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« L’enfer en bouteille » de Suehiro Maruo

l-enfer_en_bouteilleJe suis plus que jamais fan de Suehiro Maruo et de son style érotico-grotesque (« ero guro » pour les intimes) qui est toujours sur la brèche de l’horreur pure, sans tomber dans le gore.
Dans ce manga, quatre nouvelles dessinées qui nous présentent des pans différents de son art.

L’enfer en bouteille est mon histoire favorite du recueil : érotisme et tension, dans un récit tiré d’une nouvelle de Kyusaku Yumeno.
Trois pages manuscrites sont retrouvées dans des bouteilles de bières jetées à la mer. On suit à la lecture de ces lignes les aventures d’enfants – un frère et une sœur – échoués sur une île déserte… Enfants qui deviendront bientôt des adolescents en pleine pubertés, tiraillés entre le désir et le tabou de l’inceste, qui se transforment alors en pulsion de mort. Le vert Eden de l’île se transforme bientôt en enfer pour ce couple…

Dans ce manga, on retrouve l’attrait de Maruo pour les récits traditionnels japonais, comme dans Les dix gâteaux de la fortune, qui reprend une histoire classique du théâtre japonais : un masseur aveugle a amassé une fortune qu’il cache et que tout le monde lui envie… son voisin va tenter de découvrir où, a ses risques et périls.
L’auteur s’intéresse aussi aux contes occidentaux, comme sa version de La tentation de Saint Antoine le prouve ! Les pérégrinations délirantes du moine sont pour lui l’occasion de revisiter ce mythe, dans un style que Dali ou Bruegel n’auraient pas renié !

L'enfer en bouteille

Surréalisme et art déco sont au rendez-vous, avec une touche de noirceur extrêmement esthétique dans ces quatre récits… Et son attrait pour le sordide, les monstres et les personnages en marge de la société se retrouve dans la dernière nouvelle illustrée : Pauvre grande sœur. Ici une jeune fille tente de survivre en se prostituant, accompagnée de son petit frère attardé… Elle fuit un père violent qui voulait la vendre et qui souhaitait couper les membres de son frère pour en faire un monstre de foire… Tout un programme !

Voici donc une très belle édition parue cette année, et préfacée d’un texte de Moebius datant des années 90, époque ou Maruo n’avait pas encore connu le succès en France. Cet incipit du pape de la BD française m’a ouvert les yeux sur ma passion pour cet auteur de manga ! Maruo tel un enfant en pleine crise de rage n’a pas peur de se faire mal, et par conséquent de faire mal au autres… et c’est cette authenticité, cette plaie qu’il nous force à regarder qui est si fascinante. Un petit texte court et très intéressants pour mieux comprendre l’œuvre transgressive de Maruo !

Comme d’habitude, je vous invite à découvrir Maruo, au delà des clichés ero-guro… Pour ma part il me reste encore quelques uns de ses mangas à étrenner… Youpi ! 😀

« Bride Stories tome 4  » de Kaoru Mori

Bride Stories 4 Ca fait bien longtemps que je n’avais pas lu un manga de la série des Bride Stories, qui pourtant m’avait bien plus à l’époque… Et c’est bien dommage, car cette BD et particulièrement ce tome, ont tout pour plaire : maîtrise du dessin et de l’univers dans lequel se déroule l’histoire, des personnages attachants, beaucoup d’humour… Bref, un bon bol d’air frais !

Nous avions laissé au dernier épisode l’ethnologue Smith seul avec son guide, Ali, sur la route d’Ankara.
Ils vont traverser un village de pêcheurs au bord de la mer d’Aral, où Smith va être pris pour un médecin, et se retrouver des jours durant à soigner les habitants du village… et bientôt tout ceux de la campagne aux alentours !
Ici vivent Layla et Leyli, deux jeunes jumelles qui débordent d’énergie ! Elles n’ont qu’une idée en tête : se trouver deux maris (un pour chacune), idéalement des frères pour pouvoir vivre ensemble… Et bien entendu, ces futurs époux devront être beaux, riches, posséder des centaines de têtes de bétail, proposer une belle dot à leur père, et surtout, supporter ces deux turbulentes jeunes femmes ! Leur père leur trouvera-t-il un parti à leur hauteur ?

