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« La prophétie des ombres » de John A. Keel (Etat de Virginie-Occidentale)

Pour traiter de la Virginie-Occidentale dans le cadre du challenge « 50 états, 50 billets« , je me suis penchée sur un genre que je lis très très peu : le témoignage dans le monde du paranormal, avec La prophétie des ombres du journaliste John Keel, écrit en 1975. Les OVNIs sont à l’honneur avec cette lecture !
Je lis rarement ces genres de livres, alors que je suis plutôt fan de tout ce qui touche à l’inexpliqué et à l’étrange. Dès que je le peux, je regarde les émissions TV sur la cryptozoologie, les extra-terrestres, les fantômes… Un peu de bizarrerie dans notre monde si cartésien me fait autant rêver que frémir 🙂

1966, Point Pleasant est une agréable petite ville de Virginie-Occidentale, jusqu’au moment où des phénomènes plus qu’étranges se déclarent pendant plus d’un an : OVNIs, poltergeists, apparition d’homme-phalène, disparition d’animaux, visites d’hommes en noir (Men in Black), appareils électroniques et téléphones qui débloquent… Peu d’habitant de la ville ne semble épargné par ces phénomènes paranormaux ! Mais le pire arrive lorsque le Silver Bridge qui traverse l’Ohio s’effondre subitement à la veille de Noël, tuant 46 personnes. Les signes perçus lors des mois précédents ce drame étaient-ils une prophétie obscure ? C’est sur cela que John Keel va enquêter, avant et après le drame !

Cette histoire est d’autant plus effrayante qu’elle est basée sur des faits réel : des témoignages vus et vécu par des habitants de Point Pleasant, ainsi que des choses vues et vécues par John Keel ; ce livre donnent un autre point de vu sur les évènements paranormaux qui se déroulent en Virginie-Occidentale mais aussi partout dans le monde, et qui va à l’encontre du discours habituel des UFOlogues et chasseurs de petits hommes verts.
Loin d’être un pur sceptique, Keel pense qu’il y a bien quelque chose derrière ces phénomènes, puisque les personnes qui les ont vécus ont ressentis des émotions (peur en général) en y étant confrontés, et même eux parfois des réactions physiques… Il y a donc bien quelque chose ! Ce qui est intéressant  c’est que Keel met la personne qui à vu au centre du témoignage, et non le phénomène en lui même, comme le font les UFOlogistes.
Pour l’auteur, ces phénomènes ne sont pas le fait d’extra-terrestres, mais proviennent d’entités déjà présentes sur terre, et ceux depuis plusieurs millénaires. Il ne nous donne pas de réponses ferme sur la provenance de ces lumières bizarres qui apparaissent dans le ciel de Virginie-Occidentale, ni qui sont les hommes-phalènes, mais élargit les pistes de réflexion (certainement plus analysées dans le pendant de ce livre avec lequel il forme un dytique, The Eighth Tower), et nous offre des témoignages qui semblent criants de vérité ! Et finalement, cette étude du journaliste Keel n’est pas pour nous rassurer !

Après qu’on y croit ou pas, ce livre est tout de même intéressant, et on est vite pris par le mystère qui entoure la petite ville… En cela, j’ai apprécié ce livre, même si on tourne vite en rond avec l’accumulation des témoignages souvent semblables, qui donnent certaines longueurs à certains chapitres. Mais bon, cela permet de renforcer le climat oppressant de l’époque, et l’impression qu’on finissait par nager en pleine 4ème dimension !

Bref, une lecture sympa, qui m’intriguait assez, depuis le film tiré du livre en 2002, La prophétie des ombres, avec Richard Geere.

Heureusement pour nous, la Virginie-Occidentale n’est pas habitées que par des entités extra-terrestres ou autres bizarreries parapsychologiques ! Ses 1,8 millions d’habitants sont tous à priori ce qu’il y a de plus humain 🙂

Malgré ce qui est suggéré dans le livre (que les amérindiens évitaient la région à cause des phénomènes étranges se déroulant là bas), la Virginie-Occidentale était bel est bien le lieu de villégiature de plusieurs tribus amérindiennes, comme les Iroquois ou les Adena, qui sont à l’origine d’énormes tumulus dans la région.
Après l’arrivée des premiers colons européens, la région est initialement rattachée à la Virginie, britannique… même si des allemands de Pennsylvanie installent quelques villages dans la région.
Alors que la guerre de Sécession débute, la partie occidentale de la Virginie, attachée à l’esclavagisme décide de rejoindre les états du Sud. La Virginie-Occidentale fait donc sécession en 1861 pour rejoindre les Confédérés, alors que la Virginie reste dans l’Union. En 1863, la Virginie-Occidentale rejoint l’Union comme nouvel état, et l’année suivante aboli l’esclavage. Il est intéressant de voir comment la guerre de Sécession à conduit à séparer en deux un état, avec ses conflits fratricides qu’on peut aisément imaginer, que ce soit avant, pendant ou après la séparation. En 1877, Charleston est désignée comme capitale de l’état, et est aujourd’hui la ville la plus peuplée de Virginie-Occidentale.

