Mots-clé : survie

« Le puits » d’Iván Repila

Le puitsGrâce au partenariat des éditions Denoël, j’ai pu sortir un peu la tête de mon marathon fantasy / SF de ces dernières semaines (fort sympathique au demeurant, mais il faut savoir varier les plaisir ;)). J’ai donc choisi un peu au hasard Le puits, premier roman d’un auteur espagnol, Iván Repila. Sur le papier, ce livre avait comme principal avantage d’être court, et ensuite de raconter une histoire de survie en huis clos, ce qui m’attire toujours.

Deux frères sont tombés dans un puits naturel profond, en pleine forêt. Le Grand est fort et est un adolescent, et le Petit est faible et est encore un enfant. Malgré tous leurs efforts pour essayer de sortir ou d’appeler les secours, ils doivent se rendre à l’évidence : ils sont bel et bien coincés au fond de ce trou, et vont devoir compter sur eux même pour survivre. Il y a pourtant bien le sac de provision de la mère des enfants qui est tombé dans le puits avec eux… mais le Grand interdit au Petit d’y toucher !
Ils vont donc devoir rester là et attendre, se nourrir de larves, boire l’eau des flaques ou mâcher des racines, braver les averses ou la canicule, faire fuir des loups… Et surtout ne pas tomber dans l’apathie ou la folie !
Comment vont-ils pouvoir survivre ? Pourquoi le Grand ne veut pas toucher aux provisions ? Quelqu’un viendra-t-il les aider ?

Je m’attendais avant d’ouvrir ce livre à une histoire en mode survivaliste, en huis clos, un peu comme dans le film Hole de 2001 ou bien le roman glauque Sukkwan Island de David Vann. En fait on est beaucoup plus dans une fable contemporaine à mon sens, bourrée de symboles et de métaphores… bref, dans du fantastique (le marathon continue !). Que ce soit l’image du puits- utérus, la mère destructrice et son sac à provisions, la forêt éloignée de tout, l’attaque par les loups, les fruits interdits, les relations entre ainés et cadets, l’impossibilité de dater ou situer l’histoire… On retrouve des motifs et des thèmes propres aux contes pour un récit à la limite du voyage initiatique.
Pourtant la manière dont l’auteur nous décrit la spirale de la folie qui étreint le Petit, ou les questions que se pose le Grand sont très réalistes. On plonge avec eux dans cette tension, qui tient plus de la rage que de la détresse !

Juste après ma lecture je ne savais pas trop quoi penser de ce roman. Mais finalement à y réfléchir depuis deux jours, je pense que je l’ai apprécié, même si j’ai été gênée par la confusion entre le délire due aux privations des enfants et la réalité… ce qui fait que la fin m’est apparue un peu trop sèche. Mais finalement, si on le considère comme une fable, ça passe… Avec ce parti pris, je ne cherche plus à savoir ce qui tient de la réalité ou de la fiction, et j’en apprécie que mieux ce texte !

Ce roman me permet aussi de cocher la case « bâtiment » du challenge Petit BAC 2014.

Merci encore aux éditions Denoël pour cette lecture !

Le puits d’Iván Repila
Éditions Denoël
Traduction : Margot Nguyen Béraud
2014 – 112 pages

Challenge petit bac 2014

« Sukkwan Island » de David Vann (Etat de l’Alaska)

Sukkwan Island, premier roman de David Vann sorti en 2009 est assez déroutantEntre le thriller et le drame, ce huis clos laisse percevoir une part d’autobiographie, ce qui nous emmène au coeur de l’intimité de l’auteur. Voici une découverte assez intéressante, que je n’aurais jamais faite je pense si je ne l’avais choisi pour remplir mon contrat « Alaska » pour le challenge « 50 états, 50 billets » !

