« La femme sous l’horizon » de Yann Queffélec
Une fois de plus, le challenge ABC et sa dernière ligne droite m’a engagé vers des lectures que je n’avais pas du tout anticipées. Après des recherches d’auteurs pour la lettre Q, j’ai redécouvert l’auteur Yann Queffélec. Il y a plus de vingt ans au lycée je lisais Les noces barbares, un vrai livre coup de poing qui ne peut que résonner dans l’esprit d’un adolescent…
Dans la Lorraine des années 80, une famille vit en huis clos dans un manoir perdu au milieu des bois. D’origine russe, ce clan est régit par la grand-mère Zinnaïde, et ses fils : l’alcoolique et violent Vladimir et Lev le prêtre défroqué complètement effacé. Vladimir a deux fille, Zenia et Tita, qu’il élève seul, sa femme Carmilla étant morte dans un accident.
Mais le fantôme de Carmilla plane toujours sur la famille. Vladimir ne s’étant jamais remis de la mort de son épouse, il se venge sur la bouteille et sur Tita, qu’il frappe et fait boire dès ses premiers mois. Zinnaïde défend à quiconque de rappeler son souvenir ou de citer son nom… Qu’est-ce que cette femme a fait de si terrible ? Et pour le plus grand malheur de tous, Tita en grandissant ressemble comme deux gouttes d’eau à sa mère défunte… Quel destin peut bien l’attendre ? Pourra-t-elle échapper à sa famille et à l’ambiance étouffante du manoir de Baba Yaga ?
Nous suivons particulièrement Tita dans ce récit tragique, qui est constamment sous le signe du double. Tita et Carmilla se ressemblent comme des jumelles, et la jeune jeune fille va finir par se confondre totalement avec sa propre mère, comme habitée par son âme. Carmilla, la femme sous l’horizon, qui rythme le malheur de tous. Car oui, personne n’est heureux… comme dans un roman russe !
Petit éclair d’espoir, l’amour et la venue d’un enfant pourraient être sauver Tita… seulement si elle laisse sa haine et son doppleganger maternel derrière elle.
Dès les premières ligne on devine quel sera la fin, mais ce n’est pas grave, car c’est la manière dont la main du Destin va s’abattre sur cette famille dysfonctionnelle qui nous pousse à tourner les pages de ce livre.
Difficile de dire si Les noces barbares est mieux ou moins bien que La femme sous l’horizon… la thématique de l’enfance brisée et abusée est présente dans les deux livres pour les amateurs d’ambiances plombantes. Et aucun des personnages n’est appréciable… même si on comprend à tous leurs motivations ! Bref, une psychologie des personnages complexe et parfois déroutante.
Une très bonne lecture de mon point de vue, dans un univers à la fois dramatique et symbolique qui révolte et met parfois mal à l’aise.