« Histoires parapsychiques » – Collectif
En attendant le début des challenge de 2013, je passe le temps avec des petites histoires, pour de ne pas m’embarquer dans une saga ou un roman énorme.
Quoi de mieux qu’un recueil de nouvelles de SF alors ? 🙂
Je me suis plongée dans Histoires parapsychiques, sorti en 1983, qui regroupe une dizaine de nouvelles d’auteurs de SF plus ou moins connus (ou du moins, que je connais plus ou moins moi même). Il fait partie de la grande série de La Grande Anthologie de la science-fiction éditée dans les années 70-80. On retrouve donc un bon nombre d’auteurs de l’Age d’or de la SF !
Le fil conducteur entre ces nouvelles, c’est le parapsychisme… les pouvoirs qui vont au-delà de la connaissance du cerveau humain, comme la télékynésie, la télépathie… Ces « compétences » étaient considérés comme des sciences à part entière à la fin du 19ème, et souvent objet d’étude au 20ème siècle. Bref, on est bien dans le domaine de la science-fiction, et pas uniquement du fantastique.
Petit tour des différents récits du recueil :
- Sandy et son tigre d’Alex Apostolides est une nouvelle qui pose cette question : est-ce que les enfants n’auraient-pas des pouvoir parapsychiques qu’il perdent en grandissant, comme celui de créer et voir des amis dit « imaginaires », mais qui en fait ont une certaine réalité ? Un texte très sympa à lire, et qui finalement reste bien à l’esprit.
- L’univers est à eux de Fritz Lieber nous présente le monde vu au travers les yeux d’un chaton : la famille humaine qui l’ont adopté, les autres chats du foyers, les objets de tous les jours… Mais ce chaton est spécial : il est persuadé d’être un être humain en devenir ! Voici une nouvelle assez étrange, mais fascinante… Je l’ai beaucoup aimée ! Les chats sont définitivement une source d’inspiration mystique pour beaucoup d’auteurs !
- Ylla de Ray Bradbury, que j’avais déjà lu dans ses Chroniques martiennes il y a quelques années. Dans un couple de martiens bien installé, l’épouse commence à avoir des visions d’une fusée terrienne atterrissant sur Mars, et d’homme en combinaisons blanches venir se présenter à elle… Une prémonition ou juste un rêve ? Une histoire poétique et émouvante… comme souvent avec Bradbury.
- Dans Le dernier homme seul de John Brunner, une technologie révolutionnaire à permis à l’homme de devenir immortel, en copiant ses souvenirs et son être dans le cerveau d’un autre… le Contact. Mais ce don qui permet de braver la mort a malheureusement une facette inattendue. Un schéma assez classique de récit, mais qui reste très efficace !
- J’ai retrouvé avec délice Richard Matheson (Je suis une légende, L’Homme qui rétrécit, Le jeune homme, la mort et le temps…) dans La fille de mes rêves, cynique et cruel à souhait. Un homme utilise les dons de rêves prémonitoires de sa femme pour extorquer de l’argent aux gens dont elles rêves, grâce à une information qu’elle possède alors : le lieu, la date et la manière dont ils mourront…
- Rêves sous contrôle de Bernard Wolfe traite de la télépathie entre dormeurs, via leurs rêves… On nage ici en plein surréalisme et croisement oniriques. Le texte est très bizarre et difficile à suivre par moment (je me serai crue dans les dernières scènes du roman de Hesse, Le loup des steppes), je dois avouer que j’ai moyennement accroché…
- L’Âme sœur de Lee Sutton évoque de quelle manière un homme assez psychorigide pourrait vivre de fait de rencontrer et absorber les pensée de son « âme soeur » exubérante, contre son gré. Si l’idée est intéressante, je n’ai pas trop accroché à cette nouvelle non plus.
- Dans le monde post-apocalyptique de Margaret Saint-Clair, dans Le temps des prophètes, l’homme vit dans la peur de la science qui lui doit son déclin, et suit des prophètes, leader doué de « pouvoirs » réels ou factice. On suit ici Benjamin, prophète en herbe aux dons de super vision et super ouïe… Un univers intéressant, qui m’a rappelé le tout frais dans ma tête A comme Alone ! Très sympa donc !
- Un enfant pleure de John J. MacDonald nous présente une nouvelle génération d’humain, sous les traits d’un enfant doué de dons et d’intelligence hors du commun… dont celui de prédire l’avenir grâce à des calculs et hypothèses qui ne sont pas sans rappeler la psychohistoire du Cycle de Fondation d’Asimov.
- L’Homme qui n’avait jamais existé de R.A. Lafferty se déroule dans une petite ville de la campagne américaine, où dans une communauté de fermier l’un d’eux à le don de rendre n’importe lequel de ses boniments réel. Un cadre atypique qui m’a bien plu pour un pouvoir parapsychique tel que le sien… et gare à la chute !
- La sangsue de Robert Silverberg est assez classique dans sa construction, mais reste très agréable à lire : un homme possédant un don d’empathie hors du commun arrive dans une banlieue résidentielle… peu à peu, il fait office de confident à toute la communauté. Mais pour quoi ?
- La courte nouvelle de Cliford D. Simak, Promenons-nous dans les rues, présente les pouvoir de guérison d’un individu lambda, mis au service, un peu de force, du gouvernement… Mais une fois n’est pas coutume, chaque don à une contrepartie…
- Neuf vies d’Ursula K. Le Guin traite dans un contexte d’exploration spatiale de la problématique bien connue de la gémellité via un groupe de 10 clones… Outre la communication parapsychique, l’autarcie sociale de ce groupe est ici mise en concurrence face à l’amitié entre deux autres explorateurs.
- Superstition de Poul Anderson mélange science-fictions, voyage spatiaux, sorcellerie et religions… Un univers où les tabous et les superstitions sont les fondement même de la société, alors que les nouvelles technologies et sciences permettent à l’homme d’aller encore plus loin qu’aujourd’hui. Une réflexion intéressante sur l’équilibre intellectuel et spirituel !
- À malin, malin et demi de John Novotny est une courte histoire un brin coquine, où un homme découvre son pouvoir magique et espère bien en user et abuser pour séduire celle qu’il convoite. Pas très fin mais amusant 😉
- Situation inhabituelle à Summit City de R.A. Lafferty n’est pas vraiment une nouvelle que je retiendrai, même si son postulat peut s’avérer intéressant : l’homme communique déjà par télépathie… et lui retirer ce pouvoir plongerai l’humanité dans le chaos.
Ce recueil est dirigé par Demètre Ioakimidis, antologiste de SF, qui à donc préfacé le livre ainsi que chacune des nouvelles. Il apporte un éclairage érudit et très riche sur les différents textes… c’est d’ailleurs un peu pointu pour moi parfois !
Un livre intéressant, qui permet d’approfondir ses classiques, et que j’ai apprécié globalement malgré quelques nouvelles qui m’ont moins plu. Comme quoi, les vieilles histoires de SF ont encore de quoi faire rêver 🙂