Jim et son fils de 13 ans Roy ont décidé de passer un an sur une île déserte du sud de l’Alaska, dans un chalet pourvu du confort minimum… Jim a prévu pour cette aventure de survivre pendant l’hiver avec les ressources de l’île, et lui et son fils ont tout l’été pour aller à la chasse ou à la pêche pour faire des provisions. Joli projet, si ce n’est que celui-ci a pour objectif pour Jim de retrouver son fils, élevé par sa mère en Californie depuis leur divorce, et de faire le point sur les échecs de sa vie… Entre survie et vie quotidienne, Jim sombre au fur et à mesure dans la dépression, jusqu’au jour où un drame éclate

L’aspect survivalisme pur et dur est assez anecdotique : au nord de la Colombie Britannique, les ressources naturelles ne sont pas rares, pour peu qu’on aime le gibier, le saumon et la truite ! C’est plus le côté manutention qui fait défaut à Jim, qui a embarqué son fils dans cette entreprise : fabriquer de quoi protéger le bois de la pluie, ou protéger ses vivres des ours bruns… La nature et l’Alaska jouent un rôle à part entière : sauvage et peu avenante la plupart du temps, son aspect se dégrade au fur et a mesure que les relations entre les deux protagonistes s’émoussent.

Une histoire très dure donc, divisée en deux parties qui nous offrent plus ou moins tour à tour le point de vu de Roy et celui de son père… D’ailleurs il est étrange de voir que le prénom du père n’est connu que très loin dans le roman : Jim. Il s’agit du prénom du père de l’auteur, qui c’est suicidé, et à qui le roman est dédié. Et tout le coeur de l’histoire tourne autour de cette thématique… Voilà donc ce qui donne un goût d’autobiographie, où Jim et Roy jouent tour à tour les rôles du père de David Vann ou celui de David Vann lui même (on le suppose).

Dans le style, pas de dialogues dans le style direct habituel… on a l’impression de flotter, d’être dans l’esprit des personnages, comme si tout cela était rêvé.  Une sensation bizarre de malaise, quelque chose de génant transparaît au travers des lignes, et laisse présager le pire.

Bref, une lecture très sympa, rapide, et assez glauque… tout ce que j’aime 😉
Je ne serais pas surprise qu’on voit rapidement un film tiré de ce livre paraître au ciné…

L’Alaska est séparé du reste des USA par le Canada, et en toute logique le plus au nord, mais aussi le plus grand : il fait pas loin de 20% du total de la surface du pays ! Sa capitale est Juneau.

C’est une région de rêve pour moi, depuis que j’ai lu étant enfant du Jack London : Croc-Blanc et L’appel de la forêt. La nature réellement sauvage et agressive, de grands espaces, une faune et une flore dense : une super aire de jeu pour les survivalistes en herbes rêvant de liberté !
Mais pour compenser ce fantasme, j’avais eu un premier aperçus de l’hostilité de la région en visionnant et lisant Into the Wild, qui donne un bon aperçu de la difficulté de survivre dans ces contrées où l’été ne dure que deux mois, au climat humide et froid, où tout pourri rapidement, envahie d’insectes, d’ours, et d’autres bestioles de toutes tailles…
L’état est donc égal à ce qu’on peut en penser : plus de 60% de sa surface occupée par des forêt protégées par des parcs nationaux, dans une région subpolaire… L’homme semble ne pas y avoir sa place… Et dans les faits, l’Alaska est l’état ayant la plus faible densité de population aux Etats-Unis.

Côté histoire, celle de l’Alaska est assez atypique pour un état américain : à la base peuplé de tribus amérindiennes, la région commence à se faire coloniser par les russes en  1784 ! Et oui, seul le détroit de Béring sépare cet état de son voisin la Russie et du reste du continent asiatique… la porte d’à côté en somme 😉
Comme leur confrères français, anglais, espagnols… ils détruisent les populations locales par des conversions forcées au christianisme (orthodoxe), l’alcool, les maladies…
Afin de renflouer ses caisses et éviter une guerre avec son ennemie d’alors, la Grande-Bretagne, la Russie vend l’Alaska aux Etats-Unis en 1867, et connaîtra jusqu’à la fin du siècle une courte ruée vers l’or. Après être passé par le statut de département puis de territoire, l’Alaska devient finalement un état des USA à part entière en 1959 ! Durant la Guerre Froide, l’Alaska est une position stratégique contre la Russie… de plus, on y découvrira des ressources en pétrole très précieuses !