Layla et Leyli

Ca fait du bien de quitter un peu le clan de Karluk et d’Amir pour voir un peu ce qui se passe dans d’autres contrée d’Asie Centrale ! Ici on est servi, on est dans un tout autre univers : un village de pêcheur, où le bétail à moins d’importance, avec de nouveaux modes de vie (vêtements, cuisine…). Mais comme partout, le mariage et donc les alliances entre familles sont essentiels !
Les deux jumelles, Layla et Leyli sont deux personnages très comiques, à leur insu : deux petites pestes montées sur ressorts qui ne pensent qu’à leur futur mariage. Elles montent plans sur plans pour essayer de se trouver des maris riches en les piégeant, au grand dam de leur parents. Cela donne des situations cocasses, comme la scène où elles essayent d’assommer un riche chef de tribu avec un poisson, au moment où il traverse la rivière, afin de le sauver et de peut-être se voir proposer ses fils en noce !
Heureusement, leur père va mettre fin à leurs stratégies délirantes pour se trouver un mari en leur choisissant des époux… Gare à la déception !

Je n’ai plus qu’une envie : courir m’acheter le tome 5 !!!

« Le mort amoureux » de Junji Ito

Le mort amoureuxMon année de challenge commence enfin ! Doucement certes, avec un manga d’un auteur que j’aime beaucoup, Junji Ito, le maître de l’horreur japonais ! J’ai lu quelques mangas de cet auteur ces dernières années, et je n’ai pas le souvenir d’avoir été déçu. Avec Le mort amoureux, on retrouve l’intensité dramatique de Tomié, un de ses chef d’œuvre. Du très bon donc, avec cette histoire parue au Japon en 1996 !

Ryûsuke, un adolescent japonais, revient vivre dans sa ville natale avec ses parents. Ça fait plusieurs années qu’il n’a pas remis les pieds dans cette ville, mais il arrive tout de même à retrouver des amis d’enfance, dont la jolie Midori. Il oscille entre la joie de retrouver ce premier amour d’enfance et le poids de la culpabilité : Ryûsuke pense être à l’origine de la mort de la tante de Midori, alors qu’ils avaient 6 ans.
Il faut dire que la ville a une coutume étrange due au brouillard quasi permanent qui envahit les rues. Pour connaître son avenir il suffit d’attendre à un carrefour et de demander au premier inconnu qui s’approche se que le futur nous réservera. Beaucoup de jeunes femmes utilisent ce moyen comme météo de leur vie amoureuse et comme aide à la prise de décision…
C’est ce qui est arrivé à Ryûsuke alors qu’il était enfant : il a refusé une réponse compatissante à une jeune femme qui lui posait une question sur sa vie amoureuse… Et croyant son avenir sentimental détruit elle a décidé de se suicider dans la rue… Cette femme c’est avérée être la tante de Midori, et cette dernière ignore que son ami d’enfance est mêlé à cette mort.
Mais ces derniers temps dans la ville les choses ne s’arrangent pas : un jeune homme grand, beau et vêtu de noir pousse les femmes aux suicide en leur brisant le cœur, en répondant à leurs questions de manière brutale… Qui cet homme ? Est-il lié à Ryûsuke ? Pourquoi s’amuse-t-il a manipuler ces jeunes femmes ?

