« 50° au-dessous de zéro » de Kim Stanley Robinson (District de Columbia)
50° au-dessous de zéro, second volume de la saga « Capital Code » écrit en 2005, après Les 40 signes de la pluie, me paraît bien de saison en ces périodes de réchauffement climatique, fonte de la calotte glacière au Groenland et été biens pourris un peu partout dans le monde, entre pluie et sécheresses… Scénario catastrophe climatique avec ce roman qui me permet une fois de plus de remplir une mission pour mon challenge « 50 états, 50 billets », avec le District de Columbia aujourd’hui !
On retrouve donc les personnages du premier volume, après les scènes d’inondation de Washington et de ses banlieues : le couple Quibler et Frank, ainsi que la délégation Kembalaise. Sauf qu’après le grand déluge, la capitale des USA n’a plus vraiment la même physionomie… Si les Quibler suivent leur train-train quotidien, Frank a connu un choc spirituel en écoutant le chaman Kembalais Rudra lors d’une conférence, puis en ayant le coup de foudre pour Caroline dans un ascenseur bloqué. Il décide de changer de vie, tout en obtenant une promotion à la NSF : vivre dans le parc de Rock Creek au coeur de Washington, dans les arbres, auprès des animaux échappé du Zoo national lors de l’inondation, et les marginaux au ban de la société.
Et il lui faudra s’accrocher, car l’hiver s’annonce difficile : le réchauffement climatique fait fondre les glaces au Pôle Nord, et les pluies diluviennes ont réduit la salinité de l’Océan Atlantique… Le Gulf Stream va ralentir, lui qui permet d’avoir un climat tempéré en Europe et à l’Est des USA… Une nouvelle ère glaciaire s’annonce, à commencer par un hiver des plus rigoureux !
Ce roman m’a paru moins ennuyeux que le précédent, car on se focalise plus sur Frank et moins sur les Quibler et leur vie de famille. Il devient un héros auquel j’ai pu m’identifier : son attrait pour l’anthropologie et la sociologie, son désir de changer sa vie, d’aider les autres avec ses moyens, ses doutes, son combat pour l’écologie sans être un militant… Il décide de vivre en mode survivaliste dans un arbre alors qu’il a de quoi louer un apart’ : ce côté freegan, qui choisi le minimum par plaisir d’être libre et non par contrainte m’a emballé ! Sa relation aux animaux du zoo qu’il cherche à pister, aux autres groupes d’individus comme les joueurs de freesbee, ou les clochards du parc… en font un humain qui gagne à être connu. Il est l’homme qui change, l’homme qui marche !
En ce qui concerne le couple Quibler, on les voit heureusement moins, leur rôle est presque cantonné à être le lien social de Frank avec le reste de ses concitoyens. Leurs apparitions me paraissent toujours aussi ineptes… Anna est là pour mettre en avant le côté d' »homme qui change » de Frank, elle qui vit dans les habitude de la famille installée.
Il y a quand même quelques scène bizarres, comme le coup du voyage des Quibler et de Frank et de la délégation Kembalaise sur l’ile de Khembalung : je ne vois pas trop l’utilité de celle-ci, si ce n’est pour montrer rapidement une île qui se fait engloutir, et se servir des habitants comme excuse pour faire de Joe (le gamin hyperactif des Quibler) une sorte de réincarnation divine… Bof bof… Décidément j’ai vraiment beaucoup de mal avec les personnages de la famille Quibler, tant ils sont artificiels. Charlie en père mou, Anna trop flegmatique et « positive » à l’américaine, le fils Nick qui n’a que 6 ou 7 ans mais qui a des répliques d’un jeune homme, et Joe qui me fait décidément dire que les enfants en bas âges, c’est vraiment pas pour moi 🙂
D’autres trucs sont assez obscurs pour moi, comme les débats scientifiques ou administratifs, même s’il y en a beaucoup moins que dans le premier roman de la série. Dans la même veine, le coup des agences « hyper-secrètes » pour qui Caroline, la muse de Frank, travaille, fait un peu gros… Mais bon, cela pimente un peu l’histoire, avec des histoires de puces dans les vêtements, poursuites par ondes radios interposées, traçage des personnes grâce à leurs achats par cartes de paiement… Amis paranos, bienvenue ! 😀
Bref, un gros mieux par rapport au premier roman, même si je ne me suis pas plongé entièrement dans ce roman. Le côté catastrophique n’est pas poussé à l’extrême, et semble finalement assez réaliste. Et en plus, par rapport au premier volume, on a de l’action ! Entre les dégâts dus à l’inondation, l’hiver glacial, les courses poursuites… On a de quoi frémir ! La réflexion de Frank sur la situation est aussi assez enrichissante… Bref, j’ai hâte de connaître la fin de l’histoire, avec 60 jours et après !
