« Le silence de la Cité » d’Elizabeth Vonarburg
Suite à la lecture des Chroniques du Pays des Mères d’Elizabeth Vonarburg j’ai eu envie de lire le roman qui l’a précédé, Le silence de la Cité, et quoi de mieux que le Challenge ABC – Littératures de l’Imaginaire pour s’en donner l’occasion ?
Tout comme son prédécesseur, on est dans de la science-fiction qui flirte avec le roman d’anticipation, dans une Europe post-apocalyptique.
Une superbe histoire, qu’il me tardait de découvrir après mon engouement pour les Chroniques du Pays des Mères, un de mes coups de cœur de l’année dernière.
La Cité, enfouie sous terre, a été le moyen pour une partie de l’humanité d’échapper au Déclin et à ses plaies : radiations, inondations, pollution, guerres, mutations génétiques… et surtout le virus T qui tue les enfants et fait naître dix fois plus de filles que de garçons. Mais après plusieurs siècles de séparation, les humains qui se sont enfermés dans la Cité n’ont plus grand-chose à voir avec ceux qui ont survécus sur la surface du globe. Ceux de l’Extérieur ont muté et ont surtout régressé au niveau technologique et social, livrés à eux même dans un monde devenu hostile…
Mais les humains des Cités sont victime d’une malédiction : il n’y a plus de naissance depuis des dizaines d’années, et le nombre de survivants se compte en dizaines.
Paul, un scientifique de la Cité, va sillonner le monde Extérieur, pour trouver des êtres humains dont les gènes pourraient combattre le virus T… A force de recherches et de tests, il finit par créer Elisa, bébé éprouvette aux pouvoirs de régénération extraordinaire ! Grâce à la maitrise de son corps, aucune maladie, aucune blessure ne peut avoir raison d’elle ! Plus que la dernière humaine de la Cité, Elisa est bel est bien la première d’une nouvelle race, celle par qui l’humanité devrait pouvoir être sauvée !
Difficile de résumer ce livre tant il est riche au niveau de la narration, et touche des dizaines et des dizaines de problématiques posées par les sciences et les nouvelles technologies : relations homme-robots, les dégâts d’une société où on ne vieillit plus (avec ses cortèges d’incestes et la stérilité de ses habitants), les avatars qui permettent aux cerveaux de continuer à fonctionner sans corps, les Intelligence Artificielles issues des pensées d’anciens vivants…
On passe aussi en revu les impacts sociaux d’une surabondance de filles à l’Extérieur, au mieux traitées comme des esclaves, au pire tuée car considérées comme fautives face à Dieu pour cette malédiction…
Bref, il y a plein de pistes à explorer dans ce roman très complet, qui brosse un univers dans lequel j’aime me perdre !
Notre héroïne, Elisa est comme une naufragée dans une cité souterraine, factice et désespérément vide, où vivants et morts se côtoient sans cesse au travers des corps réels ou artificiels. Comme dans un récit survivaliste qui tourne mal, la Cité faite pour protéger et permettre la sauvegarde de l’humain devient un cercueil où ne vivent que des robots. Cela n’est pas sans faire penser aux Chroniques Martiennes et à la nouvelle Août 2026 : Il viendra des pluies douces !
Mais heureusement, Elisa va finir par sortir, et mettre en place son grand projet pour les humains de l’Extérieur, ce qui nous permet de voir ce qu’est devenu notre bon vieux continent…
Ce qui m’a plus c’est que ce roman semble être la base des légendes et de la religion dont il est largement question dans Chroniques du Pays des Mères : Garde, Judith… et de d’essayer de discerner la part de responsabilité d’Elisa dans tout cela ! Finalement c’est une bonne chose de lire ce premier volume après le second : il est beaucoup question d’archéologie et d’histoire dans les Chroniques du Pays des Mères… J’ai eu l’impression de faire le même travail de recherche en lisant ce premier roman !
Du coup j’ai envie de relire les Chroniques du Pays des Mères pour essayer de démêler la légende du fait, maintenant que tout est frais dans ma tête !
Un très bon roman à découvrir en tous cas, même si pour moi les Chroniques du Pays des Mères est au-dessus tout de même pour moi… Si vous hésitez entre les deux, choisissez ce dernier !