La chanson Take me home, Country road de John Denver, dans le pur style country, célèbre la beautés des paysages de la Virginie Occidentale… Et il y a de quoi faire entre les montagnes Appalaches, les vallées creusées par les fleuves tels l’Ohio, les forêts, les réserves animalières. De quoi donner envie de visiter cette région 🙂

Mais la Virginie-Occidentale est aussi et avant tout une région d’industrie minière :  charbon, salpêtre, houille, gaz naturel, pétrole… L’industrie du bois bénéficie des énormes zones forestières de l’état et des différentes essences qu’on y trouve (chêne, cerisier, pin…).
Actuellement, si l’électricité produite en Virginie-Occidentale est essentiellement produite par les centrales au charbon, des technologies plus écologiques se développent, comme les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques.

Point Pleasant dont il est question dans le livre existe réellement, témoignage oblige… Aujourd’hui c’est une ville de 4600 habitants, implantée au bord de l’Ohio, et situé au milieu d’une réserve naturelle sous laquelle se trouvent les tunnels d’une ancienne réserve de TNT, dont il est notamment question dans les apparition d’entités étranges.

« Fargo Rock City » de Chuck Klosterman (Etat du Dakota du Nord)

Ahhhhhh ! Terrible découverte que ce livre qui a ravi mon coeur d’amatrice de metal ! Vous aviez découvert avec mon post sur Detroit Metal City mon petit penchant pour cette musique, et elle se réaffirme avec ce témoignage de Chuck Klosterman : Fargo Rock City : Confessions d’un fan de heavy metal en zone rurale.
Une bible du métal des années 80-90’s vue par un critique musical, et ses souvenirs de cette période alors qu’il était ado vivant en rase campagne.
Une fois de plus, une belle découverte dans le but de réaliser le challenge « 50 états, 50 billets », pour l’état du Dakota du Nord. Et en plus, il me permet de cocher la case « Lieu géographique » pour le challenge Petit Bac 2012.

Gros focus sur le heavy, le glam, le speed… des années 80-90 et les stars de l’époque : Guns’n Roses, Motley Crue, Kiss, Black Sabbath, Poison, Metallica, Ozzy Osbourne, Bon Jovi, WASP, Skid Row, Ratt… et les grunges qui prendront la suite avec Nirvana, Pearl Jam…
L’occasion de repenser avec bonheur à ces groupes et albums qu’on connait parfois pas coeur (Appetite for destruction… pour le coup ça m’a donné envie voir les Guns à Bercy en juin ;)).
Mais aussi des découvertes, comme Rush… Un livre qui se lit et s’apprécie avec Youtube ouvert pour voir ou revoir les clips, découvrir les groupes qu’on ne connait pas ou mal, mater des vidéo de concert ; ou Google Image pour bien se remémorer les looks inénarrables des musiciens ou des pochettes d’albums rétrospectivement très kitsch, mais tellement représentative du genre et de l’époque… Un vrai moment de plaisir ! 🙂

En plus je me sens dans le même contexte que Chuck l’ado… J’ai eu ma période punk, rock, metal à la campagne dans les années 90 : je n’ai pas eu trop de difficultés à me mettre à sa place ! Les poncifs de la vie à la campagne rajoutent une touche d‘humour et d’authenticité qui rendent le personnage attachant, et si proche de nous !

Pour les fans, on a de quoi se creuser la tête :  la vraie différence entre hard et heavy metal  ; en quoi le metal des 80’s est le premier mouvement musical a bénéficier des medias de masse, et ce que ça a généré ; les craintes des parents de voir leur progéniture fans du genre (suicide, satanisme, drogue…) ; essayer de rétablir la vérité sur la date du succès Talk Dirty to me de Poison (et oui, en plus lui aussi pense que c’est LA chanson du metal… ou du moins un des tubes des années 80 :D) ; l’essort des clips sur MTV alors naissante ; des listes argumentées d’albums représentatifs du genre… Finalement en quoi les années 80-90 metalliques ont leur importance dans l’histoire musicale et plus, ils racontent la société américaine de cette époque (époque conservatrice regannienne, fin de l’ère des hippies, recherche du pouvoir…), même si aujourd’hui tout le monde se moque de ces chanteurs maquillés et habillés de strass ou de bandanas. Mais le fait est là, ils ont influencé la musique, autant que le rock de Beatles ou des Stones, ou le hard rock de Led Zeppelin… car ils ont touché leurs auditeurs, qui se souviennent encore aujourd’hui de ces groupes !
Après on peut être d’accord ou non avec l’auteur (par exemple, savoir si Metallica a perdu sa fibre metal après …And justice for all, chose pour laquelle je ne suis pas complètement d’accord), mais rétrospectivement, quand on sait que le livre a été écrit en 2001, on doit bien avoué qu’il a eu le nez creux pour pas mal de chose (sortie de l’album d’Axl Rose Chinese Democracy, les journaliste qui encensent Mettalica comme de nouveau Led Zep’…)

Bref, j’ai passé un très bon moment de lecture, par petites touches, histoire d’aller écouter des morceaux en même temps. C’est forcément un livre que je conseille à tous les amateurs de metal plus ou moins avertis : le genre était à la mode ces années là, vous connaissez forcément quelques uns de ces groupes ! Et au pire c’est l’occasion de le (re)découvrir grâce aux pistes données par l’auteur.

