« Le problème Spinoza » d’Irvin Yalom

En feuilletant le catalogue Audible cet été j’ai été intriguée par cet auteur, Irving Yalom, dont le nom en « Y » allait forcément m’aider un bon nombre de fois pour le challenge ABC. Je n’ai donc pas hésité en lisant le résumé de ce livre audio et l’ai intégré à ma liste pour l’écouter immédiatement.

A l’orée du 20ème siècle, Alfred Rosenberg, encore lycéen, reçoit une punition pour ses propos antisémites : faire des recherches sur Spinoza… un des plus grands philosophes, celui que Nietzsche lui-même adulait, et qui s’avère être d’origine juive. A partir de là va se créer dans l’esprit d’Alfred une vraie problématique : comment un homme aussi brillant que Spinoza a bien pu être juif ? Il passera une vie entière à tenter de résoudre cette énigme, vie pendant laquelle il deviendra le principal théoricien du nazisme… Il finira même par voler l’ensemble de la bibliothèque de Spinoza à Amsterdam pendant la Seconde Guerre Mondiale afin de découvrir qui le juif Spinoza devait bien copier…
En parallèle, nous découvrons la vie de Spinoza au milieu du 17ème siècle… un homme trop intelligent et éclairé pour suivre les préceptes qu’on lui inculque à la Synagogue. Trop enclin à laisser aller sa liberté de pensée s’exprimer, il finit excommunié et doit quitter sa communauté. Exilé, il vivra en ascète, mettant au loin ses émotions pour rédiger son Ethique, qui ne paraîtra qu’après sa mort… Ce livre même qui inspirera des sentiments mitigés à Alfred Rosenberg.

Deux lignes de destins croisés, voilà un type de récit qui me plait, surtout quand il s’agit de biographie… Enfin d’histoires de vie romancée, car on apprend dans l’épilogue qu’on ne sait quasiment rien de Spinoza, à part ce qui concerne son excommunication. Son portrait est un faux, dans le sens où il a été dessiné sur base d’une description écrite du philosophe… et même sa bibliothèque musée à Amsterdam n’est pas d’origine. Non pas que les Nazis l’auraient volé : elle a toujours été fausse. Il s’agit d’un regroupement d’ouvrages anciens par un passionné de Spinoza, car à la mort de ce dernier tous ses livres auraient été vendus… Autant vous dire que moi-même, j’ai commencé à m’intéresser à ce philosophe, mais comme le jeune Rosenberg, je suis rebutée par l’aspect hermétique de son Ethique, illisible si on n’est pas guidé. Ça m’aura au moins permis de retrouver mes bouquin du Bac 😉
Évidement côté Rosenberg la biographie est moins fascinante, mais pas moins passionnante, dans sa recherche de la reconnaissance de son intelligence auprès du plus grand manipulateur de ce siècle, Adolf Hitler.

Bref, on ne s’ennuie pas une seconde, et j’ai très envie de lire un autre ouvrage de cet auteur. Rendez-vous l’année prochaine !

« Total Cat Mojo » de Jackson Galaxy

Finalement peu connu en France, Jackson Galaxy est un comportementaliste félin américain qui a son émission TV, My Cat from Hell et une chaine Youtube. Dans ses émissions il part aider des propriétaires de chats complétement dépassés : chats hyper agressifs ou au contraire des minets qui passent leur vie sous le lit, ou encore ceux qui sont sales ou destructeurs…
Je regarde de temps en temps ses courtes émissions sur Youtube, car j’aime beaucoup le genre de cet homme, totalement fou des chats et qui semble trouver des solutions autant pour les animaux que pour les humains, grâce à un bon sens de l’observation et une empathie à toute épreuve.
Ayant moi-même un chat, Monki, qui ne fait pas toujours ce que je voudrais, je me suis retrouvée à acheter et lire Total Cat Mojo, un des guides de vie en bonne intelligence avec un chat de Jackson Galaxy.

