« Homo Disparitus » d’Alan Weisman (Etat du Dakote du Sud)
Pour traiter du Dakota du Sud dans le cadre du challenge « 50 états, 50 billets » j’ai un peu innové, en ne lisant pas un roman mais un essai : Homo Disparitus du professeur et journaliste Alan Weisman, édité en 2007. Biologie, géologie, histoire, astronomie… toutes ces sciences sont au service de la question que se pose l’auteur : que deviendrait la Terre si l’Homme disparaissait du jour au lendemain de sa surface ?
C’est un véritable monde post-humain que nous décrit l’auteur. On se préoccupe finalement assez peu de ce qui pourrait nous faire disparaître (maladie, guerre, enlèvement OVNI…), mais on a ce parti pris de départ : les êtres humains ne vivent plus sur Terre, mais les animaux et les plantes restent dans l’état dans lequel nous les abandonnerions.
Est-ce que la nature arriverait à reprendre ses droits ? Retrouverait-on certaines régions dans l’état dans lesquelles nous les avions découvertes ? L’homme est-il naturellement un pourvoyeur naturel de grand cataclysmes ? Quel impact ont les produits chimiques que nous utilisons depuis la moitié du 19ème siècle et pendant combien de temps en retrouvera-t-on des traces ? Les animaux pourront-ils vivre sans nous ? Restera-t-il une trace de nos grandes constructions et de nos oeuvres d’art ?…
Que de questions, et que de réponses ou tentatives d’analyses ! Je lis assez peu d’essais ou de textes de ce type, et celui-ci m’avait beaucoup intéressé par son concept d’un monde sans hommes, comme dans les récits de SF tels Demain, les Chiens de Clifford D. Simak, les Chroniques Martiennes de Ray Bradbury, Les enfants d’Icare d’Arthur C. Clarke… Je retrouve aussi ce que j’avais beaucoup aimé dans l’essai / catalogue d’expo de l’archéologue suisse Laurent Flutsch, Futur antérieur, qui réinterprète les objets de notre quotidien au travers le regard d’un archéologue de l’année 4002.
En nous parlant de ce que la Terre sera demain, Alan Weisman nous explique où on en est aujourd’hui (et c’est pas toujours super joli…)
Au delà de cela, on est bien dans un livre à vocation écologique, qui a su tout de même renouveler ma vision écolo-catastrophique : pour faire simple, la nature de toute façon gagnera toujours, elle s’adapte, et finira par effacer les trace de l’humanité… Cela a au moins l’avantage de replacer l’humain dans ce contexte, où les échelles de temps géologique remettent tous les compteurs à zéro, et où la vie a souvent connu des quasi extinctions pour repartir de plus belle, comme je l’avais déjà appris dans Alpha… Directions de Jens Harder .
Ces propos sont étayés d’exemples historiques (l’extinction des Mayas, la destructions des Merveilles du Monde…), d’analyses par des experts dans différentes sciences naturelles ou physiques. Bref, de quoi donner corps et du crédit à ses thèses.
Une découverte et lecture sympathique si je puis dire… Forcément après un livre comme ça on se pose beaucoup de questions sur notre consommation énergétique, alimentaire… et on se dit qu’on fil un bien mauvais coton !
Un essai très interessant qui pronne la décroissance globale qui m’est si chère 🙂
Nous faisons un très rapide passage par le Dakota du Sud dans cet essai, lorsque l’auteur s’intéresse au sort futur du Mont Rushmore qui se trouve dans cet état.
Monument symbole des Etats-Unis, tous le monde a déjà vu des images cette montagne sculptée à l’effigie de quatre grands présidents américains : George Washington (père de la nation), Thomas Jefferson (rédacteur de sa Déclaration d’Indépendance et des Droits), Abraham Lincoln (émancipateur et unificateur) et Théodore Roosevelt (qui, on l’apprend dans Homo Disparitus, a fait creuser le canal du Panama qui relie deux océan… et a fait du coup des USA le centre de l’économie mondiale).
