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« Mort d’un parfait bilingue » de Thomas Gunzig

Troisième livre du challenge de littérature belge, qui me permet d’accéder au statut de « Petit Belge »… mais je compte bien continuer pour accéder au statut de « Gros Belge » 😀

En cherchant mes auteurs belges, j’ai été heureusement surprise en voyant que Thomas Gunzig est belge ! J’ai découvert et adoré cet auteur avec 10 000 litres d’horreur pure : Modeste contribution à une sous-culture, lors d’une lecture pour le Circle challenge ABC.
Thomas Gunzig est né en 1970 à Bruxelles, et y vit et travaille encore en tant que chroniqueur d’une émission radio. Un vrai belge, en somme 😉

Mort d’un parfait bilingue se déroule dans un pays et une époque qui ressemble presque à nos contrées européennes contemporaines… j’ai donc envie de dire que c’est une contre-utopie.
Le narrateur est un paumé qui vit au milieu d’une faune peu recommandable : Moktar l’ancien soldat slovène, Dao Min combattant vietnamien survivant d’une sale guerre, Mme Scapone veuve d’un ouvrier militaire, Suzy la soeur de Moktar fraîchement arrivée du pays tombée amoureuse d’un vendeur de TV, … qui vont le conduire à se salir les mains plus d’une fois…
Rien qu’en présentant les personnages, tout est dit : dans cette société, tout tourne autour de la TV et de la guerre… et justement, la guerre est très bonne pour le business audiovisuel ! Notre héros va se retrouver à crapahuter devant les caméra de reporter dans un corps militaire très spécial, où les uniformes servent plus de panneaux d’affichage pour les annonceurs que de camouflage… Et que dire des missions humanitaires scénarisées à souhait ?! Bref, de la télé-réalité, des faux documentaires, des peoples pour faire monter la mayo… La TV quoi…

J’ai retrouvé ici le cynisme et l’humour de Thomas Gunzig que j’avais commencé à percevoir dans le roman cité précédemment. Ce roman est du grand n’importe quoi, mais bien mis en forme 😉
C’est un livre qui se dévore, et m’a beaucoup plu dans sa critique de la société de consommation de biens et d’images. Il m’a rappelé dans le même thème Acide Sulfurique d’Amélie Nothomb, mais en moins moral peut-être…
Tout les personnages ont un côté obscur, mais aussi des traits qui nous les rendent sympathiques… Tous ont été traumatisés par la guerre qui semble omniprésente à la TV mais éloigné du quotidien.  C’est cette guerre qui les rapproche tous, et les construits… mais surtout les lient dans une haine de l’armée qui joue avec leurs vies !

Bref, un livre que j’ai beaucoup aimé, et me donne envie de lire de nouveaux romans de Thomas Gunzig !

« Mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar

Nouvelle lecture pour le challenge de littérature belge organisé par Reka. J’aurais presque pu mettre ce livre dans le challenge « Balade en Italie » aussi… mais non… un livre, un challenge, n’en déplaise aux optimisateurs (je ne dirai peut être plus ça l’an prochain quand je serais dépassée par la quantité de lectures ;)).

Marguerite Yourcenar est une écrivain aux multiples nationalités, née en Belgique à Bruxelles, en 1903. Son père étant français, elle passe sa jeunesse dans le Nord de la France, et a donc la nationalité française.
Plus tard, elle voyagera beaucoup en Europe, mais finira par partir vivre aux Etats-Unis en 1939, et endossera la citoyenneté américaine en 1947. Elle finira ses jours dans le Maine en 1987.
Pour plus d’info, la biographique de Marguerite Yourcenar sur la Wikipédia.

Mémoires d’Hadrien, édité en 1951, est un véritable monument de la littérature… dans tous les sens du terme.
Pour moi c’est un classique, mais aussi un livre très dense, au style d’écriture agréable… mais pas toujours simple à appréhender.
Marguerite Yourcenar a mis plusieurs dizaines d’années à écrire ce livre, le temps de se documenter sur l’époque d’Hadrien (Ier-IIème siècle ap. JC) et de trouver la bonne manière de concevoir ce roman… Il ne s’agit pas d’une biographie d’Hadrien, mais la réalité des faits laissent supposer une certaine vérité dans ce roman, qui laisserai presque apercevoir la subjectivité de l’auteur.

Dans ce livre, l’Empereur romain Hadrien écrit à son petit-fils adoptif, Marc-Aurèle, ses mémoires sous forme de lettres. Sentant la mort approcher, il revient sur les moment fort de sa vie : sa jeunesse entre l’Espagne et Rome, son apprentissage à Athène, son début dans l’administration romaine ou comme chef de guerre… jusqu’à son adoption par Trajan, qui lui permet d’accéder au statut d’Empereur. Entre les trahisons, la politique, les guerres mais aussi la paix, les voyages dans les terres d’Orient, le choc des religions et des cultures… on voit se brosser le monde romain vu par Hadrien.
Mais ce qui m’a touché plus que cette vision historique, c’est le point de vu philosophique d’Hadrien sur la vie qui rend cette lecture très intéressante… j’ai parfois relu deux fois une page pour bien comprendre la portée d’un de ses messages.
Le plus touchant, c’est son rapport à l’amour… ce n’est pas pour rien qu’il a bâtit près du Mont Palatin le temple de Vénus et de Rome. Si Hadrien délaissait sa femme, il a vécu de grandes histoires sensuelle et sentimentales avec ses amants… Mais son grand amour est le jeune et magnifique Antinoüs, mort à 20 ans dans des conditions étranges, et qu’Hadrien élèvera au statut de dieu en mettant en place un culte en son honneur, la construction d’une ville à sa gloire en Egypte… et qu’on reconnait sur beaucoup d’oeuvres d’arts de cette époque, incarnant différents dieux (Hermès, Osiris…).

