« Prodigieuses créatures » de Tracy Chevalier
Le jour où j’ai vu le film La jeune fille à la perle, je me suis dit qu’il fallait que je lise le roman de Tracy Chevalier… puis je n’y ai plus trop pensé jusqu’au jour où je me suis baladée sur le blog de La Publivore pour préparer le SWAP « So British » . Et là j’ai repensé à cet auteur que je voulais découvrir ! Son dernier roman Prodigieuses créatures paraissait très bien et existe en format Poche : il faut peut de chose parfois pour qu’un livre tombe dans ma whishlist, et en période de SWAP pas beaucoup plus de temps pour que le roman en question se retrouve dans le colis qui m’était destiné !
Le récit est basé sur des faits historiques, mais est tout de même allégrement romancé.
Au début du 19ème siècle, Elizabeth Philpot et ses deux sœurs arrivent dans la ville de bord de mer anglaise de Lyme Regis pour s’y installer, dans un petit cottage… Rapidement, Elizabeth va se passionner pour les trouvailles qu’elle fait sur la plage : des curios, autrement dit des fossiles ! Le monde commence juste à se passionner pour la paléontologie, la géologie… même si ces objets bizarre aux origines inconnus effraient certaines personnes : la science fait assez peu bon ménage avec la religion et ses théories créationnistes.
Elle rencontre la jeune Mary Anning, fille d’un chasseur de curios, et chasseuse elle même. Pour eux, ouvriers criblés de dettes, la découverte et la vente d’ammonites, belemnites, oursins … est un véritable gagne pain.
Entre Elizabeth, lady et vieille fille lettrée et Mary, gamine analphabète, va se nouer au fil des années une amitié teintée de respect, mais aussi une sorte de rivalité…
Et au milieu de tout cela, comme une spirale qui les absorbent inexorablement, leur passion pour les fossiles, où la rareté fait tout leur intérêt… Jusqu’au jour ou Mary fait la découverte qui changera sa vie et celle de nombreux scientifiques : un énorme squelette fossilisé d’une créature totalement inconnue, un véritable monstre !
Côté style, j’ai trouvé cette lecture très agréable, assez dynamique malgré le thème (pas énormément d’action) et la quasi unité de lieu. On passe d’un point de vu à l’autre chapitre après chapitre, en alternant entre le récit fait par Mary et celui dicté par Elizabeth.
J’ai été très touchée par les relation qui s’installe entre les deux femmes : on n’est pas dans une relation facile, où elle deviendraient ami dès le premier regard et resteraient main dans la main contre vent et marée.
Leur attachement mutuel met du temps à se construire, Elizabeth est beaucoup plus âgée que Mary et a plus un rôle de « marraine » dans cette logique des choses. Mais leur passion commune pour les fossiles et les questions qu’ils suscitent en font bientôt des amis : leur relation est basé sur la curiosité, le goût du le silence, la chasse patiente au curios… Lorsqu’elle se brouillent, c’est pour ne plus se parler et se croiser pendant des années. Tout prend du temps dans cette histoire : nouer et dénouer des liens, comme il faut du temps pour créer un fossile, empreinte de ce qui a vécu.
Ce rapport à la mort et au temps est assez troublant quand j’y réflechis, surtout quand on se dit que les personnages évoqué ont réellement existés ! On est peu de chose, surtout si personne ne déterre notre histoire :s
Autre point d’intérêt, voir comment Mary et dans une moindre mesure Elizabeth sont devenues des femmes reconnues pour leur savoir-faire et leur intelligence, dans un monde où seuls les hommes pouvaient étudier et avoir les rênes du pouvoir ! Cela est d’autant plus impressionnant quand on prend en compte le statut social de Mary, fille d’ouvrier, donc autant dire une quantité négligeable… Bref, de vrais modèles pour les féministes 😉
Côté petite histoire personnelle, j’ai particulièrement apprécié ce roman car dès les premières pages, j’ai été propulsée dans mon enfance ! Je l’avais presque oublié, mais j’ai moi même cherché des curios sur la plage de Charmouth (ville voisine de Lyme Regis) quand j’avais 7 ans, lors d’un séjour en Angleterre ! Je me souviens encore des pierres où le relief d’algues apparaissait, de petites ammonites… et des magasins de fossiles souvenirs 😀
Ce livre m’a rappelé ces bons souvenirs de mon premier voyage loin de chez moi ! C’est vers cette période que j’ai commencé à m’intéresser aux dinosaures et que j’ai voulu devenir archéologue (un peu à cause de ça et d’Indiana Jones je l’avoue :p)
Aujourd’hui je ne suis pas du tout archéologue, mais l’histoire dans laquelle Tracy Chevalier m’a fait plonger me fait encore rêver 🙂
Coucou Loesha,
eh bien, tu n’as pas traîné !! Aussitôt reçu, aussitôt lu 🙂
Beau billet en tous cas, tu as soulevé des points qui m’avaient échappé -il va falloir que je le relise !!
Après deux semaines d’ennui profond sur un autre bouquin, je me suis jetée comme une morte de faim sur ce roman 😀
Vivement le SWAP de Noël pour refaire le plein 🙂
Faudra me le prêter à l’occasion : j’ai lu et beaucoup apprécié du même auteur « La jeune fille à la perle » et « La dame à la licorne ». Celui-ci m’inspirait moins du fait du sujet sur les fossiles. Mais bon, pourquoi pas vu tout le bien que j’en entends !
Quant au Swap de Noel, fallait mettre des livres dedans ??? Zut alors !
J’ai de plus en plus envie de découvrir cet auteur, et ce billet y contribue beaucoup !
Presque fini et je confirme : malgré le sujet des fossiles qui ne m’intéresse guère plus que ça, c’est un vrai bon roman, très intéressant. Une fois de plus avec Tracy Chevalier. Je pense que je vais me pencher sur » La vierge en bleu ».