« American psycho » de Bret Easton Ellis
Je me suis fait vraiment violence pour me replonger dans ce roman acheté à l’époque du franc (l’étiquette indiquant le prix dur la quatrième de couverture le prouve… 49,40F) et abandonné au bout de 30 pages… Presque 15 ans plus tard, après des années à me dire régulièrement qu’il faudrait bien que je lise ce monument de la littérature américaine, j’ai décidé de profiter du challenge ABC pour enfin le lire !
A 26 ans Patrick Bateman a tout du golden boy des années 80 : des costumes de grands couturiers, des cartes de visites très chics, une collections de produits de beauté anti-âges décadente, ses entrées dans tous les bars et restaurants hype de New-York, un métiers dans une entreprise cotée de Wall Street, une admiration sans borne pour Donald Trump… Sa vie n’est que luxe, luxure, entraînements au club de gym, coke, alcool, fête et un peu de travail pour la forme. Que ce soit lui ou ses amis, tout est dans l’apparence : on flambe, on ne discute surtout pas de sujets de fond… Comme pour exorciser cela, Patrick à une passion qui le dévore peu à peu : torturer et tuer.
Mon avis est assez mitigé je dois dire… Je comprend que lors de sa sortie en 1991 ce roman à fait scandale et est devenu de fait un best-seller. Mais aujourd’hui, je trouve qu’il a un peu vieillit malgré la plume élégante de son auteur.
En positif, forcément, l’écriture… j’ai aimé le style de Bret Easton Ellis. Même si le concept du livre veut que ce soit répétitif, axé sur la description, parfois lourd… La plume de l’auteur rend tout ça compréhensible, et nous plonge dans la folie de son personnage de manière intelligente. Malheureusement avec la traduction on doit perdre énormément des jeux de mots et allitérations qu’on devine au détour des méandres des pensée de Patrick Bateman… De plus il est a noté de nombreuses coquilles dans cette édition du roman.
La plongé dans l’esprit pervers et complètement dérangé du héros est aussi intéressante, car sa monomanie est assez amusante à la longue. Le coup de la sueur froide devant les cartes de visites de diverses nuances de blanc est une référence en terme de blagues au boulot, une private joke entre « ceux qui connaissent » via le film ou le livre.
Le personnage en lui même, ainsi que son entourage, est encore plus écœurant que les crimes les plus outrageants de Bateman : s’amuser des larmes des clochards en leurs faisant miroiter des billet d’un dollar, traiter les femmes comme des jouets sans cervelles (et de fait, elle n’en on vraiment pas dans le livre), considérer la classe populaire comme de la merde… Une population nombriliste qu’on est bien content d’avoir disparaître ces dernières années (en tout cas on les montre moins comme des exemples de réussite).
Les petit moins… l’ennui et la monotonie, qui est je pense voulue par l’auteur. Des descriptions sans fin de ce que portent tels ou tels personnages, à coup de marques de luxe (que je ne connais pas), ou encore le portrait par le menu des fonctionnalité de la meilleure chaîne Hi-Fi… et pour tout c’est comme ça. Sur le même ton, le rapport détaillé de ses parties de jambes en l’air, suivies de séances de tortures et de meurtres. On comprend bien comme ça que Bateman est un sacré sociopathe, mais à la longue on s’emmerde un peu quand même :-/
Et puis le fait qu’il me semble très surestimé aussi ce roman. Mais cela peut venir à mon avis de plusieurs choses.
D’abord que j’ai vu le film à sa sortie au cinéma… du coup je me souvenais un peu de la fin, beaucoup plus claire que dans le livre, et du coup la chute de cette histoire tombe un peu à plat.
Et aussi parce que beaucoup de gens autour de moi font l’éloge de ce livre en mode intello fans de psycho, bardé de petit commentaires sur les scènes de cul ou les moment gores « trop dégueulasses » dont les images seraient indélébiles… Bof :s
Comme me le disait Petite Fleur, on est peut être plus insensibilisés à ce genre d’images que dans le début des années 90, après des décennies de thriller reprenant cette recette… Mais ces scènes sont assez aseptisées finalement et m’ont assez peu marquées.
Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé, mais j’ai un petit arrière goût amer de déception tout de même… Je n’ai pas eu la « claque » que certains ont reçu en le lisant. Enfin au moins, cette fois, je l’ai ouvert et terminé !
Et cette souris alors ? Elle t’aura marquée ou comme moi tu vas vite l’oublier ?
Quand tu as commencé à m’en parler je me doutais un peu à quoi je devais m’attendre… En fait c’est pas une souris mais un rat, et je pense que je vais vite l’oublier, comme la plupart des anecdotes de ce roman :s
C’est ce que je me suis dit aussi, que le bouquin avait assez mal vieilli. Et puis je pense que l’âge y fait beaucoup : si j’affectionnais particulièrement ce genre de lectures il y a 15 ans, aujourd’hui ça me blase un peu (peut-être parce qu’on en a trop fait depuis)