L’ouvrage en lui-même est découpé en plusieurs partie : d’abord une remise en contexte de ce qu’est un chat, qui met en évidence qu‘il a très peu évolué depuis des milliers d’années, contrairement aux chiens. Le chat reste un animal aux instinct sauvages, à la fois un prédateur, mais
aussi une proie, comme on l’oublie souvent. En se basant sur le fait que le chat domestique a gardé ses instincts d’animal sauvage, on comprend qu’il est régi par un rythme naturel que nous humains, on ne peut pas modeler : le HCKEGS (Hunt, Catch, Kill, Eat, Groom, Sleep = Chasser, Attraper, Tuer, Manger, Se nettoyer, Dormir). La compréhension et le respect de ce rythme est la clef d’une meilleure vie avec son chat.
Par exemple avec Monki, j’avais un souci à l’heure du coucher pendant quelques semaines. Il se mettait en embuscade dans la chambre et me mordait les mollets. Pas agréable physiquement… et au niveau confiance avec son animal, très moyens. Grâce à ce livre j’ai identifié et réglé le problème. Pour commencer analyser les moments et lieu d’attaque et la routine autour : je donnais des croquettes à Monki et j’allais me coucher immédiatement… Alors que le chat à besoin de chasser et attraper avant de manger. Pour lui le coucher était une invitation au jeu, il avait un trop plein d’énergie à dépenser en mordant… et faute de mieux je devenais la proie.
Du coup on a revu le rituel du coucher : les croquettes sont données en début de soirée, avec une séance de jeu pour stimuler l’appétit. Une fois que Monki a joué et mangé, donc eu l’impression de chasser, il va se lécher et dormir. Du coup plus de problème d’embuscade le soir !

Le livre est bien foutu avec des explications sur comment gérer de multiples chats dans un appartement (au niveau mobilier, des premières rencontres avec de nouveaux arrivants etc.), les relation chat et chien, ou encore chat et enfants.
Il y a aussi ces chapitres « études de cas » qui peuvent aider sur des problèmes spécifiques (mon chat m’attaque, mon chat détruits tout mon mobilier, mon chat ne veut pas faire dans sa litière…).

Je ne peux que conseiller ce livre aux propriétaires de chats, qu’ils aient des problèmes ou non avec leur boules de poils ! Seul souci : le livre est en anglais… Dommage, mais dans les grandes lignes il reste assez compréhensible. Surtout il y a des illustrations très sympathiques qui permettent de guider la lecture et aller à l’essentiel.

A noter qu’il me sert de lecture pour la lettre G du Challenge ABC !

« L’énigme des Blancs-Manteaux » de Jean-François Parot

Je découvre enfin la saga de Nicolas Le Floch, enquêteur du 18ème siècle à Paris. Une fois de plus le challenge ABC a été un bon motivateur pour m’attaquer à cette série d’une grosse douzaine de romans.

En 1761 Nicolas Le Floch arrive de sa Bretagne natale à Paris, envoyé auprès de Monsieur de Sartine, lieutenant général de la police du Roi, par son parrain le marquis de Ranreuil.
Après plusieurs mois à enquêter pour le commissaire Lardin, il se retrouve à devoir découvrir ce qui est arrivé à ce dernier, après qu’il ait disparu pendant le Carnaval. Aidé de son adjoint Bourdeau, il va fureter dans les diverses sociétés du Paris de la moitié du 18ème siècle : médecins, érudits, malfrats, servants, prostituées…
Mais la tâche qu’il lui est demandée va au-delà de la résolution de l’énigme de la disparition de Lardin : Sartine lui apprend qu’est étroitement lié à celle-ci le vol de lettres du Roi Louis XVI et de Madame de Pompadour, qui pourraient être utilisés contre eux dans la guerre qui oppose la France à l’Autriche.

Moi qui commence à apprécier les romans policiers et qui aime beaucoup les romans historiques, j’ai été (bien) servie.
J’ai vraiment adoré me plonger dans cette époque que je connais mal, imaginer les costumes des personnages après quelques recherches sur Internet, revisiter le Paris d’antan à base de gravures anciennes et de virées sur Google Map… Bref, un vrai plaisir.
Histoire de nous plonger encore plus dans cet univers, l’auteur utilise un champ lexical et un vocabulaire emprunt de cette époque, ce qui m’a valu quelques recherches aussi parfois, malgré la présence d’un lexique en fin d’ouvrage.
Pour ce qui est de l’enquête, pas mal de rebondissements même si on voit venir certains dénouements… Mais bon, ça passe quand même.