Finalement le District de Columbia n’est pas un « simple » état : c’est Washington, la capitale des Etats-Unis, un territoire supplémentaire aux 50 états existants. On l’appelle donc Washington DC en référence au District de Columbia.
En tant que capitale, il regroupe les grandes administrations du pays : la Maison Blanche (bureau et résidence du Président), le Capitole (siège du Congrès, pouvoir législatif du pays), la Cour Suprême (pouvoir judiciaire)… Bref, c’est bel et bien le coeur des USA !
Du fait de sa spécificité, c’est un tout petit territoire de 177km² qui abbrite un peu plus de 600 000 habitants.
Du point de vu architecturale et géographique, le District de Columbia est assez original : un territoire carré posé près de la rivière Potomac, entre les états de Virginie et du Maryland. C’est à Pierre Charles L’Enfant, architecte français, que l’on doit la réalisation des plans de la ville.
La structure générale des rues est en forme de damier, orienté Nord/Sud et Est/Ouest, d’où peuvent partir des avenues en diagonales. Le centre « fonctionnel » de la ville, Le Capitole, permet de diviser en 4 quartiers Washigton DC en secteurs NW, NE, SE et SW. Cet agencement très cartesien lui donne un air très néo-classique, surtout avec ses bâtiments historiques de couleur blanche, qui inspirent la beauté et le calme. Contrairement aux autres grandes villes américaines, point de buiding et hautes tours : la hauteur des batiments est limitée à 6m, ce qui donne une cohérence à l’ensemble architectural. Il faut aussi noter de nombreux parcs et espaces verts qui jalonnent la ville, et dont il est beaucoup question dans le roman.
Tout cela a aussi pour conséquence d’alléger la densité de population dans la ville. De fait, les banlieues de la ville font réellement office de zones résidentielles ! Avec les habitants de banlieues qui viennent travailler à Washington, sa population croit de 72% chaque matin !
Avec toutes les images de la ville qui nous ont bercé à la TV ou au cinéma, on pense tout de suite aux grandes allées herbeuses du parc du National Mall, qui regroupe des dizaines de monuments célèbres comme l’obélisque Washington Monument (construit en l’honneur de George Washington le premier Président des Etats-Unis), Le Capitole, le Lincoln Memorial (où on voit la célèbre sculpture de ce Président assis), des musées d’arts et d’histoire naturelle…
Mais la nature n’est pas que civilisée et raisonnée dans les jardins de Washington DC : le parc de Rock Creek par exemple est un vrai parc national, avec une rivières et des rapides, des zones d’escalade, des forêts où vivent des animaux…
Cette urbanisation particulière, les divers ingénieurs qui se sont penché sur l’architecture de la ville ont eu le temps de la penser… La ville étant créée par une volonté du tout jeune pays des Etats-Unis, par le biais de sa nouvelle Constitution (en 1787). Washington a été créée de toute pièce sur un ancien marais, territoire cédé après plusieurs tractations par le Maryland et la Virginie. Bien que le terrain soit peu confortable et ait demandé des travaux d’assainissement, Washington présente l’intéret d’être au bord d’un grand fleuve qui débouche sur l’Océan Atlantique, le Potomac ! En partant de zéro sur un espace tout neuf, les architecte ont pu bien raisonner sur la manière donc fonctionnerait la ville. Au tout début du 19ème siècle, Washington et ses premiers batiments administratif voient le jour. Mais la guerre contre les anglais va avoir des conséquence : les britanniques détruisent une grande partie de la ville en 1814, mais en 1815, les américains la reconstruisent !
Dans les faits, la capitale n’est pas vraiment un pôle d’attraction à cette époque… Mais quand commence la guerre de Sécession, où l’esclavage était une question centrale dans le conflit, les esclaves Noirs échappés se tournèrent naturellement vers Washington, capitale-symbole de la liberté des états de l’Union !
Mais malgrès ce cadre qui peut sembler idyllique, il y a tout de même de la délinquance à Washington, et plus particulièrement dans les quartiers pauvres : il faut dire que le taux de pauvreté est supérieur au reste des USA dans cette ville, bien que le revenu moyen soit plus élevé… Des très riche et des très pauvres on dirait bien… et les très riches préfèrent s’exiler dans les banlieues aisées comme Bethesda. A noter une très forte population Noire dans la ville : s’ils représente une moyenne de 13% aux USA, ils sont 57% à Washington !
En tant que centre administratif, la ville accueille aussi bien évidement beaucoup d’étrangers, pour le tourisme ou le travail.
Bref, une ville à visiter sans aucun doutes, pour sa portée culturelle : des espaces architecturaux uniques, et surtout, beaucoup de musées ! 🙂
et bien tu me donnes encore plus envie de découvrir cette série. Hop, billet ajouté !