« L’histoire de Bone » de Dorothy Allison (Etat de la Caroline du Sud)

Une nouvelle étape dans le challenge « 50 états, 50 billets », avec la lecture de L’histoire de Bone de Dorothy Allison, qui me permet de traiter de la Caroline du Sud !

Ruth Anne, alias Bone, née dans les années 1950 en Caroline du Sud, dans un milieu pauvre… ces gens qu’on appelle à l’époque la racaille. Sa mère l’a eu très jeune, à quinze ans, d’un père « inconnu ». Bone nous raconte son enfance, auprès de sa mère, mariée deux fois, qui lui donne une petite sœur, mais aussi un beau-père très violent et incestueux. Heureusement ses tantes et ses oncles sont là pour la soutenir, même si elle garde en secret le sentiment d’effroi que son « papa Glen » lui fait éprouver.

Voici un livre que j’ai autant aimé que détesté : c’est un grand cri de haine, de rage, de désespoir… Qui me fait ressortir le pire qu’il y en a en moi. J’ai eu du mal a déceler la parcelle d’humanité si ce n’est dans la chair meurtrie et la peur de Bone, martyr de son beau-père Glen, sous les yeux accablé (car amoureux) de sa mère, indigne et incapable de protéger sa propre fille…
On est face à la lie de l’humanité, après une lecture comme ça je deviens plus que misanthrope et limite eugéniste !
Une seule moralité : la douleur engendre la douleur, il n’y a pas de rédemption possible dans ce monde de misère…
Il y a tout de même des scènes sympathiques, quand Bone échange et joue avec ses cousins, se fait raconter les frasques familiale par ses tante… mais il y a toujours derrière cela une forme de Mal bouillonnant, caché par l’humour de certaines situation ou les rêves que la fillette construit.
Tout est incompréhension, apathie, fatalisme… Où le fait de croire que le temps arrangera peut être les choses est un opium à la volonté d’un véritable changement.

Mais au-delà de cela, se pose la vrai question de la parole des victimes, de l’amour d’une fille à sa mère, et réciproquement… une vraie leçon de vie pas vraiment rose !

Quand on sait que ce roman est largement autobiographique, on ne peut qu’admirer la force vitale de l’auteur, qui a réussi à exprimer violement les souffrances de son enfance pour en faire une véritable oeuvre ! Contrairement à la plupart des personnages croisés dans son roman, elle a décidé de changer les choses en allant à l’université, en s’intéressants aux groupe féministes… puis en écrivant !
Car si ce livre m’a autant troublé, c’est qu’il est vraiment bien écrit… au début je me demandais si un roman racontant l’histoire d’une petite fille maltraité aller suffisamment m’intéresser, si on n’allait pas sombrer dans le pathos premier degré. Et bien non, j’ai vraiment été happée par l’histoire, bon gré mal gré !

Un livre que j’ai aimé quand même, et que je recommande si vous n’êtes pas trop sensible au sujet de l’enfance maltraitée… On comprend pourquoi ce roman à été finaliste au National Book Award en 1992 !

Comme on peut facilement s’en douter, la Caroline du Sud ne formait qu’un seul territoire avec la Caroline du Nord. Avant que les britanniques ne débarquent en 1670 pour créer le grand territoire des deux Carolines, Virginie et Georgie, la région où se trouve l’actuelle Caroline du Sud fût d’abord colonisé par des français ! Dès 1562, des Huguenots y fondent une colonie, qui s’avérera bien éphémère. En 1565, ils doivent abandonner ces terres, vaincus par l’ennemi espagnol.

C’est donc en 1670 que les britanniques annexent la région, et en font une colonie royale baptisée Caroline en l’hommage du roi Charles 1er d’Angleterre. En 1729, la Caroline se scinde en deux : la Caroline du Nord et la Caroline du Sud, qui inclut alors la Georgie. Comme en Caroline du Nord, les plantations de tabac font alors la richesse de la région… mais nécessite beaucoup de main d’œuvre, et donc d’esclaves. Pour se donner une idée, en 1732, il y avait 32000 esclaves Noirs pour 14000 Blancs !
En 1776 la Caroline du Sud se révolte et fonde son propre gouvernement, à l’orée de la Guerre d’Indépendance. En 1778 c’est le premier état révolté à ratifier une Constitution commune avec 8 autres états… Constitution que sera finalement signée par les fameuses Treize colonies rebelles en 1787, origine des Etats-Unis. En 1788, la Caroline du Sud devient le 8ème état des USA… mais ça sera le premier état à quitter l’Union en 1860 ! C’est à Fort Sumter, à côté de Charleston en Caroline du Sud que les bombardements confédérés déclenchent la guerre de Sécession ! L’Union occupe alors la région, et met en place à Charleston un programme de libération des esclaves. Malgré ces débuts tonitruant, la guerre à relativement épargné la Caroline du Sud… si ce n’est  sa capitale, Columbia, détruite par un général de l’Union en 1865 !

La physionomie de la Caroline du Sud est assez proche de celle de la Caroline du Nord : à l’est l’Océan Atlantique, avec un littoral parsemé de baies, d’estuaires… puis vers le nord ouest une région de Piedmont assez boisée, où les fleuves et rivière permettent encore de naviguer jusqu’à la mer… et ensuite la région montagneuse des Appalaches, l’Upstat, où se trouvent les Blue Ridge Mountain.
Le climat en Caroline du Sud est subtropical humide : chaud et humide, des températures flirtent avec les 33°C l’été, et descendent rarement en dessous de 15°C en hiver. De part ce climat, la région est souvent touchée par des cyclones tropicaux
Ce climat est tout de même une aubaine pour l’agriculture : tabac, soja… et élevages de porc, volaille… même si les industries sont très importante (papier, textile, produits chimiques…), ainsi que le tourisme.

Avec ses 4,3 millions d’habitants, l’état est dans la moyenne démographique nationale. De part son passé esclavagiste, aujourd’hui la population Noire représente 30% des personnes qui vivent en Caroline du Sud. Si la situation semble ne pas poser de problème aujourd’hui, ces populations ont subit les actions violentes du Ku Klux Klan à partir de la création de ce groupe dans les années 1870.
Comme on le suppose à la lecture du roman, c’est un état très religieux : s’il ne remporte pas la palme de l’état le plus religieux, il n’en est pas loin : il n’y a que 7% d’habitants qui sont athées !
Dans cette mouvance, si la prohibition a disparu, certains comtés de Caroline du Sud légifèrent sur les heures et jour de vente d’alcool ! Il est par exemple courant que la vente de produits alcoolisé soient interdits le dimanche…
Les droits de la femme ont mis du temps à évoluer dans cet état : si un amendement permettait aux femmes de voter aux Etats-Unis en 1920, elles devront attendre 1969 pour le faire en Caroline du Sud !
L’attachement au drapeau Confédéré fait encore débat dans cet état, s’il est encore besoin de prouver son « traditionalisme »… Il flottait vaillamment sur le Capitole à Columbia jusqu’en 2000
Mais malgré cela, l’état a été tout de même avant-gardiste : c’est à l’Université de Columbia que les premiers diplômés afro-américains ont été licenciés !

Voilà donc un état riche en histoire… mais assez peu tentant. Je crois que ma lecture du roman m’a un peu refroidie sur l’ambiance sociale là bas !

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