Comme dans les précédents mangas de l’auteur, on plonge dans un monde qui part à la dérive… Une ville un peu étrange se transforme vite en piège mortel, les adolescentes transies d’amours finissent égorgée et leurs fantômes reviennent hanter les vivants, et tout cela ne va pas en s’arrangeant au cours des 4 chapitres ! Par dessus cela, le drame psychologique de la relation entre les deux jeunes amoureux : Ryûsuke qui aime éperdument Midori mais ne peux pas lui avouer son crime, et elle qui ne comprend pas pourquoi il est distant avec elle…

Le Mort amoureux

J’ai passé un très bon moment en lisant cette histoire, les dessins sont comme d’habitude assez réalistes, un peu glauque voir carrément trash quand il le faut. Junji Ito arrive parfaitement à rendre l’horreur ou la résignation dans un visage… Un grand maître ! Le côté film d’horreur classique n’est pas pour me déplaire non plus : des histoires d’esprits, de folies meurtrières, de superstitions et de légendes urbaines… un régal.

Comme l’histoire est courte, un livre de 200 pages, je le conseille à tout ceux qui voudraient découvrir cet auteur !

Une très bonne lecture pour débuter le challenge ABC Littératures de l’Imaginaire 🙂

challenge de l'imaginaire ABC 2014

« Le nouvel Angyo Onshi » de In-Wan Youn & Kyung-il Yang

Le nouvel Angyo OnshiJ’ai profité de la dernière Masse Critique de Babelio pour me faire un petit plaisir et relire un manga que j’ai découvert et dévoré il y a 2 ou 3 ans : Le nouvel Angyo Onshi du duo sud-coréen In-Wan Youn et Kyung-il Yang. Et bien qu’il soit créé par des coréens, il ne s’agit pas d’un manhwa, mais bien d’un manga seinen : cette série de BD à été d’abord publiée au Japon dans un magazine spécialisé, Sunday GX.
Un ami me les avaient prêté dans leur édition française originale… épuisée depuis un petit moment. Heureusement Pika Edition les réédite en version « 2 tomes en 1 ». L’idéal pour commencer cette collection perso, moi qui ai toujours hésité à me les acheter d’un bloc sur le marché d’occasion.

Le nouvel Angyo Onshi nous emmène dans un monde en proie au chaos : l’empire Jushin a sombré avec la mort de son Empereur. Mun-Su, un homme seul et déterminé à faire respecter la justice parcourt ces contrées à la recherche de gouverneur corrompus.
Grâce à ses pouvoirs d’Angyo Onshi et son mahai à trois chevaux (une sorte de médaille enchantée), il peut invoquer une armée composée des soldats morts de Jushin, qui l’aident à combattre ses ennemis.
Au cour d’une de ses aventures, il rencontre son Sando (son garde du corps) en la personne de la jeune, jolie et très dangereuse Chun-Hyang… Qui va apprendre en même temps que nous à connaître et faire confiance à Mun-Su.

Le pouvoir du mahai

Les thèmes de ce manga oscillent entre légendes coréenne dont les auteurs se sont inspirés pour leurs personnages et situations, les mondes fantastiques orientaux et occidentaux, teinté d’un brin de steam-punk… Le tout dans un univers assez sombre et oppressant, où vivent esprits, démons, maîtres de illusions… mais aussi des chauves-souris velues kawaii comme celle qui s’entiche du héros 😉
Ce mélange donne un cocktail assez original finalement, et on se plonge très rapidement dans l’histoire… Et le dessin sert parfaitement le récit par son dynamisme et sa finesse !
Dans ce premier volume Mun-Su vit différentes aventures, qui vont poser les bases du récit : comment il récupère son fameux serre-tête et du même coup les services de Chun-Hyang ; la présentation de son gros point faible : ses problèmes respiratoires qui le rendent peu endurant ; mais aussi celle de son super pouvoir donnés par son mahai ! En le brandissant et en criant « Voici venir l’Angyo Onshi », c’est une véritable armé des morts qui vient le servir !