Une lecture sympathique, dégustée sur un transat en vacances au soleil… et je compte bien réitérer l’année prochaine avec le second volume de la saga, L’homme au ventre de plomb.

« Le club des veufs noirs » d’Isaac Asimov

Moi qui suis une fan de SF et donc d’Asimov, j’avais depuis longtemps repéré cette curiosité dans la bibliographie de cet auteur. Un roman policier, caché au milieu de dizaines de récits parlant de sociétés futuristes, de robots, de voyages spatiaux etc.
Avec le challenge ABC de cette année, je me suis enfin attelée à lire ce recueil d’une dizaine de nouvelles mettant en scène ce fameux club des veufs noirs.

Chaque mois se tient le banquet du club des veufs noirs, qui ne sont ni veufs et ni vêtus de noir… Il s’agit de 5 amis vivants dans la région de New-York qui se retrouvent dans un restaurant pour discuter et s’amuser à « cuisiner » un invité amené à tour de rôle par un de ses membre. On découvre dans la première nouvelle que l’invité est un détective qui chercher à résoudre une affaire… qui sera brillamment résolue par le serveur attitré du club, Henry. Depuis, tous les mois, un invité du club se présente avec un problème à régler ou un mystère à éclaircir (qu’il en soit conscient ou non en arrivant), que Henry, imperturbable, pourra résoudre simplement en l’écoutant raconter son histoire.

Le format de la nouvelle est particulièrement adapté pour ce type de récit : en quelques pages on apprend à connaitre les membres récurrents du club (écrivain, professeur de math, chimiste, artiste… avec des petits morceaux d’Asimov plantés dans chacun), qui ont tous des traits de caractère bien affirmés.
Élément révélateur d’une époque : ils sont tous très misogynes ! Et oui, pas de femmes au club ou parmi ses invités, et surtout on ne parle pas de son épouse… car de l’avis général leurs discussions sont assommantes. Bref, cet aspect de l’auteur laisse un petit goût amer, même si on sait qu’il fait parler ici des personnages de fiction.
C’est d’ailleurs assez intéressant de voir que ce cercle intellectuel accepte plus facilement Henry le serveur, malgré sa condition sociale différente, qu’une femme, car il a fait preuve de perspicacité et de vivacité d’esprit.

Bref, passons sur cet aspect pour nous intéresser aux enquêtes menées au club, qui ressemblent plus à des devinettes ou des énigmes plus ou moins bien ficelées, reposant souvent sur des jeux de l’esprit ou des petits détails. Ça n’est pas palpitant mais ça reste amusant. Mais on l’excuse, car comme le dit Asimov par la bouche d’un des personnage, Agatha Christie a déjà pris toutes les idées intéressantes 😉

Une bonne lecture, que je ne conseillerai pas forcement aux amateurs de romans policiers, mais qui peut éveiller l’intérêt des amoureux d’Asimov.

« Station Eleven » de Emily St. John Mandel

Décidément je suis abonnée aux lectures où il est question de virus tueurs en ce moment… Après la peste avec Pars vite et reviens tard, Station Eleven nous décrit un monde ravagé par une grippe exceptionnellement virulente et létale. Le hasard fait bizarrement les choses dans mon rythme de lecture…

A Toronto, Jeevan tente de sauver la vie de l’acteur mondialement célèbre Arthur Leander qui est en train de faire une crise cardiaque lors de la représentation du Roi Lear. Peine perdu… Ce soir là il apprend que la grippe de Géorgie est arrivée sur le continent américain, et son instinct survivaliste prend le dessus : il part faire des courses et s’enferme avec son frère dans son appartement. Pendant des semaines ils vont entendre le monde s’effondrer autour d’eux : la grippe décime l’humanité et plonge dans le chaos ce qu’il restait de civilisation.
Pour sa part la jeune actrice du Roi Lear, Kristen, 7 ans, va survivre à la grippe avec son frère. Elle rejoint plusieurs années plus tard La Symphonie, un groupe itinérant de musiciens et d’acteurs spécialisé dans les pièces de Shakespeare. Son petit hobby : lire encore et encore ses comics Station Eleven qu’Arthur Leander lui avait offert et collectionner les vieilles coupures de magazines parlant de lui…