Outre l’or noir qui représente 90% du budget de l’état, l’Alaska vit de la pêche, du bois, des gaz naturels, minerais… Le pétrole est une bénédiction pour ses habitants, qui bénéficie de ce fait d’un système de revenu minimum financé par les gains en hydrocarbures… chose rare aux USA !
Depuis quelques année, le secteur du tourisme explose : pêche, chasse, randonnée,… le tout dans des zones préservées, éloignées des mégalopoles…
Je me laisserai bien tentée personnellement 😀

« Protegor » Guillaume Morel et Frédéric Bouammache

Voici un livre que j’avais envie de lire depuis quelques temps déjà, depuis que j’ai commencé à m’intéresser au survivalisme sous toutes ses formes, des plus farfelue et apocalyptique à ses versions les plus cohérentes… Et c’est bien à cette dernière catégorie que Protegor appartient.

Le sous-titre nous renseigne bien sur le contenu de l’ouvrage : « Guide pratique de sécurité personnelle, self-défense et survie urbaine« .
Pas question ici de survie sauvage en mode « The day after tomorrow », ou reconnaissance des champignons : tout tourne autour de notre vie de tous les jours, de citadin allant au boulot, prenant les transports en commun, surfant sur internet…

Le livre est divisé en trois grandes parties, qui sont en quelques sorte le avant / pendant  / après une attaque d’un tiers ou d’un événement violent.
– 1er partie ‘Sécurité » : partie la plus intéressante selon moi car elle traite des manières de se protéger, de prévoir les coups durs dehors ou chez soi. Les auteurs s’intéressent autant à la psychologie de l’agresseur que de la potentielle victime. On retrouve outre le profiling les niveaux d’alerte qu’on devrait voir allumer dans son cerveau lors de chacune de nos sorties (feu vert : tranquille à la maison, feu orange : dans les transports en commun par exemple…), les exercices comme celui de se mettre dans la peau d’un voleur dans le métro et se demander qui on irait voler (bon exercice pour essayer de ne plus ressembler à une proie !).
Le discours n’est pas anxiogène, ils mettent bien en garde contre la parano… Mais prévenir plutôt que guérir
Ce chapitre traite aussi des armes (et met en garde contre celles prohibées) et des moyens de défense sur soi ou à domicile (bon, le gilet par balle je ne me sens pas vraiment encore chaude :s), des précautions à prendre quand on exécute des gestes de tous les jours (retirer de l’argent, boire un verre dans une boite de nuit…), et aussi des manière de sécuriser ses comptes en banque et mots de passe sur Internet ! Très enrichissant, je vais essayer d’appliquer quelques trucs décrits dans le livre, comme celui d’avoir deux comptes en banque, un pour recevoir les salaires et payer les factures, et un autre moins fournis pour faire les achats (cartes de paiement, achats sur le Web…)

– 2nd partie « Défense » : partie la moins intéressante pour moi avec le côté self-defense et illustration de situations de conflits entre deux protagoniste… Les auteurs le disent bien: il faut s’entrainer régulièrement à un art martial (n’importe lequel) pour acquérir des réflexe et se conditionner à réagir en cas d’attaque.
Perso je me sens plutôt proche de la méthode qu’il préconisent : fuir à tous prix ! 🙂
Le discours est assez juste je trouve : la survie, c’est essayer de ne pas se trouver au milieu d’une baston, et de ne pas jouer les héros…courir vite, ne pas essayer d’aider quelqu’un en train de se faire laminer, ne pas jouer les malin devant une bande, ne pas répondre aux insultes… Bref, ça remet un peu les idées en place.

– 3ème partie « Survie » : j’ai appris pas mal de choses aussi dans ce chapitre, plutôt axé premiers soins (ça me fait un petit rappel de mon AFPS), protection en cas de catastrophe naturel, accidents domestiques ou routiers… Il traite aussi de la défense légale, domaine que je ne connais absolument pas : a quel moment contacter un avocat, quand porter plainte, descriptifs rapide des différent types de tribunaux… Une petite mine pour mieux connaître le domaine juridique et ses droits quand on y est confronté.

Bref, une piqure de rappel pour apprendre à être un peu plus prudent dans sa vie de tous les jours !
Un livre que je conseille à ceux qui sont novices ou déjà sensibilisés à ce domaine, et qui souhaiteraient en savoir plus : on en apprend pas mal, et en plus on peut accéder à plus d’info sur le site Web du livre 🙂

Edit : au fait, ce livre fait parti de ma nouvelle liste de challenge Petit BAC (catégorie « Sports et Loisirs » bien entendu) !