Chun-HyangIl faudra attendre le prochain volume pour découvrir mon personnage préféré dans l’histoire, L’Écuyer  qui par son humour dédramatisera un peu les situations, qui dans ce premier volumes peuvent paraître assez dramatiques.
Il faut avouer que Mun-Su à un sacré caractère… On se demande souvent de quel côté il est : celui du Bien ou du Mal ? Dans tous les cas, il est du côté de la justice… ou du moins la sienne ! Il n’hésite pas à menacer de mort les paysans qu’il vient « sauver », les exhortant à se défendre seul contre les persécuteurs, et de ne rien attendre de personne. Bref, un personnage de héros assez atypique, nuancé et assez qui promet des moments intéressants.
Ce caractère d’anti-héros crée quelques hésitations du côté de Chun-Hyang qui elle semble plus manichéenne dans sa perception du bien et du mal… Je ne dirai pas qu’elle parait niaise par moment, mais presque 🙂 (il faut dire que dans le délire « je me bat au trois quart à poil » n’est pas là pour aider à la rendre plus profonde…).

Une série à découvrir d’urgence si vous ne l’avez pas encore lue !
De mon côté je vais continuer tranquillement cette nouvelle collection… c’est du bon du début à la fin ! Et finalement, j’avais oublié pas mal de détails de l’histoire, c’est donc un plaisir de le relire !
Et merci à Babelio et à Pika Edition pour cette lecture !

Babelio Masse Critique

 

« Ikigami » de Motorô Mase

La série de manga Ikigami de Motorô Mase, c’est pour moi la sortie numéro 1 de ces dernières années en France : on a commencé à le découvrir en 2009, bien que sa parution ait débutée au Japon en 2005. Seinen choc, le 10ème et dernier volume est enfin sorti il y a quelques semaines, et clôt parfaitement cette dystopie qui m’a tenu en haleine ces dernières années !

Dans un pays d’Asie, de nos jours, l’état a mis en place la « loi de prospérité nationale ». Encore enfants, les citoyens reçoivent une injection. 1 sur 1000 contient une capsule qui provoquera la mort de celui qui la reçoit entre ses 18 et 24 ans : cette procédure permet au peuple de se rendre compte de la valeur de la vie au travers d’une « mort honorable » pour le bien de la société. 24 heures avant sa mort programmée, celui qui décédera a la visite d’un membre de l’administration qui lui délivre son préavis de mort, l‘ikigami.
On suit l’histoire de Kengo Fujimoto, fonctionnaire chargé de délivrer les ikigamis, et celle des personnes à qui il apporte cette funeste nouvelle. A force de les côtoyer, Fujimoto va peu à peu avoir des doutes dans le système et la loi de prospérité nationale… ce qui va faire de lui insidieusement un traître à la nation.

Durant ces 10 tomes et 20 chapitres, on apprend à connaitre l’univers où évoluent ces personnages : une dictature certes, mais loin des clichés du type ex-URSS ou Corée du Nord. On pourrait être au Japon, dans un pays démilitarisé, très moderne… La population est maintenue par des lois comme celle de la prospérité nationale, mais aussi une propagande et manipulation médiatique, et une surveillance discrète par diverses administration des « dégénérés », ceux qui critiquent le système, et leurs remise en service après une rééducation.

L’intérêt de l’histoire est double, et est plutôt bien rendue par la structure narrative. A chaque épisode, on découvre le coeur de l’histoire : comment réagiriez-vous si on vous apprenez qu’il ne vous reste que 24 heures à vivre ? La plupart des personnages cherchent à revoir leurs famille, faire le bien autour d’eux… alors que d’autres craquent, cherchent à se venger d’injustice en tuant, commettant des attentats… au risques de jette la honte et le discrédit sur leur famille à leur mort. De beaux moment d’émotion, qui permet effectivement de se questionner sur la valeur de la vie, d’un point du vu personnel et global.
L’autre axe, c’est de voir comment le héros de l’histoire va prendre ses fonctions dans l’administration chargée de délivrer les préavis de mort, comment il va gérer ses premières livraisons, et au fur et a mesure que le temps passe et que les rencontres se font, les questions qu’il se pose sur l’intérêt de tuer 1 jeune sur 1000.