20 ans après la pandémie, dans un monde ravagé ou beaucoup tentent de redresser la barre, nous suivons la trajectoire de quelques survivants… mais aussi celui de personnages du passé les ayant inspirés ou menés ici. Chose étrange, une partie de leur histoire est liée au comics Station Eleven. Qui l’a écrit et dans quelle condition ?
Comme dans beaucoup de romans post-apocalyptiques, il est intéressant pour nous lecteurs de se plonger dans une forme de nostalgie du présent : les personnages ayant connu le monde d’avant se souviennent encore avec émotion de l’électricité, d’internet, du téléphone, de la possibilité de voyager loin rapidement… Alors que les plus jeunes les écoutent émerveillés, pouvant à peine imaginer qu’un écran d’ordinateur a été autre chose qu’inerte et noir.

Une très belle découverte qui mêle avec brio SF et réalisme, poésie et horreur. J’ai vraiment adoré cette lecture et je pense qu’elle fera partie de quelques paquets cadeaux pour les prochaines fêtes de fin d’années 😉

« Pars vite et reviens tard » de Fred Vargas

Il y a presque vingt ans un lecteur occasionnel m’a conseillé : « Toi qui aimes lire je ne comprends pas que tu ne lises pas du Fred Vargas ». Il n’en fallait pas plus pour que je relègue l’auteure dans la catégorie des romans de gare et que je l’oubli. Je suis snob…
Mais comme bien souvent, mes recherches d’auteurs par ordre alphabétique pour le Challenge ABC m’a fait retomber dessus, sur le site Audible. Après tout, pourquoi ne pas tester son best-seller ? En plus on y parle de la Peste, c’est de circonstance…

Depuis quelques jours à Paris, les nouvelles criées par Joss sur la place Edgar Quinet sont étranges : des « spéciales », rédigées en latin ou en français ancien et toutes incompréhensibles. Decambrais, le loueur de chambre qui ne rate pas une criée, crois y reconnaître des textes anciens parlant de la Peste.
De son côté, le commissaire Adamsberg apprend qu’un immeuble a vu toutes ses portes taguées sauf une, avec un même motif, celui d’un 4 à l’envers… et bientôt d’autres immeuble le sont aussi. Est-ce l’action de jeunes vandales, une performance artistique, ou autre chose ?
Lorsque le vieil érudit Decambrais fini par contacter Adamsberg pour l’avertir de ce qui couve dans les nouvelles de la criée, ils finissent par faire la relation avec les signes peints sur les portes : des talismans contre la Peste. Cela signifie-t-il que ce fléau est de retour à Paris ?

Une découverte très sympathique que ce roman… Je dois avouer que j’ai été emporté par cette enquête originale, mais plus encore par les personnages vraiment hauts en couleurs.
Côté récit, le rythme est tranquille au départ, le temps de planter le décor parisien, de commencer à gratter autour du thème de la Peste… et s’accélère franchement sur la fin. Pas trop d’action ou de courses poursuites, ça me va bien : les montées d’adrénaline, on les a quand les enquêteurs découvrent des puces dans une enveloppe ou se font aider d’historiens médiévistes !
Pour la palette des personnages, on ne sait plus où donner de la tête. Le personnage de Joss Le Guern par exemple, qui est crieur de nouvelle à Paris… au début du 21ème siècle… ce n’est pas commun ce genre de métier ! Je passe sur Decambrais l’érudit qui va l’aider, avec sa troupe de locataires, le barman du café de la place Edgar Quinet…
Chez les policiers, le commissaire Adamsberg est atypique lui aussi : quelques problèmes pour se focaliser sur les dates et visages, le besoin de marcher constamment… mais bien entendu une capacité d’analyse et de prise de hauteur qui vont lui permettre de résoudre cette affaire. Son adjoint Danglard, habillé avec style contrairement à son patron, mais légèrement porté sur la bouteille, apporte un équilibre terrien au duo.

Bref, je ne m’étendrais pas sur l’histoire pour ne pas trop en dévoiler, mais elle m’a donné envie de m’intéresser aux périodes historiques auxquelles a sévit la Peste. Une réussite donc, même si la fin m’a un peu laissée sur ma faim… mais c’est souvent le cas avec les roman policiers.