J’ai aimé le rapport à la réalité historique : ayant visité Rome fin octobre, et je me suis retrouvée par moment dans cette ville en lisant ce roman…  Le temple de Vénus et de Rome, le Colisée, le Panthéon, le temple d’Hadrien, mais surtout les sculptures d’Antinoüs… en lisant les descriptions de l’amant d’Hadrien dans ses lettres, je me suis souvenue des bustes et statues en marbre du musée du Vatican, qui représentaient un jeune homme magnifique.
Tout cela a renforcé mon envie de ne pas lire ce livre en diagonale, même dans les passages un peu ardus (paragraphes assez longs dans le style des textes de l’époque de l’Empire romain, où il vaut mieux ne pas rater une phrase…  et où les sujets politiques ou stratégiques ne sont pas toujours passionnant de mon point de vu).

Pour conclure sur les Mémoires d’Hadrien a été une lecture enrichissante, que j’ai apprécié… Je le conseille aux amoureux de l’histoire romaine, des idées et des beaux textes.

Temple d'Hadrien à Rome

Mausolé d'Hadrien, devenu le chateau Saint-Ange, près du Vatican
Buste d'Antinoüs au musée du Vatican

« Mercure » d’Amélie Nothomb

Une lecture rapide pour le fameux challenge de littérature belge de Reka… Des romans d’Amélie Nothomb, ce n’est pas ce qui manque chez moi, mon compagnon étant un grand fan de cette auteur,  j’avais l’embarras du choix !

Pour moi il y a deux grandes tendances dans les romans de Nothomb : ceux inspirés de faits autobiographiques, et ceux qui font une plus grand place à la fiction. Préférant ce dernier genre, je me suis orienté vers Mercure, vu que j’ai déjà lu la plupart des autres (Hygiène de l’assassin, Cosmétique de l’ennemi, Attentat, Acide sulfurique, Le journal d’Hirondelle, …).

L’histoire se déroule dans la Manche, dans les environs de Cherbourg, après la Première Guerre Mondiale. Françoise, infirmière, doit aller soigner une jeune fille de 23 ans, Hazel, qui vit sur une petite île avec comme seule compagnie un vieillard qui la considère comme sa fille. Celui ci interdit à Françoise toute questions déplacées à Hazel dans l’intimité de sa chambre. En effet, elle aurait été défigurée par un obus à la fin de la guerre, et supporterait très mal sa laideur… et c’est même pour cela que tout dans la maison est fait pour qu’elle évite de voir son visage qui la traumatise !
Va se nouer au fil des séances de soins une amitié entre Hazel et Françoise… qui au gré des confidences va en apprendre un peu plus sur les liens qui unissent le vieillard à la jeune fille…

Pas de surprise en somme, Mercure est bien un Amélie Nothomb pur jus !
On y parle des limites de l’amour et de la perversion, de la manière dont on fait forcement souffrir ceux qu’on aime réellement, des rôles de martyrs et bourreaux, des mystères du passé qui une fois dévoilés expliquent les comportements les plus extrémistes, de l’amitié comme un miroir, de la vie dans un huis clos qui se transforme en prison ou terreau pour s’affirmer…  A mettre en relation avec la pièce de Sarthre, Huis clos…  j’ai souvent pensé à ce texte en lisant Mercure.
Comme beaucoup de roman de cet auteur, la narration est construite sur un jeu de dialogue et de questions – réponses.
A noter qu’il existe deux fins pour ce livre, qui donnent chacune un éclaircissement différent sur cette histoire.

Côté relation à la Belgique, n’ayant pas vraiment de référent, j’aurais du mal à dire si le style Nothomb est typiquement belge.
Pour le petit topo Wikipédia, sachez juste qu’elle est bien belge, même si elle est née à Kobe au Japon, et vit la plupart du temps à Paris (fille d’un ambassadeur belge, c’est presque un sceau d’authenticité). D’après ce que j’ai lu de l’article, elle ne se sent pas vraiment intégrée en Belgique… Mais pourquoi donc oserais-je  demander aux belges qui passeront par là ?

Pour conclure, un roman de Nothomb sympa à lire, court et pas prise de tête. Si vous aimez le genre, vous ne serez pas déçus !

Challenge littérature belge

Après un week-end de recherche, j’ai trouvé mes titres pour ce challenge… et il apparaît déjà que 3 belges ne me suffiront pas !

Voici les heureux élus, tout droits sortis de ma PAL ou de ma LAL (optimisation…) :
Amélie Nothomb : Mercure
Thomas Gunzig : Mort d’un parfait bilingue
Marguerite Yourcenar : Mémoires d’Hadrien

Par dessus cela, je pense que je rajouterai :
– Jean Ray : Le grand nocturne
– Pieter Aspe : Le carré de la vengeance
– Thomas Owen
Contes à l’encre de la nuit

Je me serais bien lu aussi un J-H Rosny aîné, autre que La guerre du feu… Mais impossible de trouver un autre titre de ce précurseur de la science-fiction…