Si dans les premiers volumes on s’intéresse au « comment » de la mise en place de la loi de prospérité nationale (vaccination dans les écoles, dossiers matchant injection et ikigami …), on découvre bien le « pourquoi » de la loi dans le 10ème tome, à mon grand bonheur ! Il y a des séries qui se terminent en queue de poisson, ou de manière très molle, faute de puissance narrative ou d’objectifs clairs de fin de l’auteur. On n’est clairement pas dans ce cas, la série est très bien construite… et pour ne rien enlever, bien dessinée ! Le trait de motorô Mase rend bien toute la tension et l’horreur de certaine scène, tout en étant clair et précis.
Forcément on pense à de grands classique de la contre-utopie, comme 1984 de George Orwell (surtout dans ce dernier volume axé sur la rééducation et la guerre), ou des romans plus récent comme la série des Hunger Games (en moins musclé)… Mais Ikigami ne fait pas que copier, il s’en inspire pour créer un univers original, qui nous permet de nous mettre en garde et de réfléchir par nous même sur le monde qui nous entoure.

Une série vraiment géniale, parfaite pour les fans de SF dystopique, qu’on soit branché manga ou pas !

« Le pays des cerisiers » de Fumiyo Kono

Une découverte manga pour compléter ma case « végétal » du challenge Petit BAC 2012, un livre prêté par Petite Fleur (qu’elle commente ici). Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, vu que je n’en avais pas du tout entendu parler. Il est pourtant sorti il y a quelque temps au Japon, 2003, et en 2006 en France. Une éternité en somme ! De plus il a reçu le Prix Osamu Tezuka de la meilleur nouveauté en 2005, ce qui laisser présager le meilleurs…

Vu l’histoire, on peut s’attendre à un vrai voyage au coeur de l’histoire japonaise : nous suivons au travers le destin d’une poignée de personnages les évènements d’Hiroshima et de son bombardement en 1945, en nous focalisant sur les survivants, ceux qui ne sont pas morts sous les bombes atomiques, mais des séquelles de celles-ci… On rencontre la première génération des irradiées qui meurent encore de la bombe des dizaines d’années plus tard, et leurs enfants qui souffrent de maux transmis par leurs parent et les sols contaminés. On découvre réellement que le Japon, et surtout ses habitants, ont souffert plus que nécessaire de la Seconde Guerre Mondiale. Des destins brisés, des familles séparées… mais au delà de tout cela l’espoir de se voir encore en vie.

Bref, plein de bons sentiments… Mais ça s’arrête là pour moi !
Si le dessins classiques et délicats passent vraiment bien, je suis moins fan du scénario. J’ai été rapidement perdue entre les aller et retour entre le passé et le présent, je me suis mélangées un peu entre les période, et j’ai eu un mal de chien à reconstituer les liens familiaux entre les différents protagonistes… Pas évident d’être réellement émue quand on essaye de coller les morceaux !

C’est dommage, car le tout premier chapitre se suffisait à lui même : on suit la vie d’une jeune femme, survivante de la bombe d’Hiroshima, qui vit sa vie de tout les jours en 1955, 10 ans après ces sinistres évènements. Elle voit des amis, fait de la couture, a un amoureux… mais est toujours hantée par ce qu’elle a vu lorsque la ville a été bombardée : les cadavres calcinés, les gens blessés… L‘histoire est belle et la fin est très touchante. Et après la force de celle-ci, les autres chapitres sont inutiles je pense !

Bref, un manga sympa à lire, mais que ne m’a pas non plus transcendée… Bien, mais pas top quoi :-/

« Le chien gardien d’étoiles » de Takashi Murakami

Dans la série « les histoires qui sont à deux doigts de me faire tirer une larme », bonne pioche avec Le chien gardien d’étoiles que Petite Fleur m’a prêté (et chroniqué ici).
Je suis passée à côté de ce manga lors de sa sortie française l’an dernier, ce qui est bien dommage vu la qualité de ce « one-shot » (histoire en un seul album) !