« Dans les forêts de Sibérie » de Sylvain Tesson

En ces temps de canicule j’ai cherché dans ma PAL un livre pour s’accorder avec la météo, et je l’ai trouvé ! Dans les forêts de Sibérie, de Sylvain Tesson, où l’auteur nous raconte son ermitage dans une cabane sur les rives du lac Baïkal en hiver et au printemps. Lire la neige et le froid sous 39°C, ça force l’imagination !

Sylvain Tesson, écrivain voyageur, décide en 2010 de poser son sac à dos dans une cabane à 500 kilomètres d’Irkoutsk en Russie, au bord du Lac Baïkal. Il va vivre seul dans une réserve naturelle, de février à juillet.
Il ne risque pas d’être dérangé par le voisinage, les plus proches habitants se trouvant à plusieurs dizaines de kilomètres. Bref, il rentre en ermitage et débute un voyage intérieur, avec pour seule compagnie des livres, un carnet et un stylo… et quelques litres de vodka.

Sous sa plume la magie du passage des saisons opère et je me suis bien projetée en Sibérie… un pays dont je rêve depuis des années. Le froid intense de l’hiver, le dégel, les premiers animaux qui sortent de la torpeur hivernale, puis le soleil, la pluie,… la vie qui revient sur les rives du lac !
Si Sylvain est seul, des visites ponctuent son séjour de 6 mois dans une baraque en bois de 9m² : des mésanges matinales, des amis qui viennent le voir quelques jours, ses nouveaux voisins gardiens, du parc ou pêcheurs… toujours prêts à boire un verre et manger du saucisson.

Loin d’un simple récit de voyage, ce journal est exigent. La réflexion de l’auteur n’est pas toujours aisée à suivre, et le vocabulaire utilisé donne parfois l’impression d’être ignare. Cet érudit met la barre haut et considère le lecteur comme son égal… surtout si on part du principe que ce récit est un journal de bord…
Mais il faut reconnaître que ça passe bien, avec l’alternance de ses réflexions philosophiques, d’introspection et de récits d’aventure (escalade des montagne, balades en forêt ou sur son kayak), découpés en courts chapitres quotidiens.

J’ai été conquise par son point de vue qui se rapproche beaucoup du mien sur l’écologie, la décroissance, l’organisation de la société… Par exemple la manière de se détacher d’une société qui ne nous convient plus en choisissant la neutralité de l’ermite plutôt que celui du militant ou du conformiste, ou encore voir la nature comme dernier refuge et apprendre par elle a apprécier l’instant présent, sans parler du pessimisme sur l’avenir de notre planète et toutes les questions que cela soulève (organisation sociale, culture des masses, parentalité…).

Ce qui est drôle avec l’histoire de ce livre, c’est qu’il ma été offert il y a 4 ou 5 ans par un collègue qui l’avait retrouvé en vidant son bureau, en me disant que me connaissant, il devrait me plaire. Venant d’une personne cynique comme il l’était, aujourd’hui ça ne m’étonne pas qu’il ait eu en sa possession ce bouquin… et finalement je suis flattée qu’il me l’ait donné 🙂

Une belle découverte que je recommande, qui me fait avancer dans le Challenge ABC.

« Les Amazones » de Jim Fergus

Troisième et dernier épisode de la saga Mille femmes blanches, Jim Fergus nous plonge une fois de plus dans l’univers des Indiens du Nord-Ouest Américain vu par des femmes occidentales, venue se marier avec des Peaux-Rouges pour construire la paix entre les peuples.

Suite aux combats meurtriers qui concluent le dernier volume de cette série, La vengeance des mères, nous avions perdu les narratrices principales, les jumelles Kelly, tuées dans le feu de l’action et un peu plus tard Molly qui se jette d’une falaise pour échapper aux blancs.

Que serait un bon troisième épisode d’une trilogie basée sur les écrits de journaux intimes, une sorte de found-footage écrit, s’il ne restait plus de personnage pour raconter son histoire ? Et surtout des personnages dignes d’intérêt !

