« Inconnu à cette adresse » de Kressmann Taylor

Tant de points communs entre mes deux dernières lectures ! Comme pour L’ami retrouvé, j’ai choisi ce livre pour sa concision… une centaine de pages, à la veille de la fin du challenge ABC, c’était parfait. Choisis tous les deux dans une librairie de Bayeux en Normandie, ils traitent tous des débuts du nazisme en Allemagne, d’amitié et de culpabilité… Mais Inconnu à cette adresse utilisent d’autres leviers pour nous plonger dans cette période de l’histoire.

Dans les années 30, Martin Eisenstein et Max Schulse ont Tenu ensemble une galerie d’art à San Francisco, jusqu’au jour où Max décide de repartir en Allemagne avec sa femme et ses enfants. Dans un pays ravagé par la pauvreté suite à la Première Guerre Mondiale, il peut avoir une vraie vie de nantis avec l’argent récolté aux Etats-Unis. Correspondant par courrier, Martin donne à Max des nouvelles de la galerie, mais aussi de sa sœur qui est une actrice à Vienne, elle qui a été la maîtresse de Max… Mais au fur et à mesure de leurs échanges, Max commence à parler de leur nouveau représentant politique qui redonne de l’espoir aux allemands, Adolph Hitler… emballé par le Parti Nazi, il fini par renier son amitié avec Martin, qui est juif.

C’est étonnant de comparer deux nouvelles qui traitent de la même thématique, a deux jours de lecture d’écart… Je n’aurais pas réussi à faire mieux en timing si j’avais voulu le faire exprès !

Inconnu à cette adresse est construit d’une manière qui laisse place à l’ellipse et à l’imagination, puisqu’il s’agit d’un récit épistolaire. On suit les échanges de Martin et Max l’évolution de leur relation via quelques courriers. Je regrette juste la rapidité avec laquelle le comportement de Max change, agrémenté d’une froideur et d’une perversion qui me paraît peu crédible. Mais c’est une nouvelle… il faut aller vite.

Là où dans L’ami retrouvé, on était sur une réunion de deux personnages autour d’une amitié réciproque, dans Inconnu à cette adresse on est en pleine séparation de corps et de cœur de deux amis ! Une version adulte et cynique de la nouvelle lue hier, aux premières heures de l’Allemagne d’Hitler… Dans les deux histoires il est question de culpabilité, et ici elle est beaucoup moins subtile.

Côté récit, j’ai été assez enchantée par la tournure des choses sur la fin de la nouvelle… un petit retournement inattendu donne toute sa saveur à cette histoire.

Petit truc intéressant, cette nouvelle est parue en 1938 dans un magazine américain, avant que la guerre commence et bien avant que soit dévoilés au grand jour les horreurs de la déportation, des camps de concentration… Pourtant à lire cette histoire on a l’impression que l’auteure a prédit ce qu’allait être le régime Nazi. Un sacré flair, si je peux dire…

Une lecture rapide et intéressante… et surtout la fin du Challenge ABC pour 2019 🙂

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