« Les aventures de Huckleberry Finn » de Mark Twain (Etat de l’Arkansas)
Opération fond de tiroir des PDF libres de droits pour trouver de quoi remplir l’objectif Arkansas pour le challenge « 50 états, 50 billets » : le classique de la littérature d’aventure américaine, plutôt orienté jeunesse, Les aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain, écrit en 1884. Ce roman est la suite du premier opus Les aventures de Tom Sawyer, écrit en 1876, dont j’ai fait l’impasse.
L’histoire commence dans le village fictif de Saint-Peterbourg dans le Missouri, au bord du fleuve Mississippi. Depuis ses dernières aventures avec Tom Sawyer, Huckleberry Finn, jeune adolescent qui vivaient seul dans la forêt, a été adopté par Miss Watson qui a décidé de s’occuper de lui, de le civiliser. Dans leurs précédentes aventures, les deux amis avaient découvert un trésors, et avaient ainsi chacun obtenu 6000 dollars !
Mais le père de Huck apprend cela et décide de récupérer son fils… et l’argent ! Violent, alcoolique, menteur… il fini par le kidnapper et l’enfermer dans une cabane dans les bois. Mais Huck arrive à s’échapper, et utilise un canots pour descendre le Mississippi pour aller se cacher dans une petite île déserte.
Là, il découvrira que Jim, l’esclave noir de Miss Watson, s’est aussi échappé : il pense que sa maitresse veut le vendre à une plantation, et effrayé, il cherche à rejoindre l’état de l’Ohio, anti-esclavagiste, où il pourra vivre libre… Tous les deux en fuite, ils vont ensemble descendre le Mississippi et vivre des aventures !
Pour le coup on voit du pays dans ce roman : entre le Missouri, l’Illinois, et finalement l’Arkansas, on a un joli florilège des états bordant le Mississippi ! A chaque étape ils rencontreront des personnes parfois bonnes, parfois mauvaises… Mais à chaque fois tout fini bien ! Huck est un personnage sympa : de bonne composition, il ne se prend pas la tête, aime vivre seul dans la nature sans contraintes, a le sens pratique, sait chasser, pêcher, naviguer sur un radeau, en somme il vit au jour le jour… L’idéal de la liberté !
Si la première partie du roman m’a pas déplu : la descente du fleuve sur un radeau des deux fugitifs, la seconde partie m’a beaucoup moins branchée… Huck retrouve par hasard Tom Sawyer chez sa tante Sally dans l’Arkansas, et je me suis souvenue que ce personnage m’insupporte au plus haut point (même au temps de la série TV !). L’image même de la tête à claque, qui vit dans ses rêve et ses roman d’aventure (il bovaryse à fond), complètement égocentrique, et attire une foule de faux problèmes à Huck et Jim. Bref, un emmerdeur. Donc cette seconde partie m’a semblé plus brouillonne, j’ai pas du tout accroché.
Même si ce roman m’a pas emballé des masses, il est très intéressant par son point de vue sur l’esclavagisme aux USA au milieu du 19ème siècle (l’histoire est censée se passer dans les années 1860 je crois). La manière dont sont décrits les « nègres » par l’auteur est aussi surprenante : bête, paresseux, peureux, superstitieux… Les américains ont donc aussi leur équivalent de Tintin au Congo alors : il y a eu beaucoup de controverses quant à la lecture de ce roman dans les écoles et lycées ces dernières années, jugé raciste. Enfin, en recontextualisant, ça donne un éclairage sur l’époque !
Il est amusant de voir les problèmes idéologiques de Huck Finn, rapport à sa fuite avec Jim : à la fois il apprécie Jim, cherche à l’aider, s’excuse même quand il le vexe, et fini par le considérer comme un ami (bien que cela lui fasse honte)… mais il ne veut pas être considéré comme un abolitionniste, ou comme quelqu’un qui aide un esclave à s’enfuir (un esclave en fuite, c’est du vol envers son propriétaire). Pour un habitant du Missouri, être abolitionniste semble être la pire des insultes ! Ce grand écart entre le caractère de Huck le garçon libre, et Huck le garçon qui considère l’esclavage comme un fait normal, sans le remettre en cause est assez perturbant pour un lecteur de notre époque… Une autre mise en perspective pas dénuée d’intérêt dans ce roman de Mark Twain !
Un classique à connaître je pense, même si ça n’a pas été vraiment ma tasse thé… En revanche je pense que je garderai un souvenir de ces aventures, surtout la partie sur un radeau du Mississippi, qui finalement fait voyager et donne des envies d’évasion 😉
L’Arkansas est un état du Dixie, du sud des Etats-Unis, et fait aussi partie de la Bible Belt. Avec le Mississippi qui le borde à l’est et forme sa frontière avec le Tenessee, l’Arkansas doit son nom au mot amérindien signifiant « lieu en aval » : akakaze, réinterprété par les français qui détenaient cette région. Si vous voulez briller en société, notez que le « s » à la fin d’Arkansas ne se prononce pas en anglais !
L’Arkansas faisait donc parti de la Louisiane Française, bien que les espagnols au 16ème siècle y aient cherché les cités d’or… Il a donc été vendu par Napoléon Bonaparte aux USA en 1803. Le jeune territoire devient un état à part entière en 1836 en rejoignant l’Union, mais reste un état esclavagiste : les bords du Mississippi et le climat sub-tropical humide est idéal pour l’essor et la prospérité des grandes plantations de coton, et cela demande beaucoup d’esclaves ! Et de ce fait, quand la Guerre de Sécession commence, les esclaves noirs représentent 25% de la population ! L’Arkansas rejoint donc les états Confédérés en 1861, puis l’Union après la guerre en 1868… Mais les temps ne seront pas cléments pour tout le monde lors de cette période de reconstruction, entre les milices Républicaines et le Ku Klux Klan.
Après la reconstruction, l’immigration bat son plein et attire des familles venants de toutes contrées : chinois, italiens, syriens, slovaques, irlandais, allemands… Pour travailler dans les fermes ou dans les villes, en plein essor grâce au chemin de fer.
En 1957 l’Arkansas est au centre des attentions, avec l’affaire de Little Rock, la capitale de l’état : un groupe de 9 étudiants Noirs qu’un groupe de ségrégationnistes a empêché d’aller étudier dans le lycée, alors que la ségrégation est abolie depuis l’année précédente. C’est un des évènements marquants du mouvement afro-américain pour les Droits Civiques, ou le Président Eisenhower lui même à du intervenir pour appliquer la loi. Au final, les étudiants finissent escortés par des militaires, pour éviter leur lynchage. Les écoles de Little Rock entameront une bataille politique et judiciaire pour empêcher cette mixité, lutte qu’ils perdront en 1958… Pas évident de faire changer les mentalités !
L’Arkansas a gardé sa culture agricole, et aujourd’hui ce secteur fait marcher l’économie de la région et lui permet d’être dans la moyenne du pays : volaille, riz, coton, soja, aquaculture… Mais on trouve aussi des industries du type construction automobile, fabriques de papier…
Le tourisme a une part non négligeable dans l’économie de l’Arkansas, lui-même s’autoproclamant « Arkansas is A natural« . On peut notamment y pêcher : truites, bars, poissons-chats, écrevisses… Tout ce qu’il faut pour élaborer les recettes de cuisine familiales du Sud des USA !
Hop, billet ajouté ! Je n’ai jamais lu ce roman, et je suis très curieuse de le découvrir du coup ! Bon week-end !!
Excellent récit qui a bercé toute mon enfance. Merci pour ce rappel merveilleux
je le note moi aussi, j’ai abandonné Mark Twain depuis longtemps