« Rituels tribaux du samedi soir » de Nik Cohn
Grâce à Babelio, une fois de plus, j’ai pu recevoir un livre à lire et critiquer via sa Masse Critique ! Cette fois-ci, nous allons aux Etats-Unis pour découvrir le recueil de nouvelles Rituels tribaux du samedi soir et autres histoires américaines de Nik Cohn.
Le titre et la dénomination de « tribu » est assez justifiée : on est presque devant une analyse sociologique de communautés, que l’auteur décortique, un peu comme un chasseur d’image ou un journaliste d’investigation… mais avec dans le style du langage parlé.
On découvre les habitudes des ces quelques échantillons de la population de grandes ville américaines, la Nouvelle-Orléans et New-York, leurs double vie lorsque la nuit arrive, et que le masque de la journée tombe.
La première nouvelle, La Nouvelle-Orléans : la ville frappée par la Maladie se passe donc à la Nouvelle-Orléans, atteinte par « la Maladie », une sorte de malédiction. Laissée pour compte du progrès, la ville est empêtrée : les sportifs de tout type ne gagnent jamais rien dans cette ville, que ce soit au football américain ou en boxe, ou bien d’autres sports. Portraits de supporters, parieurs, fans, qui même s’ils se voient perdre continue à soutenir leurs joueurs, imperturbables… On voit une mise en opposition des richesses véhiculées par les paris autour du sport et la pauvreté de la ville, incarnée par Tombstone Louis qui vit dans un cimetière.
Note 5/10, pas super convaincue.
Seconde nouvelle, 24 heures sur la 42e est beaucoup mieux selon moi. Elle me fait penser à Las Vegas Parano (paru en 1972), mais dans le quartier glauque de NY, la 42e, spécialisée dans les 70’s dans les cinémas pornos et sex-shop. Sexe, drogue, bar louches, snacks à hot-dogs… une vision réaliste et un brin déjanté de l’Amérique et de son fameux rêve, où tout se consomme, où tout se regarde avec distance, comme dans un peep-show… Le narrateur a fait le pari de pouvoir « survivre » 24h dans ce lieu de perdition, et fera tout pour y arriver ! Ce qui lui permettra de rencontrer la faune de jour et celle de la nuit, paumé comme il est au milieu de cet univers.
Note 8/10.
La troisième nouvelle, La dernière course, nous emmène dans le monde des courses de dragster dans les rues de NY, où on suit Oeil de Faucon, petit génie de l’automobile, passionné de voitures et de vitesse, osciller pendant quelques années entre le firmament et l’ennui… sans jamais baisser les bras. Une image des années 70 assombries par les crises pétrolières, la récession… après les folles années 60 où la voiture était reine.
Note 7/10.
La dernière nouvelle est celle qui fait l’intérêt du recueil, du moins celle qui est mise en avant par l’éditeur : La fièvre du samedi soir, dont les grandes lignes serviront au film éponyme. Vincent a 18 ans et passe ses semaines à travailler comme vendeur de peinture dans une boutique New-Yorkaise. Quand vient le samedi, il change de visage, et va danser avec sa bande, les « Faces » dans les discothèques branchées de la ville. Entre violence, sexe, mode, danse… On voit apparaître la superficialité d’une génération d’ados, teint par l’amour du beau et du bon au travers la danse.
Note : 7/10.
Quatre histoires, et quatre manière de revisiter le rêve américain : le sport, le sexe, les voitures et la danse en somme… Mais ce n’est pas si simple que cela, chaque facette est diluée par différents sentiments : la passion, la haine, la peur, l’indifférence, le plaisir… Le tout incarné par de petites communautés, qui finalement comme un puzzle construisent notre vision de l’Amérique.
Les textes sont écrits avec paragraphes courts, directs, énoncé comme des faits… Ce style vient peut-être du fait que ces nouvelles étaient publiées dans le NY Magazine, au milieu des 70’s ? En tous cas c’est dans ce journal qu’il rédigera l’article (le voir ici en anglais) qui donnera naissance un peu plus tard au scénario de La fièvre du samedi soir… film référence d’une génération !
Pour la petite histoire, Nik Cohn est à l’origine un critique rock… et il paraitrait même que la chanson Pinball Wizzard des Who lui est dédiée, sur l’album Tommy ! Voilà de quoi en faire une référence de la pop-culture 😀
Pour conclure : un recueil très court qui permet de voyager dans cette époque, est que j’ai trouvé agréable à lire (même si je n’ai pas accroché à la première nouvelle ;)).
Merci à Folio et Babelio pour cette découverte !