîtres de illusions… mais aussi des chauves-souris velues kawaii comme celle qui s’entiche du héros 😉
Ce mélange donne un cocktail assez original finalement, et on se plonge très rapidement dans l’histoire… Et le dessin sert parfaitement le récit par son dynamisme et sa finesse !
Dans ce premier volume Mun-Su vit différentes aventures, qui vont poser les bases du récit : comment il récupère son fameux serre-tête et du même coup les services de Chun-Hyang ; la présentation de son gros point faible : ses problèmes respiratoires qui le rendent peu endurant ; mais aussi celle de son super pouvoir donnés par son mahai ! En le brandissant et en criant « Voici venir l’Angyo Onshi », c’est une véritable armé des morts qui vient le servir !

Chun-HyangIl faudra attendre le prochain volume pour découvrir mon personnage préféré dans l’histoire, L’Écuyer  qui par son humour dédramatisera un peu les situations, qui dans ce premier volumes peuvent paraître assez dramatiques.
Il faut avouer que Mun-Su à un sacré caractère… On se demande souvent de quel côté il est : celui du Bien ou du Mal ? Dans tous les cas, il est du côté de la justice… ou du moins la sienne ! Il n’hésite pas à menacer de mort les paysans qu’il vient « sauver », les exhortant à se défendre seul contre les persécuteurs, et de ne rien attendre de personne. Bref, un personnage de héros assez atypique, nuancé et assez qui promet des moments intéressants.
Ce caractère d’anti-héros crée quelques hésitations du côté de Chun-Hyang qui elle semble plus manichéenne dans sa perception du bien et du mal… Je ne dirai pas qu’elle parait niaise par moment, mais presque 🙂 (il faut dire que dans le délire « je me bat au trois quart à poil » n’est pas là pour aider à la rendre plus profonde…).

Une série à découvrir d’urgence si vous ne l’avez pas encore lue !
De mon côté je vais continuer tranquillement cette nouvelle collection… c’est du bon du début à la fin ! Et finalement, j’avais oublié pas mal de détails de l’histoire, c’est donc un plaisir de le relire !
Et merci à Babelio et à Pika Edition pour cette lecture !

Babelio Masse Critique

 

« La Mosca » de Hyung-Kyu Kang

Encore une fin de série de manga !
La Mosca n’est pas à proprement parler un manga, mais son équivalent coréen : manhwa. Très influencé par la culture manga, j’aurai du mal à vous dire où se situe vraiment la différence entre les deux genre… outre le sens de lecture coréen qui est le même qu’en Europe. Un « je ne sais quoi » rend le manhwa plus dynamique, ou sensible, selon certain… vaste sujet à étudier 🙂

Quoiqu’il en soit, je suis cette série depuis maintenant 1 an et demi, qui s’achève sur un 7ème tome  sorti en mars dernier.
Une fin qui était souhaitable, non pas parce que la série avait perdue du souffle, mais justement pour ne pas risquer de perdre son rythme…

La société dans laquelle se déroule l’histoire est totalement accroc à la caféine, au point où elle devient quasiement une drogue…  « La Mosca » est un grand groupe mi agro-alimentaire, mi mafieux, gros producteur de café, dont l’objectif est de livrer de la cafeine de plus en plus puissante, pour rendre les consommateurs de plus en plus dépendants.
Sur une île surmontée d’une forêt vierge dense leur appartenant, ils ont installé leur siège (laboratoire, usine…), et font venir régulièrement du continent des travailleurs pour ramasser le café… En fait de café, il s’agit de chasser des monstres créés par « La Mosca », dont la corne est gorgée de caféine surpuissante !
On va suivre particulièrement Hiken, venu sur l’île pour retrouver sa soeur Hina qui a été emmené là quelques semaines avant lui. Il va rencontrer rapidement Nakaï, qui lui aussi recherche quelque chose sur cette île.

Bastons et action sont donc au rendez-vous ! On est plutôt dans le type seinen, vu les sujets traités : drogue, ultra violence, jeux de pouvoir… Dans un climat digne des pire épisodes survivalistes de Bear Grylls !
Les « récolteurs » de café sont confrontés à des monstres issus de croisement entre une fourmi caféophage et de n’importe quel autre animal, du moment qu’il est énorme et puissant… Nos héros seront donc confrontés à des abominations surexcitées par la caféine, eux même étant rendu accroc au café pour tenir le choc et continuer la chasse. Pas beaucoup de temps mort et de repos pour les personnages, ainsi que pour le lecteur ! 😉
L’histoire tournant autour du café est intéressante, je l’ai trouvé assez justifiée par rapport au marketing autour du café actuellement (surtout en Asie parait-il ?). Le côté action n’est pas désagréable, les méchants sont parfois effrayants, d’autres fois ridicules… Les héros eux, gardent bien leurs places de héros, sans tomber dans l’extrême du « super-gentil ».
Bref, un bon moment de lecture.

Pour ce qui est des dessins, j’étais un peu réservée au départ, trouvant les posture parfois trop statique… mais globalement c’est plutôt pas mal ! Les personnages principaux ont de bonnes têtes… Les monstres sont vraiment réussis je trouve : une espèce de tête de fourmi un rien kawaii, avec un corps d’un autre animal en dessous (éléphant, gorille…). Ca donne un hybride très étrange, surprenant, et finalement assez flippant !

Bref, je conseille si vous n’avez rien à vous mettre sous la dent en manga en ce moment, ça n’est peut être pas la BD du siècle, mais la série assez courte de 7 tome est homogène, tiens un bon rythme, et est plaisante à lire… Du bon quoi ! 🙂