C’est le sculpteur Gutzon Borglum qui a eu le privilège de s’atteler à la tâche dès 1923, et de produire cette oeuvre monumentale qui survivra à l’humanité : haute de 18 m sur un mont de 1745 m d’altitude, couvrant une superficie de 5 km², et scupté dans une montagne de granit… L’érosion aura fort à faire pour effacer le visage de ces icônes des Etats-Unis : d’après les géologue, le Mont Rushmore ne s’érode que de 2 cm tous les 10 000 ans… ce qui fait que le monument résistera 7,2 millions d’années !
Le Mont Rushmore se trouve près des parcs des Badlands et des Black Hills, célèbres pour leurs prairies, cavernes gravées de pétroglyphes et troupeaux de bisons américains… Cette région assez sauvage et naturelle possède d’ailleurs beaucoup de parcs nationaux. Il n’en faut pas plus pour me faire rêver de belles balades et randonnées 😉
Une des célébrité de l’état (que j’ai hésité à lire pour cette étape du challenge) est Laura Ingalls Wilder ! Et oui, la petite fille de La petite maison dans la prairie qui avant d’être une série à succès est une série de roman pour enfants, racontant l’épopée de la famille Ingalls… qui vivent un moment dans le Dakota du Sud (on peut le découvrir dans les romans La petite ville dans la prairie et Un hiver sans fin). D’ailleurs sa maison d’enfance existe encore et peut être visitée… Avis aux amateurs 🙂
Le Dakota du Sud a été habité assez tôt par les amérindiens, dès 5000 avant J.C. ! Bien entendus, différents peuples et tribus se sont succédés sur ces terres…. et lorsque les Européens arrivent en 1743, se sont les Sioux qui dominent ce territoire. Comme bien souvent, se sont des explorateurs français qui ont annexé ces terres au profit de la Louisiane française. En 1803, la France vend la région aux Etats-Unis… et se sont Lewis et Clark qui lors de leur fameuse expédition vont commencer à vraiment explorer le Dakota du Sud. Le premier poste commercial de fourrures installé à Fort Pierre en 1817 lancent le signal pour la colonisation de la région, qui comprend alors les deux Dakota, et un peu du Montana et du Wyoming.
Les spéculateurs commencent bâtir des villes, à racheter des terres aux Sioux… Puis vient le chemin de fer, et une ruée vers l’or dans les Black Hills. De quoi mener à d’inévitables conflits entres Indiens et Européens… voir des massacres purs et simples de population Sioux par l’armée. Après sa séparation avec le Dakota du Nord, le Dakota du Sud rejoint l’Union en 1889.
En 1930, le Dakota du Sud subit le Dust Bowl : plusieurs mauvaises récoltes, les champs envahis de poussière du à l’agriculture intensive et une mauvaise météo… Les fermes ensevelies sont abandonnées, les agriculteurs sont ruinés, les banques ferment… Il faudra attendre la Seconde Guerre Mondiale pour redresser la barre de l’état !
Heureusement aujourd’hui le Dakota du Sud s’en sort plutôt bien entre les revenus touristiques, ceux issus de l’agriculture et les compagnies financières qui s’y sont installées.
Situé à cheval entre l’Ouest et le Middwest, le Dakota du Sud est aussi entre deux fuseaux horaires ! La séparation se fait vers Pierre, la capitale de l’état.
Le climat et les paysages suivent aussi cette séparation : l’est bas et plus pluvieux, et aussi plus fertile, l’ouest plus haut, est composé de reliefs accidentés et arides.
Voilà donc un état qui ne paye pas de mine avec ses 814 000 habitants, mais qui à une richesse de paysages qui me donne envie de le découvrir… D’ailleurs je l’ai mis sur ma future « route touristique » américaine, entre le Colorado un peu plus au sud et Yellowstone à l’ouest 😉