L’histoire commence comme ceci : les policiers retrouve dans un champ une voiture en mauvaise état, avec le cadavre d’un homme dedans, mort à priori depuis 12 à 18 mois… A côté de lui, un autre corps, celui d‘un chien, mort depuis 3 mois…
Qu’a t-il bien pu se passer dans cette voiture ?
Dans les deux chapitres qui composent ce livre, on va apprendre de quelle manière un homme et ce chien vont arriver dans ce champ : au travers les souvenirs du chien, et ensuite par l’enquête que va mener un employé  de l’assistance sociale chargé de découvrir l’identité de l’homme décédé.

Durant cette lecture, et plus particulièrement dans le premier chapitre, j’ai sans cesse été touchée par la fausse légèreté qui se dégage de l’histoire vu par le chien, qui va accompagner littéralement son maître jusqu’au bout de la route… On est dans le schéma classique mais toujours efficace du chien fidèle, à l’esprit pur car sans hypocrisie, dévoué à son maître , qui ne demande rien d’autre que l’attention de son « papa », et qui finalement vaut mieux que pas mal d’être humains. Simple, mais beau… et très triste… Le chaos qui va progressivement se créer dans la vie de son maître prend une autre dimension dans le regard du canidé, qui voit au fur et a mesure ses petites habitudes (promenade, gamelle…) changer au gré de l’évolution de la vie familiale. Un vraie critique sociale finalement, sur la société qui change, où quelqu’un peut disparaître sans que qui que ce soit s’en inquiète…
Ce genre d’histoire, à base de chien ou chaton, ça fonctionne du feu de dieu sur moi :'(. Cette partie du récit n’est pas sans me rappeler  Tombouctou de Paul Auster.

Le second chapitre a un peu plus de mal à se mettre en place (au début je pensais qu’il s’agissait d’une histoire différente), mais a l’intérêt de donner un autre point de vu, celui de l’assistant social, et de raconter l’histoire sous forme d’enquête, et souvenirs personnels à base de petit chien… Et ceux-ci sont presque aussi triste que la première histoire.

Bref, un superbe manga, très beau, aux dessins qui collent bien (surtout les bouilles kawaii des chiot… bouh !). Je comprend mieux pourquoi les lecteurs de Manga News l’ont élu comme meilleurs « one-shot » 2011 ! Enfin « one-shot »… attendez vous à voir un tome 2 paraître un de ces jours, puisqu’il y en a un déjà édité au Japon ! 🙂
Jetez-vous dessus si vous ne l’avez pas encore lu, amateurs de manga ou non !

Ah, et pour le coup, je vais utiliser ce livre pour le challenge « Petit BAC 2012« , catégorie « Métier ou fonction » (oui, gardien… :))

« Bride Stories » tomes 1 à 3 de Kaoru Mori

Un peu de beauté dans ce monde de brutes ne peut pas faire de mal… Et c’est là tout l’intérêt de cette série de manga dont la parution a débuté en 2009 au Japon, et mise sous le feu des projecteurs au Festival d’Angoulême 2012 ! Difficile de passer à côté en ce début d’année !

Bride Stories se passe en Asie Centrale à la fin du 19ème siècle, et concentre sur le personnage d’Amir. Âgée de 20 ans, et venant d’une tribu nomade, elle se retrouve mariée à un jeune homme d’un clan sédentaire, Karluk, alors qu’il a à peine 12 ans…
On suit sa vie quotidienne au sein de sa nouvelle famille : les repas, l’artisanat, la chasse, les relations avec la belle famille… Jusqu’au jour où le clan d’Amir décide de la reprendre pour la marier à une famille plus puissante !

