« Le Maître du Haut Château » de Philip K. Dick
Ce que j’aime avec les challenges, comme le challenge ABC – Littératures de l’imaginaire, c’est de m’auto-imposer des lectures de grands classiques que je n’ai jamais pris le temps de lire… et s’il y en a un qui peut bien faire partie de cette catégorie, c’est bien Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick, que beaucoup considèrent comme son plus grand chef d’oeuvre. Preuve en est, cette uchronie écrite en 1962 a reçut le prix Hugo, haute distinction dans le domaine de la science-fiction.
En 1962, quinze ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les puissances de l’Axe se sont divisées le monde, après leur victoire fracassante contre les Alliés. L’Allemagne occupe toute l’Europe, la Russie, l’Afrique du sud, le Japon possède la côte Ouest des Etats-Unis, et l’Amerique du Sud, l’Asie, et l’Italie le nord de l’Afrique… Mais les rapports entre ces trois protagonistes ne sont pas aussi simples. L’Allemagne après des folies d’holocaustes et d’expansions territoriales à tout va, a entamée la course vers les étoiles, Mars et Vénus. Le Japon quant à lui reste les pieds sur terre et autonome… et semble devenir une épine dans le pied du Reich.
Au travers l’histoire de trois groupes de personnages, nous allons apprendre comment se présente ce nouvel ordre mondial, et les tensions entre chaque pays, et entre chaque corps administratifs, militaires ou politiques du Reich.
Mr Tagomi à San Francisco attends la visite de Baynes, ingénieur suédois qui se trouve être un espion allemand ; Franck Frink est un ouvrier juif qui cache ses origines, et qui décide de se lancer dans la confection de bijoux, qu’il tentera de vendre à l’antiquaire Childan ; et son ex-femme Juliana Frink va suivre Joe, un routier italien dans une virée à Denver…
Ce qui les relie ? La lecture du livre interdit en Allemagne nazi, La sauterelle pèse lourd, uchronie écrite par Abendsen qui présente un monde où les Alliés auraient gagné la guerre… Et aussi la présence d’un autre livre, une force et un personnage en lui même, Le livre des transformations ou Yi-King, qui permet à chaque personnage de prendre conscience de l’état du temps présent, et d’anticiper l’avenir.
Voilà donc un livre bien difficile à résumer ! Pour commencer, je dois dire que j’ai pris réellement plaisir à livre ce récit. Avec Philip K. Dick, j’ai des relations plutôt houleuses (Deus Irae, Loterie solaire, Ubik,…), et là, j’ai vraiment apprécié ma lecture, son rythmes, sa thématiques…
Même la fin qui est assez énigmatique ne va pas arrêter de me titiller et de me poser des tas de question à mon avis !
Autre chose que j’ai aimé, c’est l’intégration du Yi-King dans ce roman… J’étais une utilisatrice de cet « oracle » au début de ma vie d’étudiante, et je m’amusais à écrire des histoires en tirant au sort des hexagrammes. Il faut croire que je n’ai rien inventé, comme le laisse présumer la fin de ce roman ! En tout cas j’ai bien envie de me replonger dans ce livre de divination millénaire !
Les jeux de miroirs entre réalité et vérité, fiction et réel, ce qu’on sait et ce que les protagonistes savent… font de ce livre un petit bijou de mise en abyme. Dans quel monde vivent vraiment ces personnages ? K. Dick est-il le véritable Maître du Haut Château ? Et nous, que fait-on la dedans ?
Un livre à lire, surtout quand on commence à s’intéresser à d’autres uchronies sur le thème de « ce que le monde aurait été si l’Allemagne avait gagné la Seconde Guerre mondiale », comme Le faiseur d’histoire de Fry.
Et pour ne rien lui enlever, un très bon moment de lecture !
Mon premier P. K. Dick et ma première découverte de l’uchronie. J’avais adoré ce principe. Par contre, ma lecture ne m’a pas laissé beaucoup de souvenirs autres que celui d’une lecture complexe. Contrairement à toi je crois avoir préféré Ubik du coup.
Sur le même thème : « Fatherland » de Robert Harris, là aussi, les Allemands ont gagné la guerre.