« Profondeurs glacées » de William Wilkie Collins
Vu la météo dehors, en ce neigeux dimanche de février, j’ai eu envie de me plonger dans une histoire courte et se tenant dans un univers glacial… J’aime bien contextualiser mes lecture 😀
Il y a quelques mois, je me suis achetée un livre de William Wilkie Collins, auteur anglais du XIXème siècle, dont on entend beaucoup parler sur les forums littéraires, mais qui semble assez méconnu en France.
J’ai été intrigué par ce livre car il se base sur une histoire vraie qui m’a intéressée à ce moment là : l’expédition Franklin.
Cette expédition débuté en 1845 et commandée par le capitaine anglais John Franklin, avait pour objectif de découvrir un passage Est – Ouest au Nord du continent américain, afin de rejoindre l’océan Pacifique par de nouvelles voies : celle de l’océan Arctique. 128 hommes embarquent sur deux navires de la Royal Navy, le HMS Erebus et le HSM Terror… on ne devra plus jamais les revoir vivants ! Un mystère plane toujours autour de la disparition des vaisseaux et de l’équipage, même si de nombreuses missions de recherche envoyées depuis 1848 jusqu’à nos jours ont fini par retracer le court des évènements : pris dans les glaces, les bateaux ont été coincés au nord du Canada, loin de toute terres habitées. Une parti des hommes sont morts au campement, de froid et de faim, et ceux qui ont essayé de prendre la route pour retrouver la civilisation sont tous décédés et disparus les uns après les autres. Détails sordides, les marins seraient devenus cannibales pour survivre…
Si cette histoire vous intéresse, la Wikipédia a un article assez fourni sur le sujet !
Dans cette version de Wilkie Collins, on se focalise plus sur un groupe de personnages inventés que sur la réalité des faits.
Dans les années 1840, deux bateaux de l’armé anglaise doivent partir en expédition pour découvrir le fameux passage Est-Ouest : le Wanderer et le Sea-Mew.
Clara Burnham vit un véritable dilemme au bal donné la veille du départ de l’expédition : un officier, Richard Wardour, épris d’elle depuis des années, revient d’une expédition en Afrique, et veut demander sa main, alors qu’elle ne l’aime pas… Elle est amoureuse d’un jeune officier, Frank Aldersley, qui doit monter sur un des navire le lendemain, et à qui elle s’est promise. En apprenant qu’elle se refuse à lui sans qu’elle lui dise pour quoi et pour qui, Richard Wardour voit rouge, et promet de découvrir qui est celui qui lui a volé son amour, afin de lui faire payer de sa vie !
Le jour du départ vers le grand Nord, les hommes appareillent… mais une recrue de dernière minute insiste pour prendre part au voyage : Richard Wardour, dépité et le coeur brisé, souhaite reprendre la mer pour oublier son amour perdu…
Dans l’esprit de Clara, dotée d’un don de « seconde vue » qui lui permet de voir l’avenir, tout est clair : Richard va finir par découvrir qu’elle est fiancée à Frank et va essayer de le tuer !
Donc, Wilkie Collins, contemporain de l’expédition Franklin, se base sur cette histoire pour nous livrer une version des faits… assez édulcoré, même si ce récit devait faire frissonner dans les chaumières ! Il est considéré par certain avec ce court roman comme un des père fondateur du roman noir ! Il faut avouer que tous les éléments sont réunis pour créer une certaine tension : une rivalité amoureuse, des hasard malheureux, un drame humain qui pousse tous les protagonistes dans leurs retranchements, un peu de surnaturel… Ici l’accident vécu par l’équipage est présenté comme une trame de fond originale pour cette histoire de vengeance. Dans un milieu aussi extrême, comment Richard va découvrir que Frank est son rival, et comment va t-il le tuer ?
A noter que la première version de Profondeurs glacé a été écrite à 4 mains avec Charles Dickens en 1856, pour devenir une pièce de théatre qui a connu son petit succès… Plusieurs années plus tard, en 1866, alors que Wilkie Collins a pris des distances avec Dickens, il remanie l’histoire et en fait une nouvelle, qui garde tout de même des consonances stylistiques de la pièce originale (didascalies, rythme des dialogues, découpe des chapitres…).
Une nouvelle pas désagréable à lire… Assez courte, on ne tourne pas en rond. Plus long, je pense que cette histoire d’amour et les craintes de Clara m’auraient un peu ennuyées… Là ou je suis un peu déçue, c’est que je m’attendais a ce que l’auteur se concentre plus sur la manière dont l’accident des bateaux c’est produit, le ressenti des marins et des officiers, les détails moins ragoutants aussi : la fin, le froid, la maladie… De plus la fin très happy-end pleine de moralité est assez déroutante… On en peut pas se tromper, on n’est pas dans un roman noir moderne 😀
Enfin maintenant que j’ai goûté à la version « classique » de l’expédition Franklin, je suis prête pour lire la version « contemporaine », avec Terreur de Dan Simmons !
Je l’avais mis dans ma wish-list mais, après avoir lu ton avis, je crois que je vais l’en supprimer.
Je pensais aussi que le récit tournait surtout autour de l’accident et de ce qu’il advenait des marins (et c’est ça qui m’intéressait) mais, à ce que je comprends, c’est surtout l’histoire à l’eau de rose qui prime.
En tout cas je te remercie, du coup tu m’évites une déception.
Bonne lecture avec Claude Lanzmann 🙂
En fait tu t’attendais à la même chose que moi… A la limite essaye de te le faire prêter à l’occasion, ça n’est pas si sentimental que ça (bon, un peu quand même). Et puis c’est amusant finalement de voir que ce genre de récits à du faire scandale à l’époque, à cause de deux ou trois scène « politiquement incorrectes » 🙂
En revanche, le truc qui m’énerve un peu avec ces nouvelles rééditées, c’est qu’elle sont assez chère : 8.90€ un livre qui fait 130 pages… Hum… :-/
Merci pour tes souhaits de bonne lecture : ça fait 3 mois que je n’ai pas réouvert ce pauvre Lanzmann… il va falloir que je songe à le noter comme « abandonné » dans Livraddict… :s