 

Sans Fargo où a été en parti tourné Fargo des frères Cohen, l’état du Dakota du Nord serait méconnu du grand public…
Comme le laisse supposer le nom de sa capitale, Bismarck, les habitants de l’état ont une descendance d’Europe du nord majoritairement allemande, mais aussi scandinave !

Habité à l’origine par les Amérindiens, qui représentent encore une petite partie de la population actuelle, l’état était d’abord rattaché à la Louisiane, cet énorme territoire français qui englobait à la fin du 18ème siècle un tiers des Etats-Unis actuels. Lorsque la Louisiane est vendue, les terres du Dakota du Nord sont plus ou moins gérées par les états voisins (il faut dire qu’en 1870, seuls 3000 personnes vivaient dans l’état), jusqu’à rejoindre l’Union en 1889.

Du fait de sa localisation au nord des USA, dans le Upper Middwest, en frontière directe avec les montagnes canadienne, excentré des grandes voies de communication, le territoire n’a pas emballé les premiers colons… Aujourd’hui encore, le Dakota du Nord est fidèle à la réputation que sous-entend Chuck Klosterman : peu d’habitants (672 000 !), et beaucoup d’espaces vides et très plats, au nord des Grandes Plaines… On ne peut pas rêver mieux pour y planter des kilomètres carrés de champs ou de terres d’élevage ! C’est un des états les moins peuplé, où les espaces ruraux ont largement le dessus sur les espaces urbanisés ! Comme on peut le penser, l’agriculture est la principale source de revenue… ce qui est assez peu attirant pour les jeunes diplômés de la région qui fuient cet région pour aller travailler dans d’autres états.
Bizarrement, c’est l’état le plus religieux du pays, ou les non-croyant représentent la plus petite proportion de la population de tous les Etats-Unis… et c’est aussi l’état qui a le plus d’églises par habitant ! (j’aurais plutôt vu un état du sud dans ce rôle, comme le Texas)

Côté tourisme, le parc national Theodore Roosevelt peut ravir les amoureux de la nature pour y voir des bisons, ou admirer ses magnifiques paysages de Badlands (à ne pas confondre avec le parc des Badlands de son frère, au Dakota du Sud). En revanche le climat est assez peu propice à celui-ci : c’est l’état où début la fameuse Tornado Alley, habitué aux orages, voir tornades en été, et un hiver long et extrêmement rigoureux

« Si c’est un homme » de Primo Levi

Un grand classique de la littérature italienne pour terminer mon challenge « Balade en Italie ». J’ai choisi comme auteur italien Primo Levi, et son livre-témoignage Si c’est un homme pour le découvrir, sur les conseils de pas mal de mes collègues.

Comme vous le savez sûrement déjà, Primo Levi, chimiste italien, expose ici son expérience dans un camp de travail d’Auswitch, Monowitz. Il y restera presque un an, et sera un des rares survivant de ce camp lorsqu’il en sort en janvier 1945.
Tout y passe, entre la manière dont il est intercepté en Italie alors qu’il se cache dans les montagne, la déportation dans les wagons à bestiaux, l’arrivée avec le tri qui oriente vers les chambre à gaz ou au camp de travail, l’humiliation et l’incompréhension, la faim, le travail dans des conditions abominables, la maladie… jusqu’à l’entrée des troupes russes dans le camp.
Tout ce qu’on a déjà vu plus ou moins dans des films, au lycée, dans les musées… Sauf qu’ici on a un texte de première main.

Ce témoignage est très intéressant car il parait objectif, pas du tout noyé dans le pathos malgré une expérience qu’on imagine difficile (si on peut vraiment l’imaginer).
La question de l’humanité et de l’inhumanité est aussi traité de manière sereine, sans tomber dans le désir de comprendre le régime nazi (comprendre, c’est accepter d’une certaine manière), ou des les cataloguer comme « monstres ».
On apprend plein de choses, et on s’oblige à réfléchir, entre la partie témoignage en elle même, et la postface qui contient une série de questions (celles que les lycéens lui posent le plus souvent), et ses réponses.
J’ai été particulièrement intéressée par la manière dont les relations sociales se mettent en place dans ce climat qui ne laisse pas la place au sentiments : mise en place de chefs qui jouent aux chefs pour avoir de la crédibilité (ah, les petits kapos…), la mise en place de commerce alors qu’il n’y a à priori rien à vendre (et on s’aperçoit que l’imagination n’a pas de limite), et la fluctuation des prix en fonctions des conditions extérieures (le prix des chemises qui fluctue en fonction des périodes de lessive etc…).
Il n’est pas question de religion, de politique, de justice… juste de survie, dans un univers où l’être humain est considéré comme une bête.

Un livre à lire assurément, à mettre absolument entre toutes les mains ! Il ne me reste plus qu’à mettre dans ma LAL La trêve, la suite de cet opus 🙂