Autant le dire tout de suite, malgré les petites guerres de clans très anecdotiques, l’histoire n’est pas super palpitante. Tout l’intérêt de Bride Stories pour moi se trouve dans le tableau peint de cette culture d’Asie Centrale. Avec une précision d’historienne ou de sociologue, Kaoru Mori rend vivants ses personnages, et nous aide à mieux comprendre leurs motivations, les villes qu’ils ont bâtit, leur art… On à l’impression sous sa plume de voir (re)naître un monde cohérent, et tout simplement beau.
Ils sont rares les mangas qui me touchent graphiquement parlant, et là, j’en tiens un ! 🙂
Les détails de certaines scènes sont époustouflants. En général les paysages, décors, costumes… sont de simples habillages de fonds, réalisé par les assistants du mangaka. Ici, ils sont au centre de l’histoire, et je ne serait pas étonnée que Kaoru les réalisent elle même ! De vrais morceaux de bravoure !

C’est d’autant plus dommage que l’histoire ne soit pas réellement à la hauteur, bien que le sens de la narration soit maîtrisé et qu’on lise les 3 tomes parus avec plaisir !
Enfin je suis peut être un peu dure… Si le premier volume était un peu trop shojo / shonen pour moi (les inévitables enfant trop « kawaii », Amir dans le rôle de la super chasseuse, l’arrivée des « méchants » vraiment trop dark…), le second et surtout le troisième se rattrapent un peu, en axant plus le récit sur le volet socio-historique de la région, les moeurs de ses habitants… Au travers le regard d’un chercheur européen venu dans la famille de Karluk pour étudier ces peuplades.

Bref, j’aime bien ce manga, et je lirai bien entendu la suite si elle reste à la hauteur des précédents (pourvu que la série ne traîne pas en longueur !)… Il fait rêver malgré tout, et reste très agréable à lire, et à contempler !

« Detroit Metal City » de Kiminori Wakasugi (Etat du Michigan)

A priori cette série de manga n’aurait rien à voir avec le challenge « 50 états 50 billets«  et l’état du Michigan, si ce n’est son titre, car l’intrigue se déroule au Japon… mais il est pour moi l’occasion de parler un peu d’un genre musical que j’aime, le métal justement, et de la ville de Detroit !

Detroit Metal City est une parodie et un réel hommage à la scène métal et au style shock rock (rock et métal où les paroles, prestations sont conçues pour choquer, comme des scène de pendaison ou masturbation en concert, gobage de chauve-souris…), type Alice Cooper, Kiss, Iggy Pop, Twisted Sisters, Marylin Manson, Rob Zombie… le tout à la sauce japonaise : c’est une série pas sérieuse du tout et totalement absurde! Et c’est tant mieux, on se marre vraiment en suivant les tribulations du groupe DMC…

On suit Sôichi, qui vit un véritable dilemme… Le jour il est un chanteur pop fan de mode qui essaye désespérément de percer avec des chansons mièvres. La nuit il devient Johannes Krauser II,  le leader ultra charismatique du groupe DMC, compose des textes trash et joue un métal brutal, grimés en noir et blanc et habillé en  armure d’opérette, cape et platform boots !
Et bien entendu, une face ou l’autre de son personnage surgissent aux moments les plus inattendues et inopportuns ! Pourtant le gentil Sôichi fait tout son possible pour cacher l’irrévérencieux métalleux qui l’habite, et bien entendu personne ne sait qu’il est le célèbre chanteur de métal… mais quand il est en difficulté, le Krauser en lui vient toujours à son secours ! Tel super-man, il revêt son costume de scèneet devient un autre homme !
Un classique de l’humour, ce côté Dr Jekyll et Mr Hyde, mais ça passe bien et on se prend des fous rires devant certaines situations ou jeu de mots à la con 🙂

Les personnages secondaires sont excellents aussi ! La manageuse de leur label Death Record, les autres du membre du groupe Jagi et Camus, avec une mention spéciale pour ce dernier qui est un véritable pervers. On notera aussi au passage Yuri, avec qui Sôichi essaye de flirter, mais s’en prend toujours plein la poire par Krauser ^^
Autre personnage récurrent terrible, l’homme-porc, un masochiste en sous-vêtements féminin et talon haut qui aime à se faire maltraiter par les membres de DMC sur scène…
Sans oublier les autres groupes de métal, parfois amis ou ennemis, qui ont chacuns leur petit trucs sur scène pour se distinguer de leurs concurrents dans le cœur de fans (le groupe spécialisé dans la coprophilie, le groupe de punkette, les méga brutaux…).

