« La Horde du Contrevent » d’Alain Damasio
Autant le dire tout de suite, il m’a fallut plus d’un an pour me motiver à lire ce livre trônant dans ma PAL… Il faisait parti d’une lecture pour le Challenge Pandora au boulot. A l’époque, à peine avais-je lu les premières pages que je l’avais refermé. Je n’avais pas réussi à me mettre dedans, et à entendre dire par tous mes collègues que c’était un livre « Géniiiiiial », « Qui joue sur les codes même du livre » et d’autre blabla intello, j’avais décider d’abandonner et de ne pas le lire.
J’imaginais une histoire à moitié poétique à base de chant du vent (comme Neige de Fermine qui m’avait ennuyé), basé sur le dépassement de soi, une quête impossible où les personnages s’aperçoivent que c’est le trajet qui compte et non la destination comme dans tout bon voyage initiatique. Je m’attendais à du déjà vu, j’avais plein d’à priori : ça me gonflait avant même de le lire 🙂
Il a fallut plusieurs mois pour que je me fasse à l’idée de réessayer, aidée par le pouvoir de persuasion de Petite Fleur pour qui ce livre a été un coup de coeur.
Donc j’ai enfin décidé de lire La Horde du Contrevent, et je suis bien contente de l’avoir fait : ce livre est captivant !
Impossible de résumer l’histoire sans vous donner des préjugé… Quand je lis la 4ème de couverture, je ne trouve pas le sujet très tentant… et pourtant !
Si je vous dit qu’on va suivre une bande de marcheurs pendant des années, qui avance contre le vent qui ne faiblit jamais dans cet univers fantastique, ça ne vous avancera pas beaucoup plus ! Vous dire qu’ils recherche l’origine du vent, pour pouvoir l’apprivoiser, le dompter, le dominer. Ou encore que depuis des siècles des Hordes sont envoyé dans cette quête impossible ? Qu’on va suivre la 34ème Horde dirigée par le 9ème Golgoth, et avec elle découvrir les 9 formes de vents ?
Pas évident de l’expliquer, je vais donc juste vous dire que cet univers fantastique est assez steampunk selon moi… ou windpunk plutôt 🙂
Un petit côté heroic fantasy (qu’on retrouve autant dans des aventures de Conan que dans l’Incal), avec sa brochette de personnages typiques composant tous groupes menant des quêtes : le gros bourrin taillé comme un rugbyman, le Prince qui porte sur lui la droiture, le troubadour locace et plein d’humour, le spécialiste des plantes aux allures de druides, la soigneuse toujours prête à aider, le scribe, les combattants, les porteurs… et plein d’autres spécialité dans ce « Pack » qui va leur permettre de survivre pendant des années aux conditions les plus extrêmes. Mais ce groupe d’une vingtaine de personnes forme aussi une mini-société, une famille soudé depuis leurs 11 ans, qui vont ensemble « contrer » et avancer en aval du flux du vent pendant plus de 30 ans !
Le mysticisme est omniprésent, proche du chamanisme, ou le vent à une place centrale, énergie mais aussi parfois une sorte de divinité difficilement compréhensible. Pas mal de réflexions philosophiques aussi, qui vont je pense me trotter dans la tête pas mal de temps…
Au niveau style, rien à redire, on est plongé dedans une fois les premiers chapitres passés. Chaque paragraphe est conté par un des personnage de la Horde (un peu comme dans Qu’a-t-elle vu, la femme de Loth ? de Ioànna Bourazopoùlou…). Un symbole propre à chaque hordier au début du paragraphe permet de discriminer le narrateur. Enfin vu que chacun a son style de langage, on les reconnait facilement : Golgoth parle comme un charretier, Larco a beaucoup de passage entre parenthèse, Caracole le troubadour part toujours dans des délires du langage, Erg a un phrasé très court… Ce procédé donne une grand dynamisme à l’histoire !
Autre trouvaille intéressante, la pagination inversée : on commence à la page 700 pour arriver à la page 0 : un bon moyen de rendre plus haletante l’histoire, que de voir le nombre de pages dégresser !
Il y aurait beaucoup d’autres choses à dire, comme la manière dont le vent est suggéré par des signes de ponctuation, des espaces, des souffles, démontrant une volonté de faire du texte une poésie, une musique, omniprésente dans la narration.
Au niveau stylistique, rien n’est laissé au hasard, ce qui en fait un livre d’une grande précision technique si je puis dire, toujours au service de l’histoire !
Un vrai roman coup de cœur pour moi ! Comme beaucoup de personne, j’ai adoré… Les personnage sont géniaux… mention spéciale à Goth, le gros bourrin, et Caracole l’Arlequin-troubadour !
Il parait que c’est le genre de livre qu’on aime ou qu’on déteste (bien que je n’ai pas encore beaucoup vu de critiques négatives de ce roman). En tous cas, on en ressort en se sentant différent, et c’est l’essentiel pour une très bonne lecture je pense.
Je pense relire à l’occasion du Damasio, plus tard… ou essayer de trouver le CD qui était vendu avec certaines éditions du roman, histoire de faire durer un peu la magie !
Tu vois que je ne te conseille pas que des harlequins 🙂 Un vrai coup de coeur pour moi aussi. Arrivée à la fin, j’ai eu comme un manque. L’idée de laisser ces personnages que j’avais suivi pendant 700 pages me rendait triste. C’eet une expérience de lecture par le style et par l’histoire, certes, mais surtout par le fait qu’on est porté et emporté dans un tout autre monde.
Héhé, heureusement que tu lis autre chose en effet 🙂
Comme toi je suis un peu en errance depuis que je l’ai terminé hier… Pas envie d’ouvrir un autre bouquin. Je me sens un peu comme quand j’avais fini « Le Seigneur des Anneaux » il y a quelques années. La quête est terminée pour les personnages, ils s’en vont au loin, mais nous on reste un peu au port à attendre comme des cons 😡
Pire, je me suis souvenue qu’un film basé sur « La Horde du Contrevent » devait sortir en 2013 : je ne vois vraiment pas comment ils vont pouvoir adapter ce petit chef d’œuvre, temps par la richesse de l’histoire que la celle de l’écriture !
De la SF fantaisiste, oui, une aventure humaine aussi. Windpunk ? why not… e tout cas, un livre riche et émouvant, une aventure fantasque basée pourtant sur une très belle étude politique et sociale (les Tourangeaux et les Racleurs… par exemple). Sans oublier cette touche scripturale incroyable, ces personnages divinement menés. Bref, comme toi un coup de coeur (je pense que ceux qui n’ont pas aimé, sont ceux qui n’ont pas passé les 100 premières pages, et que du coup, ils n’ont pas fait leurs chroniques ^^ )
Biz
Je l’ai commencé mais pas fini. Je me suis promis de m’y remettre, je sens que je passe à côté de quelque chose ….
Un des plus gros coups de cœur de ma vie, Damasio est vraiment devenu un auteur phare dont je traque la moindre intervention (articles coup de gueule, conférences vidéo sur des sujets divers mais toujours intéressants,..) sur la toile.
Content donc de voir que tu as kiffé ! (bien trouvé le jeu de mot « windpunk » au fait :p)
PS : Je me suis procuré Armageddon Rag, alors gare à toi ! =)
« Armageddon Rag » c’est complétement différent, attention 😉
Là où Damasio est fort, c’est qu’il a réussi a faire un récit plein d’aventure et de suspense, tout en créant un roman conceptuel (pagination inversée, symboles pour faire parler et penser les protagonistes…)