« Mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar
Nouvelle lecture pour le challenge de littérature belge organisé par Reka. J’aurais presque pu mettre ce livre dans le challenge « Balade en Italie » aussi… mais non… un livre, un challenge, n’en déplaise aux optimisateurs (je ne dirai peut être plus ça l’an prochain quand je serais dépassée par la quantité de lectures ;)).
Marguerite Yourcenar est une écrivain aux multiples nationalités, née en Belgique à Bruxelles, en 1903. Son père étant français, elle passe sa jeunesse dans le Nord de la France, et a donc la nationalité française.
Plus tard, elle voyagera beaucoup en Europe, mais finira par partir vivre aux Etats-Unis en 1939, et endossera la citoyenneté américaine en 1947. Elle finira ses jours dans le Maine en 1987.
Pour plus d’info, la biographique de Marguerite Yourcenar sur la Wikipédia.
Mémoires d’Hadrien, édité en 1951, est un véritable monument de la littérature… dans tous les sens du terme.
Pour moi c’est un classique, mais aussi un livre très dense, au style d’écriture agréable… mais pas toujours simple à appréhender.
Marguerite Yourcenar a mis plusieurs dizaines d’années à écrire ce livre, le temps de se documenter sur l’époque d’Hadrien (Ier-IIème siècle ap. JC) et de trouver la bonne manière de concevoir ce roman… Il ne s’agit pas d’une biographie d’Hadrien, mais la réalité des faits laissent supposer une certaine vérité dans ce roman, qui laisserai presque apercevoir la subjectivité de l’auteur.
Dans ce livre, l’Empereur romain Hadrien écrit à son petit-fils adoptif, Marc-Aurèle, ses mémoires sous forme de lettres. Sentant la mort approcher, il revient sur les moment fort de sa vie : sa jeunesse entre l’Espagne et Rome, son apprentissage à Athène, son début dans l’administration romaine ou comme chef de guerre… jusqu’à son adoption par Trajan, qui lui permet d’accéder au statut d’Empereur. Entre les trahisons, la politique, les guerres mais aussi la paix, les voyages dans les terres d’Orient, le choc des religions et des cultures… on voit se brosser le monde romain vu par Hadrien.
Mais ce qui m’a touché plus que cette vision historique, c’est le point de vu philosophique d’Hadrien sur la vie qui rend cette lecture très intéressante… j’ai parfois relu deux fois une page pour bien comprendre la portée d’un de ses messages.
Le plus touchant, c’est son rapport à l’amour… ce n’est pas pour rien qu’il a bâtit près du Mont Palatin le temple de Vénus et de Rome. Si Hadrien délaissait sa femme, il a vécu de grandes histoires sensuelle et sentimentales avec ses amants… Mais son grand amour est le jeune et magnifique Antinoüs, mort à 20 ans dans des conditions étranges, et qu’Hadrien élèvera au statut de dieu en mettant en place un culte en son honneur, la construction d’une ville à sa gloire en Egypte… et qu’on reconnait sur beaucoup d’oeuvres d’arts de cette époque, incarnant différents dieux (Hermès, Osiris…).
J’ai aimé le rapport à la réalité historique : ayant visité Rome fin octobre, et je me suis retrouvée par moment dans cette ville en lisant ce roman… Le temple de Vénus et de Rome, le Colisée, le Panthéon, le temple d’Hadrien, mais surtout les sculptures d’Antinoüs… en lisant les descriptions de l’amant d’Hadrien dans ses lettres, je me suis souvenue des bustes et statues en marbre du musée du Vatican, qui représentaient un jeune homme magnifique.
Tout cela a renforcé mon envie de ne pas lire ce livre en diagonale, même dans les passages un peu ardus (paragraphes assez longs dans le style des textes de l’époque de l’Empire romain, où il vaut mieux ne pas rater une phrase… et où les sujets politiques ou stratégiques ne sont pas toujours passionnant de mon point de vu).
Pour conclure sur les Mémoires d’Hadrien a été une lecture enrichissante, que j’ai apprécié… Je le conseille aux amoureux de l’histoire romaine, des idées et des beaux textes.

A t’entendre, j’aurais pensé ton billet plus réservé. Même si tu reconnaissais ce livre comme intéressant, tu disais aussi avoir hâte de le terminer tellement il était difficile à appréhender (pour reprendre ton expression).
Disons qu’il est ardu à cause du style… et ça n’est pas vraiment le genre de bouquin à lire debout dans le métro…
Mais il y a tellement de phrases ou de pensées attribuées à Hadrien qui m’ont marquées et me resteront je pense… à propos de l’amour certes, mais aussi des relation familiales, de la religion, de la manière de vivre en paix avec ses voisins… etc
Donc pas toujours évident, mais ça vaut le coup 😉
Mais effectivement, j’étais dessus depuis 8 jours, et j’avais quand même envie de le terminer 😀
quoique tu en dises, je te chipe le lien pour l’intégrer à la liste de tes billets pour le challenge ! et ton avis m’est précieux car je dois recevoir ce livre (en plus d’un tas d’autres) de la part de ma mamie ce week end … au moins, je sais d’jà comment l’appréhender !
Héhé, pas de soucis pour l’intégrer… même si Hadrien passe finalement peu de temps en Italie (il était un passionné de la Grèce, à lire le roman on à vraiment l’impression qu’il aurait préféré avoir son palais impérial à Athènes).
J’ai hâte d’avoir ton retour sur ce roman en tous cas 🙂
Lu quand j’étais au lycée voire au collège, autant te dire que je ne m’en souviens pas ou si peu. Par contre je me souviens avoir eu beaucoup de mal à comprendre, et je me dis qu’il faudrait que je le relise à l’aube de mes 39 ans !
Tiens, ce que tu dis ça me rappelle ce que Marguerite Yourcenar dit dans le « carnet de notes » à la fin du livre, (concernant le fait qu’elle avait essayé de commencer la rédaction à partir de 21 ans… sans succès) :
« En tous cas j’étais trop jeune. Il y a des livres qu’on ne doit pas oser avant d’avoir dépassé quarante ans »
… (bon, 30 ans ça passe en lecture ;))
A t-il dit une phrase choc ?