Côté dessin, en revanche, ce n’est pas du grand art, mais finalement ça s’améliore un peu dans le temps, et ça ne colle pas mal avec le côté grand guignol de la série !
Saluont la traduction, qui à réussi a garder le côté comique de certains jeu de mots, sans tomber dans le pur franchouille (garder les anglicisme et tout) 🙂

Je conseille donc cette série aux amateurs de métal : les clins d’œil aux grands groupes font vraiment plaisir 🙂
La série n’est pas trop longue, 10 tomes, de quoi maintenir à peu près le rythme de bout en bout (il y a un petit coup de mou sur les tome 4-5 je dirais, mais rien de grave).

Mais revenons au Michigan ! Le nom du groupe DMC est une directe référence à sa scène métal et rock  de Detroit : elle est inspiré de la chanson de Kiss Detroit Rock City… Il faut dire que cette ville a été un tremplin pour par mal de groupe de métal classiques : Alice Cooper, Iggy & The Stooges, Kiss…

Alice Cooper

Detroit semble être l’endroit idéal pour le shock rock… elle a tout pour mettre la haine :x. Située avantageusement auprès des Grands Lacs du nord des USA, elle devient une grande ville industrielle au court du XXème siècle, et devient la capitale de l’industrie automobile. Sa population explose, mais au détriment de la qualité de vie : création de banlieue pauvres, pollution… Dans les années 70 des émeutes enflamment la ville et son particulièrement meurtrières. Aujourd’hui encore, le seuil de pauvreté est deux fois plus élevé à Detroit que dans les autres villes du pays… Et l’Etat du Michigan ne s’en sort pas mieux : celui-ci est en récession continue depuis 2001, et un des taux de chômage les plus élevé du pays.

Bref, le Michigan et Detroit, c’est pas particulièrement la destination vacances rêvée

« Over Bleed » de 28Round

Une petite série de manga de baston pour changer un peu… Il me fallait quelque chose de léger pour me remettre de La Horde du Contrevent ! Pour le coup, j’ai lu le 3ème et dernier tome d’Over Bleed, du collectif 28Round, composé du dessinateur Jungki Park et du scénariste Sang Young Jun.

Kei et son meilleur ami Akira sont les têtes de turcs de leur lycée, ils se font battre et humilier à longueur de journée… Dépassés, ils décident ensemble de se suicider en se jetant du haut d’un pont dans une rivière. Si Kei s’en réchappe, Akira lui demeure introuvable et est considéré comme mort…
Quelques mois plus tard, Kei tombe sur une site Web sur une vidéo de combat de rue où il croit reconnaitre un Akira métamorphosé, surnommé Bunen, infliger une correction à d’autres combattants ! Il n’a plus qu’une idée en tête : retrouver Akira ! Et pour cela il n’a qu’une seule solution : devenir lui même un combattant urbain

Voilà, rien de bien intellectuel la dedans, mais une bonne histoire de baston qui n’est pas sans rappeler les principes de Fight Club, mais plutôt à base de frustration, vengeance et de dépassement de soi !
Le manga est plutôt bien dessiné, très dynamique dans le trait et dans sa structure de cases. Les dessins semblent lacérés sur les pages, ce qui m’a donné une réelle impression d’énergie et de mouvement… Pour le coup j’ai préféré ce traitement à celui de La Mosca par exemple…
Côté scénario on avance de manière assez classique, crescendo. Kei va d’abord affronter des adversaires « faciles », pour en rencontrer de plus en plus coriaces. Même s’il s’avère être un combattant de génie, il en prend plein la tronche et doit beaucoup à son pote Kôta, boxeur, qui le remet systématiquement en place quand il fait des erreur lors de ses combats.

Bref, pas le manga du siècle mais une série courte (important ces derniers temps), équilibrée, et agréable à lire !