« Dans les forêts de Sibérie » de Sylvain Tesson

En ces temps de canicule j’ai cherché dans ma PAL un livre pour s’accorder avec la météo, et je l’ai trouvé ! Dans les forêts de Sibérie, de Sylvain Tesson, où l’auteur nous raconte son ermitage dans une cabane sur les rives du lac Baïkal en hiver et au printemps. Lire la neige et le froid sous 39°C, ça force l’imagination !
Sylvain Tesson, écrivain voyageur, décide en 2010 de poser son sac à dos dans une cabane à 500 kilomètres d’Irkoutsk en Russie, au bord du Lac Baïkal. Il va vivre seul dans une réserve naturelle, de février à juillet.
Il ne risque pas d’être dérangé par le voisinage, les plus proches habitants se trouvant à plusieurs dizaines de kilomètres. Bref, il rentre en ermitage et débute un voyage intérieur, avec pour seule compagnie des livres, un carnet et un stylo… et quelques litres de vodka.
Sous sa plume la magie du passage des saisons opère et je me suis bien projetée en Sibérie… un pays dont je rêve depuis des années. Le froid intense de l’hiver, le dégel, les premiers animaux qui sortent de la torpeur hivernale, puis le soleil, la pluie,… la vie qui revient sur les rives du lac !
Si Sylvain est seul, des visites ponctuent son séjour de 6 mois dans une baraque en bois de 9m² : des mésanges matinales, des amis qui viennent le voir quelques jours, ses nouveaux voisins gardiens, du parc ou pêcheurs… toujours prêts à boire un verre et manger du saucisson.
Loin d’un simple récit de voyage, ce journal est exigent. La réflexion de l’auteur n’est pas toujours aisée à suivre, et le vocabulaire utilisé donne parfois l’impression d’être ignare. Cet érudit met la barre haut et considère le lecteur comme son égal… surtout si on part du principe que ce récit est un journal de bord…
Mais il faut reconnaître que ça passe bien, avec l’alternance de ses réflexions philosophiques, d’introspection et de récits d’aventure (escalade des montagne, balades en forêt ou sur son kayak), découpés en courts chapitres quotidiens.
J’ai été conquise par son point de vue qui se rapproche beaucoup du mien sur l’écologie, la décroissance, l’organisation de la société… Par exemple la manière de se détacher d’une société qui ne nous convient plus en choisissant la neutralité de l’ermite plutôt que celui du militant ou du conformiste, ou encore voir la nature comme dernier refuge et apprendre par elle a apprécier l’instant présent, sans parler du pessimisme sur l’avenir de notre planète et toutes les questions que cela soulève (organisation sociale, culture des masses, parentalité…).
Ce qui est drôle avec l’histoire de ce livre, c’est qu’il ma été offert il y a 4 ou 5 ans par un collègue qui l’avait retrouvé en vidant son bureau, en me disant que me connaissant, il devrait me plaire. Venant d’une personne cynique comme il l’était, aujourd’hui ça ne m’étonne pas qu’il ait eu en sa possession ce bouquin… et finalement je suis flattée qu’il me l’ait donné 🙂
Une belle découverte que je recommande, qui me fait avancer dans le Challenge ABC.