C’est ainsi que Molly, finalement, ne fait pas de chute fatale… on ne sait pas trop comment… et elle non plus. Coup de chance ! On va pouvoir continuer à évoluer dans les villages Cheyennes de la fin du 19ème siècle à travers les écrits de Molly.
Mais si vous trouvez que ce sauvetage est légèrement abusé d’un point de vue scénaristique, écoutez ça : May Dodd, morte et enterrée depuis la fin du premier tome, est de retour. Ceux qui avaient vu son cadavre, après qu’elle soit morte de froid se sont trompés. C’est vraiment du grand n’importe quoi.
Après je peux comprendre Jim Fergus : faire venir un troisième train de femmes blanches à marier, avec une nouvelle passionnée de l’écriture dedans, ça aurait fait tout aussi tâche…

Bref, tout cela pour dire que pour apprécier ce livre il ne faut vraiment pas avoir l’esprit cartésien (« l’esprit des Blancs » diraient les Cheyennes) et être très ouverte aux rebondissements de toute nature.

Une fois la surprise du retour de ces personnages digéré, il va falloir suivre les bonnes vieilles recettes : constatation des dégats des Blancs sur le monde indien, rebellions, préparation au combat, hésitation, fuite… et entre deux on glisse des histoires d’amour, des danses autour du feu, et deux ou trois interventions du seul personnage intéressant finalement, le méchant répugnant : Jules Seminole. Un peu de magie indienne par-dessus, et voilà !

Tout cela pour vous dire que j’avais adoré Mille femmes blanches, apprécié La vengeance des mères… mais que Les Amazones m’a vraiment ennuyé. Peu d’innovations, si ce ne sont les prémices du retour de May à la vie occidentale, la recherche de la Terre Promise Cheyenne guidés par une clairvoyante aveugle (forcément) et le récit entrecroisé de la Molly d’aujourd’hui (descendante de je ne sais plus quel personnage du village indien) et les journaux de Molly et May.
La seule bonne nouvelle c’est qu’il n’y a pas de quatrième volume prévu… mais vu le final, un spin off n’est pas a écarter !

Une lecture audio pour le challenge ABC tout de même, pour la lettre F.

« Harry Potter and the Order of the Phoenix » de J. K. Rowling

Nouvelle année, nouvelle aventure d’Harry Potter, et toujours en anglais. Je me suis achetée toute la collection dans cette langue, je suis donc partie pour la totale en VO !
J’avais beaucoup aimé le précédent épisode, Harry Potter and the Goblet of Fire… A quoi m’attendre donc avec ce nouvel épisode ?

Nous retrouvons une fois de plus Harry pendant les vacances d’été chez son oncle, sa tante et leur fils Dudley… Sauf que cette fois la magie noire va s’insinuer dans cette banlieue anglaise : des Dementors s’en prennent à Harry et son cousin un soir et Harry va devoir faire apparaître son Patronus pour les chasser. Une grave entorse aux lois du Ministère de la Magie : un sorcier encore étudiant ne dois pas s’exercer dans le monde des moldus. Harry doit être jugé pour déterminé s’il sera expulsé de d’Hogwarts !
Entre les batailles politiques et médiatiques entre Dumbledore et le ministère de la Magie, le travail de protection de l’Ordre du Phoenix contre Voldemor, la crise d’adolescence sévère d’Harry et l’arrivée d’un nouveau professeur de défense contre les forces du Mal, on ne s’ennuie pas.

Les Wesley prennent un peu plus de place dans cet opus, et c’est très bien !
Ron a plus de responsabilités et devient préfet des Gryffondor, tout comme Hermione, ce qui attise la jalousie de Harry au début de l’ouvrage… Il rejoint même l’équipe de Quidditch, pour son plus grand malheur et celui de ses coéquipier… Très peu sûr de lui, il laisse passer toutes les balles durant les matchs, ce qui en fait une cible toute rêvée pour Malfoy et sa bande.
Les jumeaux Georges et Fred ont reçu secrètement de la part d’Harry après la Triwizard Cup la totalité de son prix. Cela leur permet de se lancer dans la création de produits de farces et attrapes, dont les fameux bonbons pour sécher les cours ! Un bonbon permet de se faire vomir, saigner du nez etc. et le second de se soigner… Malin et très amusant !
Ginny est toujours présente, maline et empathique. En revanche Percy qui a fini ses études et rejoint le Ministère de la Magie est une vraie peste à la botte de son chef, qui se met sa famille à dos… Je me demande bien ce qu’il va devenir dans les prochains tomes !

Le personnage irritant cette année est le Professeur Umbridge, qui prend le poste de Défense contre les forces du Mal. A la solde du Ministère de la Magie, elle fera tout pour empêcher Dumbledore d’avoir trop de pouvoir. En effet, elle craint qu’il monte une armée avec ses étudiants pour renverser le pouvoir en place… Donc pas de travaux pratiques pour les étudiants, ils apprendront la magie dans les livres. Bien entendu cela ne convient à personne… ce qui va conduire Harry à monter un club secret de pratique de la magie. Cela va permettre à un personnage de se révéler : Neville Longbottom, le cancre un peu froussard, qui finalement s’avère courageux et motivé !

Bref, je vais m’arrêter là, car je pourrais en écrire des tartines sur ce livre de 800 pages… Ce qu’il faut retenir, c’est que l’univers devient encore plus sombre, les problématiques des personnages plus adultes. Et ça sent l’affrontement final entre le Bien et le Mal imminent !

Ce nouveau chapitre de la saga est de très bonne qualité, presque aussi bien que Harry Potter and the Goblet of Fire. J’ai apprécié que Harry soit enfin présenté avec plus de subtilité et de réalisme : il n’est pas qu’un super héro bon en sport et en combats magiques, courageux, gentil et assez intelligent. Il sait aussi être jaloux de la réussite de ses copains, être angoissé par la solitude et les non-dits, n’en faire sa tête de mule et n’écouter aucun conseil au risque de mettre la vie de ses camarades en danger, blesser sa petite copine par son manque de tact… Bref, un ado (à qui on a envie de mettre des tartes, forcement)

Vivement la suite 🙂

« Demain j’arrête ! » de Gilles Legardinier

On change un peu de registre avec cette nouvelle lecture audio d’un auteur français à succès, Gilles Legardinier. J’avais lu et apprécié il y a 4 ans Complétement cramé ! je me suis donc dit qu’une lecture rafraîchissante et sans prise de tête me ferait le plus grand bien en cette période de post-confinement. Et effectivement… c’est sans prise de tête…

Julie, à peine la trentaine, vit dans une ville moyenne, occupe un poste de chargé de clientèle dans une petite banque, a beaucoup d’amis dans son quartier mais cherche toujours l’âme sœur. Elle vient de se séparer d’un gars égoïste et sans intérêt… Bon débarras !
Dans sa logique de changement, elle veut maintenant reprendre des études qu’elle avait abandonnées pour lui, quitter son emploi de banquière et devenir vendeuse en boulangerie le temps de s’y mettre… Et comme les changements arrivent toujours tous en même temps, un nouveau voisin vient de s’installer dans son immeuble. Elle ne l’a jamais vu, mais son nom l’interpelle : M. Patatras !
Après une période de chasse pour apercevoir la personne qui est capable de porter un tel nom, elle fini par le rencontrer : un jeune beau, gentil et mystérieux. Il n’en faut pas plus pour que Julie tombe amoureuse de lui…

Voilà une histoire légère qui commence comme un conte autour de « quelle est la chose la plus idiote que vous ayez fait dans votre vie ». Si au départ le récit est mignon, avec tous ces personnages empêtrés dans des histoires effectivement idiotes, donc pleines d’humour (Julie qui se retrouve coincée la main dans une boite aux lettres, son copain Xavier qui construit pendant des années une voiture trop large pour quitter son garage…), je me suis vite lassée… Ces 8 heures d’écoute de l’audiolivre ont été longue.
Je n’ai eu aucune sympathie pour les personnages. Par exemple Julie est vraiment folle à lier… elle n’est pas juste rigolote ou charmante, mais complètement cintrée. Obsession du contrôle, peur de la solitude, étouffante… Tout ce que je déteste !
J’en profite pour saluer la super prestation de l’actrice qui lit le livre, qui est capable de nous faire ressentir quand Julie parle à un autre personnage, se parle à elle même (ce qui arrive souvent) ou est en mode narration.
Et je ne parle pas des autres personnages et situation… Je veux bien voir des choses insensées dans ce genre de livre, mais là il manque un truc pour que ce soit drôle ou touchant, ou au moins un minimum crédible.

Bref, j’ai eu l’impression de perdre mon temps avec un banal roman de chick-lit cul-cul à souhait… déçue déçue déçue.

Enfin ça me fait toujours une entre pour le challenge ABC 🙂